Instauré en 1977, le Prix Aga Khan d'Architecture distingue et encourage l'excellence en architecture et dans d'autres formes d'intervention sur l'environnement bâti des sociétés musulmanes. Décerné tous les trois ans, le Prix récompense toutes sortes de projets de construction ayant un impact sur l'environnement bâti actuel, des projets modestes de petite taille à d'autres plus complexes. Toutes les formes de planification sont encouragées, qu'il s'agisse de développement dans l'aménagement rural, d'initiatives en matière de logement, de campus destinés à l'éducation ou encore de nouvelles villes, de préservation urbaine ou de réaffectation de terrains en friche. Le Prix Aga Khan d'architecture ne se contente pas de récompenser des architectes, il désigne également des municipalités, des entrepreneurs, des maîtres ouvriers et des ingénieurs qui ont joué un rôle important dans la réalisation d'un projet. Par son mandat, le Prix diffère de la majorité des nombreux prix d'architecture. Il sélectionne des projets — pouvant aller d'écoles innovantes en terre et bambou à des bâtiments «verts» à la pointe du progrès — qui présentent une architecture intelligente et permettent d'améliorer la qualité de vie globale. Depuis la création du Prix, il y a 33 ans, 105 projets ont été récompensés et plus de 7.500 projets de construction ont été documentés. La Tunisie avait déjà été primée à deux reprises dans les années 80 pour l'opération de rénovation urbaine du quartier de la Hafsia. La voilà, grâce au projet de revitalisation de l'hypercentre de la capitale, réalisé par la municipalité de Tunis et l'Association de sauvegarde de la Médina de Tunis, qui fait partie des cinq projets sélectionnés par le jury 2010. C'est au tout nouveau Musée d'Art Islamiques de Doha et en présence de l'Aga Khan, du Cheick Hamad bin Khalifa Al Thani, Emir du Qatar, et de son épouse Sheikha Moza bint Nasser que la cérémonie de remise des prix s'est tenue le 24 novembre dernier. Ont été invités à cette soirée, les architectes tunisiens initiateurs du projet : Samia Yaiche, directrice générale de l'ASM, Faïka Bejaoui, directrice-adjointe chargée de la réhabilitation et du permis de bâtir et Zoubeïr Mouhli, directeur-adjoint pour l'architecture et l'urbanisme. Le projet tunisien a été sélectionné par un jury international d'architectes, d'urbanistes et de designers parmi lesquels on peut citer l'architecte star, le Français Jean Nouvel. 401 projets ont été examinés pour le Prix 2010. Dans ses déclarations, le jury a fait remarquer que les questions d'identité et de pluralité, ainsi que leur intersection dans un monde de plus en plus globalisé étaient au centre de leur processus de sélection. L'intervention de l'ASM a particulièrement séduit le jury, parce qu'elle intègre dans le patrimoine local cette tranche d'un héritage architectural transmis par les communautés européennes ayant vécu en Tunisie à la fin du dix XIXe siècle. Un patrimoine qui signe l'échange entre le Nord et le Sud en matière de techniques constructives et de savoir-faire architectural. Le plan de revitalisation urbaine a restructuré les espaces publics autour de l'avenue Bourguiba et de l'avenue de France pour en faire une zone largement piétonne. Il a également restauré les monuments-clés, tels le Théâtre municipal, le Théâtre Rossini, le Marché central et le Tribunal administratif. Bien éclairée, plus conviviale avec ses terrasses de café et sa fontaine moucharabieh, l'artère centrale de la ville de Tunis semble avoir gagné une nouvelle jeunesse dans le respect des codes d'un tracé urbain hérité de cette fin du XIXe siècle. L'Association de sauvegarde de la Médina de Tunis peut s'enorgueillir de cette nouvelle distinction, qui vient couronner un travail rigoureux, de longue haleine et d'une grande qualité scientifique débordant depuis plus de deux ans maintenant du cadre de la seule Médina. Les autres projets Les cinq projets sélectionnés par le Jury 2010 sont: • Marécages de Wadi Hanifa, Riadh, Arabie Saoudite • Revitalisation de l'hypercentre de Tunis, Tunisie • Musée de Madinat Al-Zahra, Cordoue, Espagne • Usine de textiles Ipekyol, Edirne, Turquie • Ecole-pont, Xiashi, Fujian, Chine