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Les ravages d'une vision en noir et blanc
Chronique du temps qui passe - Par Hmida Ben Romdhane
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 12 - 2010

Tous les dangers qui guettent le Moyen-Orient en particulier et le monde en général proviennent d'une vision simpliste des réalités complexes. En d'autres termes, cette accumulation sans précédent de dangers trouve son origine dans une politique basée sur une vision duale des choses où il n'y a de place que pour deux couleurs : le noir et le blanc. C'est cette vision qui a enfanté la plus désastreuse des trouvailles politiques américaines : «l'axe du mal» qui regroupe tous les ennemis des Etats-Unis et de leurs alliés qui, eux, forment, bien entendu, «l'axe du bien».
Bien avant que George W. Bush n'annonce au monde sa célèbre trouvaille, Ronald Reagan l'avait précédé sur cette voie en exprimant son anti-soviétisme viscéral par une trouvaille similaire : «l'empire du mal». Il visait par là l'Union soviétique qui était alors le principal ennemi de l'Amérique, l'une et l'autre étant engagées dans une course effrayante à l'armement nucléaire. Compte tenu de l'aversion réciproque entre les deux superpuissances, compte tenu de l'ampleur des contentieux idéologiques et politiques qui les opposaient, c'était un miracle que le monde échappât à un cataclysme nucléaire.
Si l'invention du concept politico-religieux d'«empire du mal» n'a pas engendré de cataclysme majeur, la désignation par George Walker Bush d'un certain nombre d'ennemis sous l'appellation d'«axe du mal» et la mise en application des procédures politico-militaires pour le détruire continuent de provoquer des ravages dans la région, tel un grand séisme qui n'arrête pas de produire des répliques.
Les décisions politiques les plus catastrophiques sont celles qui sont prises sous l'effet d'une grande émotion ou sous l'emprise de l'hystérie. C'est le cas de la classe politique américaine qui, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, avait désigné arbitrairement un ennemi et décidé de le détruire. Une telle décision prise dans des conditions d'hystérie généralisée a provoqué des dégâts majeurs chez l'ennemi désigné arbitrairement, en l'occurrence l'Irak, mais n'a pas épargné l'initiateur de la guerre qui s'est involontairement auto-infligé des dommages incommensurables sur les plans militaire, financier et stratégique.
Ainsi, la décision de détruire un pays de l'«axe du mal», en guise de procédé thérapeutique visant à «soigner» l'Amérique du choc des attentats terroristes du 11 septembre, a engendré un effet contraire à celui recherché. Au lieu d'une Amérique guérie de son choc, Bush a transformé son pays en puissance déclinante, avec une armée épuisée qui ne sait plus ni contre qui ni pourquoi elle continue de guerroyer à 10.000 kilomètres de chez elle. Sans parler de la dette astronomique contractée auprès des Chinois, des Japonais et des Etats pétroliers puisque Bush avait pris la double décision antinomique d'entrer dans des guerres extrêmement coûteuses et de baisser substantiellement les impôts en faveur des riches.
Le plus terrible est que, en dépit des grands dommages subis par l'Amérique suite à l'invention du concept politico-religieux de «l'axe du mal», les décideurs américains refusent encore obstinément de tirer la moindre leçon des erreurs passées et de s'engager dans des politiques qui réduisent à la fois les dommages subis par leur pays et les dangers qui guettent le monde, et en particulier le Moyen-Orient.
Le Liban est une image réduite de la région dans laquelle il se trouve. Les forces actives qui y opèrent concentrent en elles toutes les contradictions, les divergences et les inimitiés qui déchirent le grand Moyen-Orient. On y trouve les tendances pro-iraniennes, pro-syriennes, pro-américaines qui n'ont guère le choix qu'entre la guerre civile et le gouvernement de coalition. Sans le souvenir cauchemardesque des 15 ans de guerre civile (1975-1990), il est fort probable que le Liban serait à feu et à sang aujourd'hui. On ne peut que saluer ici la maturité et la retenue des groupes politiques libanais qui ont résisté à tous les complots et toutes les tentatives de rallumer de nouveau la guerre civile fomentés par ceux qui cherchent à détruire le Liban et au premier rang desquels se trouve Israël.
Au Liban, les Etats-Unis ont toujours appliqué leur politique en noir et blanc, considérant comme «terroristes» les groupes pro-iraniens et pro-syriens, car anti-israéliens, contre lesquels ils soutiennent les groupes politiques pro-occidentaux, les poussant vers l'intransigeance et encourageant discrètement un règlement violent des crises politiques. Ce n'est un secret pour personne que Washington a tout fait pour affaiblir le Hezbollah à défaut de pouvoir le détruire. Or, même ceux qui ne portent pas ce parti pro-iranien dans leurs cœurs reconnaissent aujourd'hui que toute tentative de l'affaiblir en le désarmant par la force entraînerait une nouvelle guerre civile.
Le Liban est un terrain idéal dans lequel les Etats-Unis, s'ils sont intéressés de tirer les leçons de leurs erreurs, pourront expérimenter une nouvelle politique où de nouvelles couleurs auront leur place à côté du noir et blanc. Au lieu d'aider militairement et financièrement les uns et chercher la destruction des autres, ils devraient œuvrer au renforcement du gouvernement de coalition que les Libanais ont eu la sagesse de mettre sur pied. S'ils réussissent au Liban, ils réussiront au Moyen-Orient.
Les Etats-Unis se trouvent aujourd'hui dans la situation du daltonien qui souffre d'une pathologie visuelle l'empêchant de jouir de la beauté du monde. Ils sont prisonniers de leur vision en noir et blanc qui les empêche de voir clairement où se trouvent leurs intérêts qu'ils n'arrêtent pas de desservir depuis des années, perdant le respect et l'admiration dont ils étaient l'objet à un certain moment dans une large partie du monde.


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