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Tribune libre: D'ex-premier des ministres à Chef de gouvernement
Publié dans L'expert le 15 - 02 - 2011

Durant les années passées sous l'ancien régime de Ben Ali, la tendance était à la création du vide pour ne laisser aucune « tête » émerger du lot. On a un président qui sait tout, et des personnes qui exécutent ses ordres. Même le premier ministre avait un profil bas à côté de lui. Après la chute du régime, monsieur Mohamed Ghannouchi s'est vu propulsé sur le devant de la scène politique, comme l'homme de la situation, et devant mener la transition du pays vers la démocratie et la stabilité. Une tâche lourde, dans un contexte d'instabilité politique, et au vu surtout de son historique avec l'ex président. Après plus de deux semaines de la chute de Ben Ali, Med Ghannouchi est-il réellement l'homme de la situation ? Pourra-t-il mener le pays vers la stabilité et redynamiser la croissance ? En un mot, est-il l'homme de l'étape ?

Une légitimité constitutionnelle
Le 14 Janvier dernier Monsieur Med Ghannouchi s'est vu proclamé Président de la République pendant quelques heures, pour assister, le lendemain, à un coup de théâtre. Le conseil constitutionnel rectifie le tir et proclame monsieur Foued Mbazaa, président de la République, puisqu'il était président de la Chambre des Députés. Monsieur Ghannouchi, reprend alors son poste de premier ministre, et il est chargé de former un gouvernement. C'est ainsi que tous les projecteurs se sont focalisés sur cet homme qui est connu pour sa modération, sa compétence, et son dévouement pour servir le pays. Il est aussi apprécié par une grande frange des hommes politiques, parce qu'il n'était pas impliqué pleinement dans les affaires douteuses des clans de la présidence. Cet Enarque de 70 ans, qui gérait avant la chute du régime, des dossiers économiques et coordonnait l'action du gouvernement sur certains dossiers d'ordre social et d'utilité publique, s'est vu attribuer un purement politique. Un rôle auquel il n'était pas totalement habitué, encore moins rodé. C'est un véritable homme d'administration, et comme écrivait Jeune Afrique dans une livraison de Mars 2006, c'est « Un grand commis de l'Etat doublé d'un gestionnaire rigoureux, mais discret ».

Une gestion périlleuse mais réussie de la crise
Bon gestionnaire comme il est, Mohamed Ghannouchi, a mis tout son savoir-faire et son expérience dans les différents postes ministériels qu'il a occupés durant l'ère Ben Ali, pour ramener la stabilité politique et sécuritaire au pays. Juste après la chute du régime, il a entamé des consultations longues et périlleuses, avec toutes les sensibilités politiques et de la société civile, pour former un gouvernement d'union nationale pouvant conduire la phase transitoire. Des négociations auxquelles ont participé des personnalités qui était bannies durant l'ancien régime, telles que Ahmed Néjib Chebbi, Ahmed Ibrahim, Mustapha Ben Jaafar, Maya Jribi,….L'UGTT était aussi impliquée dans ces négociations. Med Ghannouchi était obligé de composer avec des avis divergents, des attentes énormes après 23 ans de règne absolu du parti unique, des aspirations à la limite du légitime de certains partis politiques, et une grande soif à l'action politique et la liberté d'expression. Selon certains proches du premier ministre, durant les deux jours de consultations, il n'a dormi que 4 heures par jour, et passe la journée sans rien manger. Une pression énorme, qui demande une grande habilité, un sang froid, et le talent d'un bon gestionnaire. Monsieur Ghannouchi aboutit enfin à la composition du gouvernement, introduisant de nouveaux visages de l'opposition et gardant certains ministres de l'ancien régime. Une composition faite dans la précipitation et qui n'a pas tardé à être critiquée, rejetée et même trahie. En effet, au lendemain de cette annonce, les 3 ministres de l'UGTT démissionnent, ainsi que la figure nationale Mustapha Ben Jaafar. On s'est trouvé face à un gouvernement qui boite dés le début. C'était le premier faux pas de monsieur Mohamed Ghannouchi. Un faux pas compréhensible, puisque l'objectif était de rétablir l'ordre et maintenir la continuité des services publics dans les plus brefs délais. La pression de la rue monte, avec des manifestations demandant la dissolution du gouvernement et l'éviction des ministres RCDistes.


Une série de concessions
Face à cette situation, monsieur Mohamed Ghannouchi, a, à notre avis sous-estimé le mouvement de contestation, ne voyant devant lui que la nécessité de stabiliser le pays. Or la pression s'est avérée énorme et le mécontentement était grand, surtout qu'il était soutenu par l'UGTT. Les mass médias qui ont été ouverts à toutes les sensibilités politiques et de la société civile n'ont fait que monter la pression d'un cran. Med Ghannouchi, n'a pas pris en considération le fait, qu'après 23 ans de dictature, il est difficile de rétablir la confiance par des demi-mesures ou des déclarations d'intention. Le capital confiance était nécessaire pour un gouvernement afin qu'il entame son action. L'impatience des gens qui ont fait la révolution était énorme, et exigeaient des actions concrètes et rapides. Commence alors une série de concessions :
- Monsieur Mohamed Ghannouchi annonce sa démission du RCD ainsi que celle du Président de la République par intérim,
- Les ministres du RCD annoncent, après quelques jours, leurs démissions du RCD,
- Zouheir Mdhaffer, démissionne du gouvernement, sous la pression,
Même avec ces concessions, qui avaient pour objectif de faire baisser la pression, on scande encore la dissolution du gouvernement, malgré les décisions historiques prises et la bonne volonté annoncée pour faire la rupture avec le passé. Durant tout ce temps c'est l'économie nationale qui subit le poids des grèves, de l'insécurité et de l'instabilité dans l'administration.

