J'avoue y être allée avec un certain scepticisme connaissant un peu l'esprit avant gardiste de la troupe D'EL THEATRO QUI DISTILLAIT UN PEU SES VIEUX SOUVENIRS D'UN BOUL. MICH DE PAVE ET D'UN QUARTIER OBSOLETE QUI A PERDU SON LATIN. Première surprise le théâtre de Carthage était plein ou presque, pour une pièce de théâtre ou les acteurs n'utilisent pas de micros et sans attraper de cancer à la gorge ce que je ne leur souhaite pas sortent de leurs tripes un message violent et d'actualité on ne peut plus sanglante, et ce message passe vu la réaction spontanée d'un public acquis dans sa majorité. Une pièce qui dure presque 3 fois 50 minutes et qui parle des 50 années de notre pays depuis l'arrivée de Bourguiba à la goulette à la première kamikaze qui s'explose cinquante ans après ; que de chemin parcouru et, qu'es ce que c'est bien raconté ce que c'est bien dit et ce 3 langues l'arabe littéral, notre langue courante, et quelques gros mots bien placés. Il faut y ajouter le français omni présent dans notre vie courante .. Grâce à l'intelligence de Jaïbi et de sa mise en scène la dizaine d'acteurs sur scène avait un jeu de rôle précis dont notamment : - les actrices étaient fraîches comme des jeunes vierges qu'on envoie au sacrifice, - les flics qu'ils soient jeunes ou vieux jouaient tellement bien on s'y croyait presque - qu on arrivait même à les détester, - la pauvre mère errant parmi les dégâts d'un extrémisme qui ont démoli sa famille La scène des 2 femmes paumées qui noient leur chagrin et décrivent leurs impasses sociales dans l'alcool une famille d'extrémiste avec un mari marxiste et 50 ans plus tard une fille islamiste - est sublime et le jeu de Jalila et de maître boublil sic- est génial et à la hauteur de leur talent La réaction des spectateurs était à la mesure de la qualité du spectacle et de son contenu et des répliques et fait curieux sur les 5 ou 6000 spectateurs il y avait autant de femmes avec un voile que sur scène, c'est à dire quelque unes et pas de barbus ou presque, que voulez vous la politique de l'autruche c'est une politique comme une autre Sacrée Jalila, ton audace et ta fermeté devant tous les abus m'ont vraiment impressionné et que tu sois passée à travers les fourches caudines d'une Anastasie aux aguets relève du miracle. Et Toi Fadhel avec une dizaine d'acteurs tu navigue entre le théâtre et la tragédie musicale, et cette dizaine d'acteurs se transforme vite et bien et on ne sait plus s'ils sont 10 ou s'ils sont cent Cette pièce mérite de faire le tour du monde d'évoluer avec le temps, de s'adapter aux différents pays et leur histoire et aller surtout dans le monde arabe et pourquoi pas devenir une tragédie musicale sur ce thème avec effets spéciaux et tout le tralala vu les quelques pas de danse exquis, l'amorce des derviches tourneurs ou l'abludance des intégristes . Et quand ce spectacle ira dans les pays les plus réfractaires les actrices s'écriront « frères nous voile là ! » . Bravo Fadhel et Jalila on en redemande ..