Alors que la Tunisie cherche, entre contestations, débats passionnés et négociations politiques non stop, à retrouver son équilibre et sa stabilité, nous avons voulu retourner sur les événements et les multiples coups de théâtre qui ont agité la Tunisie cette dernière semaine. Les photographes et les caméras du monde entier présentes à Tunis n'ont pas cessé de nous transmettre des images inoubliables appartenant désormais à l'histoire. Vendredi 14 janvier Malgré son changement de ton et les multiples concessions qu'il avance, le discours du président Ben Ali prononcé la veille n'a pas réussi à faire tomber la colère du peuple tunisien exaspéré par ses vingt-trois ans de pouvoir absolu. Il descend massivement manifester sur l'avenue Bourguiba avec un seul slogan en bouche : «Dégage !». Ben Ali fuit le pays à la tombée de la nuit. Devant le refus de la France de l'accueillir avec sa famille, son avion prend la direction de l'Arabie Saoudite. Selon le code 56 de la Constitution, le Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi, devient président de la République. Samedi 15 janvier Coup de théâtre, le poste du président de la République déclaré vacant, le Conseil constitutionnel évoque l'article 57 pour annoncer la nomination du président de la Chambre des Députés, M. Foued Mebazaâ, en tant que président de la République tunisienne par intérim. La garde présidentielle, dirigée par le général Ali Seriati, sème la terreur. Objectif : faire basculer le pays dans l'anarchie afin de démontrer que le système Ben Ali représentait un rempart contre l'insécurité et l'anarchie. Les citoyens, en partenariat avec l'armée, organisent leur autodéfense. Des comités de vigilance sont créés dans les quartiers. Ali Seriati est arrêté, alors qu'il tentait de fuir vers la Libye. Lundi 17 janvier Le Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi, reconduit dans ses fonctions, annonce la constitution du nouveau gouvernement d'union nationale. Des personnalités de l'opposition, de l'Ugtt et de la société civile intègrent les rangs d'une équipe ministérielle dont l'objectif principal est de mener le pays vers des élections libres dans une période ne dépassant pas les six mois. Des immolations par le feu bouleversent l'opinion publique arabe. La Révolution tunisienne serait-elle contagieuse ? Mouammar Gueddafi s'adresse au peuple tunisien et conteste sa décision d'évincer Ben Ali du pouvoir. Mardi 18 janvier Quatre ministres, trois de l'Ugtt et Mustapha Ben Jaâfar (Forum démocratique pour le travail et les libertés), quittent le gouvernement pour dénoncer la trop grande présence dans ses rangs de membres du RCD. La rue gronde contre le gouvernement dans plusieurs régions du pays. Le Président de la République et son Premier ministre démissionnent du Rassemblement constitutionnel démocratique. Radiation de Zine El Abidine Ben Ali du RCD. Reproduisant le geste de Mohamed Bouazizi, l'Egypte enregistre un nouveau cas d'immolation par le feu. Mercredi 19 janvier Rumeur de la démission de Ghannouchi du gouvernement de coalition vite démentie par la chaîne Nessma TV. Arrestation de 33 membres de la famille Ben Ali. La télévision nationale diffuse des images montrant bijoux, diamants, cartes bancaires internationales, stylos à balles réelles saisis lors des interpellations des proches du président déchu. La Suisse, comme la France quelques jours auparavant, décide de geler les avoirs de Ben Ali. Démission de Hédi Jilani de la présidence de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica). Jeudi 20 janvier Les membres du gouvernement appartenant au RCD se retirent de leur parti. Zouheïr M'dhaffar (RCD) démissionne de son poste de ministre chargé du Développement administratif. Première réunion du gouvernement démembré sous la présidence du Président de la République par intérim. A l'ordre du jour : le projet de loi d'amnistie générale et la décision de séparer l'Etat des partis politiques. Le RCD dissous son bureau politique. Les pays européens s'accordent pour geler les avoirs de la famille Ben Ali. Des milliers de personnes manifestent devant le siège du RCD. Le nom du parti inscrit sur du fer couleur or est décapité.