Plus de 150 tableaux de Aly Ben Salem, sortant des collections du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine et de la municipalité de Tunis ainsi que des possessions particulières seront exposées à partir du 30 décembre 2010, au musée Kheireddine de la ville de Tunis. Cette exposition retraçant tout le parcours de cet artiste s'inscrit dans le cadre de la célébration du centenaire de la naissance (25 décembre 1910) de ce "peintre du bonheur", comme le décrivent beaucoup de critiques d'art. Aly Ben Salem appartient, en effet, à cette génération qui s'est beaucoup attachée à peindre et "à revaloriser les multiples aspects du patrimoine avec une chaleur, un amour et parfois un certain zèle qui les différencient des peintres de chevalet arrivés à l'époque du protectorat". Qui ne se souvient pas de "Champs de fleurs", "Fleurs d'opium", "Chevaliers" ou "Biches"? L'exposition qui retrace un parcours, du début à la fin, se veut une découverte de ce spécialiste du figuratif miniature et du style byzantin, de cet artiste dont la fidélité au patrimoine est apparente dans des oeuvres telles que l'aquarelle "Leçon de théologie", et dans l'intérêt qu'il a toujours manifesté pour les objets de l'artisanat populaire comme dans "le henné". Cela n'est d'ailleurs pas étrange pour celui qui a travaillé au musée d'arts indigènes (Dar el Mestiri) à recenser les anciennes techniques de l'artisanat et à reconstituer les cartons de décoration utilisés dans les différents métiers. Selon les spécialistes, ses oeuvres témoignent de sa préoccupation de démontrer qu'il est avant tout tunisien, devenant ainsi l'un des précurseurs de tous ceux pour qui la fonction de l'art est de célébrer la vie populaire. Attentif à la vie des formes et des couleurs, ses travaux à thème populaire constituent une première tentative d'intégration de la vie sociale comme élément essentiel de son oeuvre d'art où les figures humaines, les chevaux, les biches, les colombes et les fleurs baignent dans une éternelle lumière printanière. Car le monde de Aly Ben Salem, éteint à l'âge de 91 ans, le 20 février 2001, "est un monde peuplé d'êtres à la beauté intemporelle, envahi de plantes bizarres et de semis de fleurs", et autant d'oeuvres qui pétillent de couleurs vives et d'ondulations gaies malgré une période plongée dans l'ombre et la guerre" (citations de l'ouvrage "Aventure de l'art moderne en Tunisie" de Ali Louati).