Mohamed Triki, ce sont 75 ans de don et de sacrifices pour l'art et la chanson. Il avait composé dans les années 20 pour la chanteuse Dalila Taliana (l'Italienne), pour collaborer par la suite avec la cantatrice de la Tunisie, Saliha, jusqu'à rejoindre la génération actuelle, Sonia Mbarek et consorts. Sa première chanson Sa première composition a été pour une beauté, certes dépourvue de voix, mais fascinante par ses gestes et son corps : Mahlaha el mongala fi yeddek (Qu'elle est belle la montre à ton poignet) a été interprétée par la chanteuse Dalila Taliana. Parmi ses dernières compositions, Tetfattah lechkoun (Pour qui éclos-tu ?) d'après les paroles de Mohamed Boudhina et chantée par Sonia Mbarek, sans oublier Mahlek ya negretta (Tu es belle, negretta), composée en 1937, et reprise par Chokri Bouzaïene, sur des paroles de Mohamed Laribi, une des figures marquantes de Jamaât taht essour. Avant Chokri Bouzaïene, cette même chanson a été interprétée par Hassiba Rochdy et Fethia Khaïri. Elle est dédiée à Joséphine Baker, la star du music hall qui s'était produite en 1937 au Théâtre municipal de Tunis sous le regard de Jamaât taht essour : Beyram Ettounsi, Mohamed Laribi, Ali Douagi, Hédi Laâbidi et autres… Le premier concert d'Ali Riahi Mohamed Triki a connu Ali Riahi, alors que ce dernier était très jeune. Il était l'ami de son père. Lors de son premier concert public, Sidi Ali a confié à Mohamed Triki le soin de mettre en place sa sortie. La troupe de Triki comprenait, entre autres, Hédi Jouini au luth. Tous deux ont longtemps travaillé ensemble, surtout dans les soirées ramadanesques à Bab Souika. Cela se passait à Rawdhet Al Ons, et les chanteuses vedettes avaient pour nom Dalila Taliana, citée plus haut, Fethia Khaïri et Chafia Rochdy. El Abed Essebaï excellait lui dans les reprises des chansons orientales. Il donna même des cours de luth à Hédi Jouini. Lors de ce premier concert d'Ali Riahi, il y eut parmi les membres de la troupe de Si Mohamed Triki, Tahar Badra (tar) et Mohamed Darghan (darbouka). C'était le jeudi 17 décembre 1936. Si Mohamed Triki m'a confié qu'il se rappelait de quelques titres chantés ce soir-là par le grand Ali Riahi: Kassaman, Ala dhaou el qoumaïra, Allamouk el hajr. Un différend avait poussé Sidi Ali à se produire, par la suite, avec une autre troupe musicale. Mais ces concerts-là furen, selon Mohamed Triki, un échec. Du coup, Ali Riahi reprit le travail avec Si Mohamed Triki qui dirigea la troupe de la Rachidia de 1932 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale; quand Mohieddine Bach Terzi, directeur de l'Opéra algérien, lui proposa un jour de conduire la troupe de ce très prestigieux opéra. Saliha, Oulaya, Naâma, Hana… De retour à Tunis, Mohamed Triki réintégra la Rachidia et assista à l'arrivée de la première voix féminine, celle de Chafia Rochdy, appelée «Nana». Triki se rappelle que Nana chantait alors Ya khil Salem, Maâl azzaba, Min freg ghezali, repris un peu plus tard par Saliha. Min freg ghezali a été écrite et composée par cheikh El Béji Messaoudi, grand enseignant à la Zitouna, l'histoire de cette chanson a été réellement vécue. Elle s'est passée à Sidi Bou Saïd. Chafia Rochdy chanta pour Mohamed Triki l'immortelle Hal kamoun mnin. En 1936, arrive Fethia Khaïri à la Rachidia. Elle enregistrera à Paris l'un des chefs-d'œuvre de Mohamed Triki «Zaâma yissafi eddaher» écrit par le poète de la jeunesse, Mahmoud Bourguiba. Il lui composera également Ya m'harmetha, sur des paroles de l'inoubliable Abderrazak Karabaka. Il offrira, par ailleurs, à Saliha, sur des paroles de M'Hamed Marzouki Ayoun soud maklouline al mesmia. Il rencontra par la suite Wassila Sabri, Fadhila Khetmi et Oulaya. Il était l'ami du père de cette dernière, le grand comédien Béchir Rahal. La première chanson qu'il lui composa a été Mabanek, avant d'enchaîner avec Naâma qu'il connut par l'intermédiaire de l'éditeur artistique Béchir Ressaissi. Mohamed Triki composa pour Hana Rached Ayoun soud bichfarha jarhitni et qouloul l'haouia écrite par Abderrazak Karabaka. Sonia Mbarek et d'autres suivront plus tard.