L'heure se prête bien à la réflexion et à l'action, en attendant le passage de témoin à Mourad Okbi et l'union sacrée de toute la famille aghlabide. A méditer… L'histoire étant un éternel recommencement, il est bien indiqué, maintenant que Okbi — le troisième entraîneur de la JSK pour la saison en cours — s'apprête à prendre ses fonctions à la tête de l'équipe fanion, de défricher le terrain et de mettre le doigt sur la plaie afin d'éviter les erreurs d'antan et d'agir dans la sérénité. Et pour cause, le premier entraîneur Habib Mejri, qui a veillé sur la préparation physique d'intersaison et sur les premiers recrutements, a eu tout juste le temps de diriger les deux premiers matches de la saison, avant d'être remercié ipso facto, pour insuffisance de résultats, certes, mais aussi pour incompatibilité d'humeur avec les joueurs et certains dirigeants. Le deuxième entraîneur, Soufiène Hidoussi, a eu le mérite, quant à lui, de former une équipe compétitive, de faire confiance aux jeunes du cru et surtout de mettre à son actif les deux seules victoires obtenues jusque-là, face au CA (1-0) et à EGSG (2-1). Mais là ou le bât blesse, c'est le peu d'adhésion et de solidarité ostensiblement manifesté à son égard par une frange de joueurs contestataires et par son président de club, notamment à l'issue des frustrations arbitrales dont la JSK fut l'objet. De quoi perdre «son latin» ou plutôt le sens de la mesure et tout abandonner sans demander son reste, comme l'a fait Hidoussi, sans trop de regrets, semble-t-il. En revanche, ils sont nombreux, à Kairouan, à regretter le départ de Mrad Mahjoub et l'euphorie du démarrage réussi sous sa conduite. Une saison durant, l'équipe aghlabide était poussée à bout de bras par un public en or, dévoué à ses favoris et n'épargnant aucun effort pour les soutenir. Il n'y a pas longtemps aussi, les bailleurs de fonds kairouanais se bousculaient pour offrir leurs dons et contributions au club aghlabide et pour s'acquitter à tour de bras de leurs devoirs envers leur porte- drapeau. Alors, que s'est-il passé, entre-temps, pour que la situation soit renversée de fond en comble et que le club bascule dans un climat de malaise et de suspicion ? Chaque fois que le bureau directeur se trouvait confronté à un problème quelconque, il s'illustrait par sa passivité ou sa désinvolture. Chaque fois qu'il se trouvait en situation d'appréhender une question vitale, il se dérobait à ses obligations. Il y a des rendez-vous qu'il ne faut pas manquer sous aucun prétexte et des tournants qu'il faut amorcer avec doigté. Ce qui n'était pas toujours le cas (hélas !). En effet, la fronde des joueurs passibles seulement de sanctions financières, les erreurs d'appréciation arbitrales, passées sous silence par le bureau directeur, les menaces de départ formulées puis mises à exécution par Hidoussi, la démission officiellement non formulée mais consommée par le premier vice- président M. Youssef Sériati, la dissolution unilatérale de la commission de football présidée par M. Hamadi Mâaloul, entre autres, illustrent bien quelques-uns des faux-bonds et des abus commis par le président du club, M. Fateh Alouini, sous l'effet d'une saute d'humeur ou d'un moment d'égarement et qui ont eu des retombées négatives sur la marche du club. Réajustements salutaires Il est vrai que le don de communication n'est pas le mieux partagé parmi les dirigeants, les techniciens et les joueurs et qu'il y a toujours des frictions et des clivages, sur le plan relationnel. Mais il n'en est pas moins vrai que l'aptitude à la communication favorise la symbiose de toutes les parties prenantes et les mobilise pour une approche juste et une réaction pertinente devant l'adversité. Le bureau directeur semble avoir réalisé finalement que le fait d'accorder quelques concessions, de battre en retraite ou de se rétracter ne doit pas être considéré comme un acte de faiblesse ou de soumission. Loin s'en faut. C'est un acte sage et courageux que de reconnaître ses erreurs ou de revenir sur une décision jugée a posteriori erronée ou hâtive. Ce qu'a fait le président du club, très récemment, est à son honneur, en attendant d'autres actions plus efficientes. Il s'est déchargé de sa fonction de président de la section de football au profit d'un ancien dirigeant, M. Elyès Ben Hassine. Il a autorisé le retour de M. Hamadi Mâaloul au sein de la commission de football. Il a confié l'ensemble de la section de football, y compris les seniors, à un directeur technique, M. Othman Chehaibi, aux prérogatives, désormais, plus étendues. Et surtout, il a salué la nomination d'un enfant du club, Mourad Okbi, à la tête de l'équipe fanion. Preuve que tout dirigeant investi de la noble mission de gérer un grand club est capable de s'adapter aux aléas et aux contingences de la compétition et de faire tourner à son avantage bien des situations compromises. A présent qu'il est intronisé à la tête de l'équipe fanion, Mourad Okbi dont on connaît la sagesse, la maturité et le franc-parler doit faire preuve de beaucoup de tact et de savoir-faire pour retenir la leçon, tourner le dos aux manigances et aux provocations, retrousser les manches et traiter tous ses joueurs avec équité. Il dispose, à présent, d'une bonne vingtaine de joueurs qui ont retrouvé le goût de jouer et l'ardeur de vaincre et qui imposent le respect. A lui de bonifier ce potentiel et d'apporter sa pierre à l'édifice, dans les meilleurs temps et dans les règles de l'art. Sa réputation et son prestige en dépendent énormément.