Ahmed Mghirbi : "La qualité a manqué" "Pour ce qui est de la finale de la coupe de la CAF, j'ai prévenu que la manche aller ne devait pas servir de repère, car les joueurs du FUS l'ont abordé fatigués. C'est une équipe solide qui sait jouer les contres. Le FUS a mérité amplement sa couronne africaine, car c'est une équipe qui sait voyager. Certes, le CSS a atteint la finale de la coupe de la CAF, mais il ne dispose pas de joueurs de la même qualité que les années précédentes. Les responsables sfaxiens ont les moyens financiers de doter l'équipe de joueurs de valeur. Car en finale, on a vu une équipe sfaxienne fébrile aussi bien en attaque qu'en défense. A mon avis, le mal du CSS ne vient pas de l'entraîneur, mais d'un effectif qui n'est plus assez garni qualitativement. La prestation de notre football à l'échelle africaine, aussi bien au niveau des clubs qu'en équipe nationale, nous amène à revoir la copie. Une mise à niveau du football tunisien urge. Cela fait des années que nous parlons de mise à niveau sans passer à l'acte. Plus nous la reportons, plus nous perdons encore du temps". Ali Kaâbi : "Revoir les aspects du professionnalisme" "Ce fut un bon match. L'équipe marocaine, FUS, m'a beaucoup impressionné. Elle a pris en considération la force du milieu du CSS dans ses choix tactiques mais son bloc défensif n'était pas si imperméable. Cependant, elle avait une circulation de la balle fluide et rapide. En première mi-temps, l'équipe marocaine était bien répartie sur le terrain et a su bien bloquer les excentrés Aloulou et Hammami. D'autant plus qu'on ne peut pas jouer dans un tel match et avec une telle tactique (3-5-2) avec deux attaquants statiques! En deuxième mi-temps, les Sfaxiens ont retrouvé leur jeu et ont su imposer leur rythme pour aller marquer et créer le danger à maintes reprises en déstabilisant une défense adverse peu stable derrière. Le CSS est une équipe qui a son style de jeu et il faut le respecter, sauf que les entraîneurs qui se sont succédé à la tête de son staff technique n'ont pu comprendre l'esprit de son football et le mental de ses joueurs... C'est une autre preuve que notre football va très mal. Ni l'équipe nationale ni les clubs n'ont su se stabiliser sur plusieurs plans. C'est le résultat de tout le système qui gère notre football et on l'a dit depuis un bon bout de temps. C'est une question de formation dès les catégories jeunes. Il faut revoir les championnats des jeunes où il n'y a pas de rythme, ce qui fait que nos joueurs manquent d'endurance. Aussi et surtout !, on n'a pas de techniciens formateurs valables chez les jeunes, ce qui fait qu'on remarque des défauts techniques flagrants dans le jeu de ces derniers. Les centres nationaux et régionaux, au nombre réduit, ne sont pas capables de combler ces défaillances. L'aspect athlétique de nos jeunes n'est pas travaillé sur des bases solides. Ceux qui ont été bien formés viennent des grands clubs et de quelques anciennes écoles comme le COT ou la JSK. Aussi, il faut revoir les aspects du professionnalisme dans notre football. Il y a plusieurs lacunes qui persistent autour du rectangle vert. Le cahier des charges du professionnalisme n'est pas respecté par la majorité des clubs tunisiens. C'est, à mon avis, un grand chantier qu'on doit entamer pour remédier aux défaillances flagrantes qui existent actuellement et redresser la barre pour voir évoluer notre football, par la suite ". Khaled Fadhel : "Gagner en caractère et en expérience" "J'ai senti que les joueurs ont cru avoir gagné avant même de disputer le match. Cet excès de confiance caractérise plusieurs de nos jeunes footballeurs actuels. Je pense qu'il faut positiver et je vois que le CSS doit continuer à travailler pour stabiliser le groupe. C'est une perspective à généraliser dans notre football puisqu'on tend à limoger un entraîneur avant toute chose suite à une défaite lors d'une compétition nationale ou internationale... Il faut changer la mentalité du public et des responsables pour qu'ils s'habituent à accepter la défaite en tant que facteur de progression et non détruire et bâtir de nouveau toute une équipe. Il faut savoir se remettre au travail suite à un échec. D'autre part, nos entraîneurs ont constamment besoin de formation et de recyclage et c'est entre autres le rôle de la fédération. Avant tout, les responsables des clubs doivent savoir choisir le bon entraîneur avant de le recruter et non juste combler un vide ou essayer de calmer le public. L'exemple de Roger Lemerre est un cas vivant et nous éclaire sur cette question, lui qui a su s'imposer et qui nous a appris beaucoup de choses sur les méthodes de travail... Nos techniciens ont besoin d'aller se recycler en France ou en Belgique ou autres pour voir comment on peut évoluer et structurer son travail. Pour leur part, nos joueurs manquent d'expérience, même s'ils comptent de bons éléments et l'Espérance ainsi que le CSS en sont des exemples. Désormais, on évite les joueurs caractériels et d'expérience qui sont rejetés au lieu de les exploiter pour encadrer les plus jeunes du groupe. Il faut donner du temps aux jeunes pour qu'ils acquièrent de l'expérience et du caractère, ce qui ne vient qu'avec des victoires mais aussi des échecs..." Ali Selmi : "Trop de pression" "Le mal de notre football est qu'on se met trop de pression. Si je reviens sur la finale de la Ligue des champions, les médias tunisiens et les supporters espérantistes ont surestimé la finale et en même temps, ils ont sous-estimé l'adversaire. Par contre, la population congolaise a vécu la finale de la Ligue des champions comme un événement anodin. Pour ce qui est du CSS, je crois qu'on a également gagné le match d'avance. Notre mal est qu'on se croit encore meilleur que nos adversaires, alors que le football africain s'est beaucoup amélioré ces dernières années. Si on aspire à ce que le football tunisien retrouve son aura d'antan, il faut reconnaître nos adversaires à leur juste valeur. Notre football regorge encore de bons joueurs, contrairement à ce qu'on pense. Cependant, notre championnat national manque de rythme et ce n'est pas difficile d' y remédier".