L'aventure du Tout-Puissant Mazembe s'est terminée sur une défaite en finale de la Coupe du monde des Clubs. Logique, pourrait-on penser quand l'adversaire s'appelle l'Inter Milan. Sauf que depuis le début du tournoi, les " Corbeaux " ont pris un malin plaisir à tordre le coup aux pronostics et aux statistiques Bien avant cette sévère défaite, les champions d'Afrique ont réalisé un parcours remarquable en éliminant successivement Pachuca, vainqueur de la Ligue des champions de la Concacaf, et le SC Internacional, détenteur de la Copa Libertadores. "On repart sans trophée, mais avec une immense fierté", résume l'attaquant Dioko Kaluyituka dans les couloirs du Zayed Sports City. "C'est dommage d'avoir manqué notre finale, contre plus fort que nous, il faut le reconnaître. Mais ça ne doit pas faire oublier nos performances précédentes. On revient de loin", confirme son capitaine Kazembe Mihayo: " Lorsque nous sommes arrivés, nous nous étions fixé comme objectif de gagner un match pour faire mieux que l'an dernier". Car à l'approche de la compétition, même les plus optimistes supporters devaient faire face à la réalité : pour sa première participation à l'épreuve, le Tout-Puissant n'avait pas fait honneur à son nom en s'inclinant deux fois en deux matches, terminant à la sixième place. Autre signe inquiétant, depuis plusieurs mois, le club de Lubumbashi évolue sans son meilleur joueur, Trésor Mabi Mputu, suspendu. Un collectif en béton armé... Tous les voyants étaient donc au rouge avant l'entrée en lice des champions d'Afrique en quart de finale. Quelques jours plus tard, les joueurs de Lamine N'Diaye sont sur la deuxième marche du podium sans avoir à en rougir. Pour mesurer la portée de l'exploit, rappelons que jamais une équipe non européenne ou sud-américaine n'avait atteint la finale du tournoi. "J'ai la chance d'être au club depuis des années et de le voir grandir. Je sais qu'on peut faire encore mieux, mais je suis déjà fier de ce que nous avons accompli", poursuit Mihayo. "Et nous l'avons fait ensemble, grâce à notre solidarité." Même si c'est un collectif en béton armé qui a su se hisser à ce niveau, le TP peut s'appuyer sur des individualités qui ont crevé l'écran. "L'objectif est de rester ensemble pour chercher à faire encore mieux la saison prochaine, mais on sait que un ou deux joueurs pourraient partir", regrette Mihayo. "Nous avons brillé aux yeux du monde, mais le revers de la médaille, c'est que certains joueurs vont être sollicités ". Muteba Kidiaba pourrait être l'un d'eux. Impressionnant sur sa ligne et bondissant lorsque son équipe marque, le gardien des Corbeaux sait qu'à 35 ans, sa carrière est derrière lui. Mais ses performances aux Emirats Arabes Unis lui permettront peut-être de réaliser son rêve d'avoir une expérience européenne. Même souhait pour Kaluyituka qui a été récompensé par le Ballon d'Argent Adidas. "Je suis fier du parcours de notre équipe, mais je suis également très heureux de cette récompense personnelle", savoure le dauphin de Samuel Eto'o. "Quand on réalise de bonnes performances face aux meilleurs joueurs de la planète, c'est le signe qu'on travaille de la bonne manière. J'espère que nous continuerons sur cette voie pour prouver que nous avons notre place dans cette compétition." Car revenir est bien l'objectif principal du TP. "C'est l'ambition de tout joueur de jouer contre les meilleurs. Cela nous donne de l'éducation du haut niveau et nous montre la marge qu'il nous reste pour nous améliorer", explique Mihayo. "Il faut se qualifier à nouveau pour montrer que cette expérience nous a servi. Nous voudrons faire mieux la prochaine fois. Et mieux que la finale, c'est la coupe…". L'Inter dans la lumière, Mazembe dans l'histoire Pour cette année, les Corbeaux reprennent la route de Lubumbashi les mains vides. Mais l'accueil qui les attend n'aura rien à envier à celui des champions du monde. "Ce que nous avons fait est historique. J'espère que l'accueil sera très chaleureux. Nous l'avons mérité", conclut l'heureux capitaine. Ainsi ce sont bien les Nerazzurri qui ont exulté à l'issue de la finale. Emmenés par un Samuel Eto'o particulièrement inspiré, les joueurs de l'Inter se sont imposés avec la manière face au TP Mazembe. Les Intéristes ont non seulement remporté leurs deux matches sur le même score, mais ils ont prouvé, en déployant un beau football, qu'ils avaient retrouvé l'esprit qui les avait menés au sacre européen. Rien de mieux pour bien démarrer l'année 2011 ! Aussi, Samuel Eto'o aura bien mérité son prix de meilleur joueur de la compétition, notamment à la lumière de sa performance en finale. Non content d'être à l'origine du premier but en réalisant une passe décisive à destination du Macédonien Goran Pandev, le Camerounais a inscrit le deuxième d'une superbe frappe. C'est Jonathan Biabiany qui a clôturé le score en triplant la mise cinq minutes avant le coup de sifflet final. En face, et malgré sa défaite, le TP Mazembe aura été la surprise du tournoi. Les hommes de Lamine N'Diaye ont réalisé un beau parcours. Même s'il a été victime de l'expérience des Italiens, le club congolais est entré dans l'histoire en atteignant la finale, ce qu'aucune autre équipe africaine n'avait réussi avant lui.