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Dora Bouchoucha : cinéma addict
CINEMA:Portrait — Honorée à l'occasion de la Journée nationale de la culture
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 03 - 2010


«Si j'avais su, je ne serais pas venue», a coutume de dire Dora Bouchoucha quand on l'interroge sur son addiction au cinéma. Et son parcours de «Femme à tout faire» du septième art. Productrice, formatrice, fondatrice de Sud Ecriture, responsable du Fonds Sud pour le cinéma, présidente des JCC, elle est sur tous les fronts. Et avoue qu'elle est «tombée dedans» sans trop savoir où elle mettait les pieds. «Il est vrai que j'ai toujours été une cinéphile. Etudiante, j'étais aide-bénévole pour les JCC, faisant les petits boulots, traduisant pour les membres du jury, aidant là où on avait besoin de moi.» Plus tard, enseignant la littérature et l'histoire britanniques à la faculté, elle ne savait pas dire non à son ami Ahmed Attia qui la sollicitait pour traduire des scénarios. «A l'époque, Channel 4 tenait la place d'Arte aujourd'hui et finançait les cinémas du Sud. C'est grâce à cette chaîne que des gens comme Youssef Chahine, Yosr Nasrallah et d'autres aussi importants ont pu travailler. Ahmed Attia a su m'insuffler sa passion du cinéma. Mais je l'avoue, aujourd'hui, si j'avais su, à l'époque, ce qu'était le métier de producteur, un métier totalement méconnu du public, je ne crois pas que je l'aurais fait». C'est tout de même sans aucun regret qu'elle reconnaît cela. Car on ne peut avoir de regrets pour avoir cédé à une passion. Dès l'âge de 17 ans, cette jeune femme superbe plonge donc dans le 7e art, avec tout de même une expérience face aux caméras où elle joue un rôle dont elle garde un souvenir amusé et attendri. «C'était dans Les zazous de la vague de Mohamed Ali Okby, un film drôle, de grande fraîcheur. Il m'avait convaincue de jouer. Nous nous sommes beaucoup amusés». Mais, ce n'était décidément pas sa place. Et en 1995, elle créa «Nomadis», sa maison de production, avec un credo‑: définir le rôle du producteur. Non pas simplement le Monsieur au gros cigare qui trouve l'argent pour «faire un film, mais celui qui a le flair nécessaire pour déceler le bon scénario, celui qui est le premier lecteur, le premier spectateur, et qui a la distance nécessaire que ne peut avoir le réalisateur». En un mot, elle devait être celle qui avait l'instinct, le regard et la passion nécessaires pour réussir dans ce métier difficile. Elle fit ses preuves, et comme cela ne lui suffisait pas, et qu'elle n'arrivait pas à oublier qu'elle était prof d'abord, elle crée en 1997 Sud Ecriture. «J'aime travailler avec les autres, entrer dans leurs univers, leurs histoires. J'aime les guider pour arrondir les formes et les rendre productibles. J'aime avoir la chance de détecter des talents. Car un bon scénario ne garantit pas un bon film, mais un mauvais scénario l'interdit à coup sûr». Comme toute passion, celle du cinéma est dévorante. Aussi Dora Bouchoucha ne pouvait en aucun cas refuser les deux très belles nouvelles missions dont on l'a investie: présider le Fonds Sud pour le cinéma et donner à de jeunes cinéastes la chance de se faire connaître et de réaliser leurs films. Et présider pour la deuxième fois aux destinées du plus ancien festival d'Afrique et du Monde arabe, les JCC. «Je recommence, avec plaisir et appréhension, car je n'ai pas le droit à l'erreur. La seule chose qui me gêne, c'est la médiatisation qui accompagne tout cela. Moi, je suis plutôt du genre à être de l'autre côté des sunlights». Mais que fait donc Dora Bouchoucha quand elle ne travaille pas‑? Ce qui ne représente pas beaucoup de temps pour cette stakhanoviste qui aligne 10 à 15 heures par jour. Elle court le monde pour voir ses filles, l'une à Londres, l'autre en Nouvelle-Zélande, belles et aventureuses comme elle, poursuivant toutes deux de brillantes études et entretenant avec leur mère des relations fusionnelles. Ou alors