• La qualité de nos belles dattes est incontestable. Or pour généraliser la certification "bio", il est indispensable de mettre en place une stratégie et des moyens . Qu'elles soient consommées comme un simple fruit ou comme farce pour pâtisseries traditionnelles, les dattes ont un goût irrésistible et des valeurs nutritionnelles considérables. Ce goût unique, dont le secret revient à la spécificités des oasis tunisiens, où cet arbre porte-bonheur, et véritable pilier social est une source de vie de par sa portée économique considérable tant sur le plan local en dattes que sur le plan de l'exportation. Pour toutes ces raisons, mais aussi pour préserver la bonne qualité des dattes, notamment des plus sollicitées d'entre elles aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays à savoir «deglet ennour», les exploitants agricoles continuent à cultiver les dattes exactement de la même manière que leurs prédécesseurs: une culture «bio». La protection des palmeraies et la préservation de la qualité des dattes s'avèrent une mission multipartite, impliquant l'Etat et les producteurs. «Depuis 2007, l'Etat a mis en place un fonds de développement de la qualité des dattes. Ce mécanisme intervient à plusieurs niveaux. Il finance les actions pour l'amélioration de la qualité des dattes », indique M. Rachid Elloumi, directeur du suivi des filières et de l'amélioration de la qualité au Groupement interprofessionnel des fruits ( GIF). 22,8% de la récolte sont protégés En effet, parmi les mesures financées par le fonds figurent la couverture des régimes par les moustiquaires, le nettoyage des oasis ainsi que la prévention contre les maladies, les parasites et les rongeurs pouvant nuire au dattier. Pour ce qui est des moustiquaires, il est surtout indiqué contre les pyrales des dattes. « Cette année, nous avons protégé six millions de régimes , soit près de 30 mille tonnes de dattes; ce qui équivaut à 22,8% de la récolte. L'année précédente, l'Etat a fait l'acquisition de de 3.316 mille moustiquaires dont le coût s'élève à près de cinq milliards, et ce, pour protéger 23% de la production, essentiellement la variété Deglet ennour», souligne le responsable. Et d'ajouter que pour ce qui est du programme 2010/ 2011, le GIF prévoit d'acquérir 4.280 mille nouvelles moustiquaires. «Il y a lieu de noter, indique M. Elloumi, que les moustiquaires peuvent être réutilisés pendant cinq ans. L'Etat subventionne 80% du coût des moustiquaires». Les pyrales des dattes peuvent être traitées, également, par le biais d'un autre moyen «bio»: les insectes utiles ou les trichogrammes. Mais ces derniers protègent seulement 4% de la récolte. Par ailleurs, et pour ce qui est de la protection des régimes contre la pluie, les agriculteurs peuvent utiliser le plastique, lequel est subventionné à 50% par le fonds. «En 2009/ 2010, nous avons acheté 460 tonnes de plastique pour couvrir 8.500 régimes, soit 32% de la récolte de Deglet ennour. L'utilisation des moustiquaires et du plastique est généralement combinée pour une protection optimale», ajoute M. Elloumi. Dépenses importantes Pour ce qui est du traitement contre « ankabout al ghoubar» (autre maladie menaçant le dattier), les agriculteurs utilisent le souffre. Le responsable souligne que cette substance est permise dans les cultures agréées «bio». Quant à la lutte contre l'orictes, elle est totalement conforme à la méthode ancestrale puisqu'elle consiste en la collecte de la chenille. Les collecteurs reçoivent 300 millimes par insecte. «Le problème de l'orictes concerne surtout les oasis de Rjim Maâtoug», fait remarquer notre interlocuteur. Des dépenses importantes (80% pour les moustiquaires et 50% pour le plastique), un travail qui nécessite beaucoup de patience, bref, tous les facteurs indispensables à une récolte de qualité sont disponibles. Si, de nos jours, l'alimentation est placée sous le signe du «bio», les dattes tunisiennes, elles, ont toujours respecté ce principe anti-chimique. Cette année la récolte est estimée à 174.125 tonnes de dattes «bio». Pourtant, seulement 3.500 tonnes seront agrées comme tel. «Le problème de la certification continue, hélas, à se poser. Pour le régler, il est indispensable de mettre en place une stratégie et des moyens. Nous exportons 70 mille tonnes de Deglet ennour qui devraient, toutes, être agréées comme «bio» parce qu'elles le sont réellement», explique le responsable. Encore faut-il rappeler que seulement un nombre réduit de producteurs optent pour la certification «bio». Ils suivent les instructions figurant sur le cahier des charges spécifique et obéïssent à un contrôle rigoureux.