Voici venu le jour tant attendu pour qu'une goutte d'eau versée de plus fasse déborder le vase. Ce vase vaste où reposent des jasmins, des fleurs, autrefois épanouies, comme Mohamed Bouazizi, Houcine Néji, Mohamed Ammari, des innocents qui ont offert leur vie pour réclamer la liberté. Ce vase en cristal, or et diamant volé du peuple. Aujourd'hui, ce vase est renversé , grâce au renversement de la marchandise d'un simple marchand qui réclamait liberté, et défendait ce droit naturel au travail et qui a emporté avec lui le régime qui régnait sur le pays. Aujourd'hui, ce vase renversé a détruit tout acte injuste, tout acte indigne, tout acte malhonnête, tout acte inadmissible, revendiquant ainsi de meilleures conditions de vie et réclamant la liberté. Aujourd'hui encore, ce vase marque la rupture avec la dictature et le Benalisme et trace les débuts d'une ère nouvelle. Aujourd'hui, ce vase a restitué la valeur à des citoyens assoiffés d'air sain. Aujourd'hui, également, ce vase a déjoué un complot mettant ainsi fin à "la révolution" du 7 novembre 1987 et donnant naissance à la "révolution du jasmin". Ce qu'on vit ces derniers jours est loin d'être la lumière qui envahit le sombre, ni la résolution des problèmes qui nous ont hantés depuis toujours, ni encore le changement du sort qu'on maudissait durant vingt-trois ans. D'ailleurs, rien au monde ne peut changer du jour au lendemain et par conséquent on doit faire preuve de patience et de sagesse. On est encore loin de la liberté. Il faut être responsable avant d'être libre, puisque la liberté n'est pas au commencement mais à la fin. Elle est le fruit du bon ordre, surtout que ces derniers temps, on passe par un cycle très délicat où tout peut dégénérer et se déstabiliser par des rumeurs qui sont l'arme redoutable et l'ultime chance pour certains afin de détourner notre mouvement de sa trajectoire et nuire à ses principes, notamment celui d'obtenir la liberté tant réclamée. On entame avec fierté un nouveau chapitre qui nous promet beaucoup. Ce nouveau chapitre, qui a coûté larmes et sang, a fait réapparaître la solidarité au sein de la nation, de Bizerte à Borj El Khadhra. Tout ce changement radical plaide en faveur de l'initiative prise et assumée par les jeunes ,n'ayant jamais connu le vrai sens du mot liberté auparavant. Il a remanié l'histoire, nous a fait naître de nouveau, "et par le pouvoir d'un mot je recommence ma vie je suis né pour te connaître pour te nommer" (Paul Eluard). La question qui se pose maintenant est : "Que peut-on faire de plus, nous autres jeunes ?" La réponse est si simple. On a fait ce qu'on avait à faire efficacement et sobrement et c'est au tour de nos compétences, comme Ahmed Néjib Chebbi, Ahmed Brahim, Yadh Ben Achour, Moufida Tlatli et la liste est encore longue, de prendre le train en marche et finir la tâche en traitant la situation, étape par étape. Pour finir, et à l'occasion de cette nouvelle page blanche intitulée " Conséquence de la révolution du jasmin", nous souhaitons à tous les Tunisiens une ère de progrès et de liberté pleine de réussite et de succès. Nous présentons toutes nos condoléances aux familles des martyrs et nous remercions tous ceux qui ont participé à cette révolte et ont cru en ses objectifs, sans oublier le rôle de notre armée. Le soleil se lève annonçant un jour nouveau, sa lumière nous guide vers d'autres horizons, sa présence nous incite à réclamer liberté et dignité. Pour tous ceux qui ont risqué leur vie pour la bonne cause, nous dédions cet extrait figurant dans "Poèmes pour l'an 2000". La Liberté, Ce n'est pas partir, c'est revenir, Et agir, Ce n'est pas prendre, c'est comprendre, Et apprendre, Ce n'est pas savoir, c'est vouloir, Et pouvoir, Ce n'est pas gagner, c'est payer, Et donner, Ce n'est pas trahir, c'est réunir, Et accueillir. La Liberté, Ce n'est pas s'incliner, c'est refuser, Et remercier, Ce n'est pas un cadeau, c'est un flambeau, Et un fardeau, Ce n'est pas la faiblesse, c'est la sagesse, Et la noblesse, Ce n'est pas un avoir, c'est un devoir, Et un espoir, Ce n'est pas discourir, c'est obtenir, Et maintenir. Ce n'est pas facile, C'est si fragile, La Liberté (Jacques Prévost)