elle se réfugie dans sa maison de Djerba, au creux de ce ravissant village de Ryadh, véritable bijou du patrimoine architectural qu'elle s'efforce de protéger, lançant des campagnes virulentes contre tous ceux qui essaient de le défigurer, et mobilisant pour cela toute l'île. Et elle rêve de se retirer un jour à la campagne. Une campagne qui ressemblerait à ces vergers de La Manouba où elle a passé son enfance, et dont elle garde aujourd'hui la nostalgie. «C'est là-bas que j'ai appris à voyager par l'imagination. Mon père dirigeait le centre des enfants abandonnés. Celui de ma meilleure amie, l'hôpital psychiatrique. Là-bas, nous avons découvert les personnages les plus improbables, les histoires les plus invraisemblables. Ce qui explique peut-être mon intérêt pour les histoires marginales dans mes choix de scénarios». Et quand on lui demande ce qu'elle ferait si elle n'était pas «femme de cinéma», elle rêve un moment : «Créer des atmosphères où les gens seraient heureux». Fonds Sud : une aide aux cinémas fragiles Quand on a su que l'on venait de confier à Dora Bouchoucha le Fonds Sud — fonds d'aide français aux jeunes cinémas —, un immense espoir est né en Tunisie, certes, mais aussi dans le Maghreb. Espoir que non pas Dora Bouchoucha privilégie d'une manière quelconque ces cinémas qui lui sont familiers, mais qu'elle leur offre du moins des chances égales et un intérêt équivalent. Cet espoir, elle en est consciente, lui confère une grande responsabilité, mais aussi un devoir d'éthique et de réserve. Mais également la chance de donner leurs chances à des jeunes créateurs quelquefois laissés dans l'ombre devant des candidatures plus médiatiques, plus politiques, plus «modes» ou plus visibles. C'est donc sur un fil que va évoluer, dans les semaines à venir, Dora Bouchoucha, pour remplir cette mission qui lui tient à cœur. En attendant, elle nous parle de ce Fonds Sud dont on ne sait pas toujours ce qu'il représente exactement. «Ce fonds a été créé dans les années 80 par les ministères français de la Culture et des Affaires étrangères pour aider ce que l'on appelait, à l'époque, “les cinémas fragiles” : cela concernait au départ le Maghreb et l'Afrique». Puis, peu à peu, le champ d'intérêt s'est élargi, et le fonds s'est intéressé aux cinémas d'Amérique latine, de Chine, d'Inde, des pays de l'Est, du Moyen-Orient et bien sûr, toujours, de l'Afrique et du Maghreb. En fait, ce «Sud» n'est plus aujourd'hui une appellation géographique, mais davantage la définition de cinémas émergents et fragiles qui demandent un soutien. Ce fonds a eu des directeurs prestigieux : Régis Wargnier, Moufida Tlatli, Frédéric Mitterrand qui, lorsqu'il a dirigé ce fonds, a entrepris d'importantes réformes et lui a donné un grand poids. Ce fonds est régi par une commission composée de réalisateurs, de producteurs, de distributeurs et de critiques de films. Trois sous-commissions se partagent la lecture des scénarios, cependant que la directrice du fonds fait partie des trois, et lit tous les scénarios. Cette commission se réunit quatre fois par an, et reçoit chaque semaine une quarantaine de textes. «Ce sera, en avril, ma première commission. Je suis en train de lire une quarantaine des scénarios. Et je peux d'ores et déjà vous dire qu'il y en a de très bons. Des Maghrébins, certes, mais aussi des Serbes, des Albanais, — n'oubliez pas d'où est sorti Kusturika —, des Argentins — quand on sait que Marquez enseigne à l'école du cinéma, on se dit qu'ils ont une grande tradition —, des Chinois, et ils ont une créativité cinématographique extraordinaire. Bien sûr, ma sensibilité personnelle me porte à essayer de déceler les talents en Afrique et au Maghreb, avec, évidemment, toujours, l'exigence de qualité. Mais la concurrence est féroce. Je peux vous avouer que ce n'est pas facile pour moi, au vu de tous les espoirs que ma nomination suscite. Mais c'est un travail passionnant.»

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