Le pas de plus
La crise politique dans laquelle s'est trouvée la Tunisie durant les derniers jours, nous a fait découvrir les talents d'un homme courageux, décisif, et à l'écoute de la scène. C'est ainsi que Ghannouchi, entame de nouvelles consultations et négociations, pour former un autre gouvernement, qui fait l'unanimité. Ce n'était pas une tâche aisée, car il y avait la peur de considérer ces concessions comme une faiblesse, et la nécessité de composer encore une fois avec d'autres sensibilités, sans oublier l'importance de la stabilité pour le pays afin d'éviter les désastres économiques. La barre de ceux qui voulaient dissoudre le premier gouvernement après la chute du régime, était très haute, puisqu'on exigeait même son départ, jugeant qu'on ne peut pas faire du changement avec des « têtes » de la dictature. Mais les personnes raisonnables connaissent suffisamment bien Ghannouchi et savent qu'il n'était pas impliqué dans les affaires de la famille présidentielle. Les manifestants d'El Kasbah, venus des régions de l'intérieur du pays, ont contribué à accélérer le changement dans la composition du gouvernement. C'est ainsi que Ghannouchi annonce la composition du nouveau gouvernement, avec l'éviction des ministres du RCD et l'apparition de nouveaux visages de technocrates et personnalités respectées sur la scène internationale. Une composition qui a eu l'aval de la centrale syndicale. C'était aussi une composition qui a respecté les engagements du premier ministre envers certains partis politiques qui ont fait parti du premier gouvernement (maintien de Néjib Chebbi, Ahmed Ibrahim….)

Les talents d'un bon communicateur
Monsieur Mohamed Ghannouchi n'était pas un grand homme de communication. Il ne donne pas d'interviews, il n'apparaît que dans l'ombre du président déchu et prononce des discours en son nom. Il n'est pas très médiatisé, et cherche à être toujours discret. Au cours des deux dernières semaines on vient de découvrir un nouveau Ghannouchi. Un homme diplomate, humble, ayant le talent d'un bon communicateur, avec une sincérité et une transparence qu'on croyait disparues depuis des lustres. Au cours d'une interview accordée à la télévision nationale Ghannouchi a parlé avec clarté, sans tabous ni réserves, et avec la simplicité d'un homme d'Etat authentique. Il a surtout annoncé qu'il quittera la scène politique juste après la phase transitoire, et après les élections prévues dans six mois. Il a affirmé avec courage, que sous l'ère Ben Ali, il avait peur comme tous les Tunisiens, et qu'il a voulu partir à maintes reprises mais en fut empêché. La sincérité de l'homme est décelée à travers les signes d'une grande émotion mal retenue, dans une tentative de garder la position d'un homme d'Etat solide.
Lors de l'annonce du gouvernement remanié, Ghannouchi a voulu présenter la situation dans la transparence la plus totale, insistant sur le fait que la période que traverse le pays était critique et la nécessité d'entamer la reconstruction du pays dans la concordance et l'unité nationale. La sincérité de l'Homme, et sa manière de présenter la situation ont joué pour beaucoup dans la stabilisation de la situation.

Etait-il l'homme de la situation ?
Après plus de 2 semaines de la chute du régime de Ben Ali, et avec un peu de recul, nous jugeons que Ghannouchi était l'homme de la situation. Un homme connaissant les rouages de l'appareil étatique, rassembleur, bénéficiant d'une certaine légitimité auprès des figures politiques et syndicales. C'est aussi un homme qui a pu composer avec des paramètres hétérogènes et contradictoires, faire des concessions quand il le faut, conduire l'action du gouvernement dans l'objectif de la rupture avec le passé. Ce n'était pas facile pour lui, vu qu'il portait sur le dos l'étiquette, de Ben Ali, qui avait un gouvernement parallèle à Carthage. Un passé qu'on ne peut pas effacer du jour au lendemain, dans le cadre d'un manque de confiance entre la population et le gouvernement.
Monsieur Ghannouchi, a surtout assumé ses responsabilités envers le pays, en tant qu'homme d'Etat, qui n'a pas d'aspirations politiques dème. La crédibilité qu'avait Ghannouchi auprès des pays amis et partenaires de la Tunisie, ainsi qu'aux instances internationales, ont aussi joué en sa faveur.
Les connaissances de Ghannouchi dans les domaines de l'économie, serviront certainement à rétablir l'ordre dans le pays et poser les bases d'une relance de l'économie. Lui qui était chargé durant sa vie dans le gouvernement, du plan, de la finance, de la coopération internationale et de l'investissement extérieur. Le gouvernement, en majorité de technocrates, qu'il dirige actuellement, conduira certainement le changement nécessaire et assurera une transition sans dégâts importants pour l'économie nationale.
C'est avec optimisme modéré que nous voyons le futur du pays avec un gouvernement dirigé par monsieur Mohamed Ghannouchi, car les forces qui veulent tirer vers l'arrière persistent encore. Le changement est toujours dur à entreprendre, surtout avec un héritage aussi lourd. Ghannouchi peut à la fin de son mandat quitter la vie politique avec la conscience tranquille et le sentiment du devoir accompli. La Tunisie lui sera reconnaissante d'avoir été l'Homme qu'il fallait au moment où il fallait. Il pourra entamer le repos d'un combattant qui a marqué l'histoire de son pays.


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