Par Guido WESTERWELLE, ministre des Affaires étrangères de la République Fédérale d'Allemagne Ces jours-ci, nous avons été témoins de la force que pouvait dégager l'idée de liberté. La volonté irrépressible de changement démocratique des Tunisiens a conduit ce pays à franchir un cap historique, encore impensable il y a quelques semaines. La liberté et la démocratie ne sont jamais données, elles doivent être conquises. Animés de leur désir d'une vie meilleure, les hommes et les femmes de Tunisie ont écarté, en l'espace de quelques jours et par leurs propres moyens, une dictature qui avait duré des décennies. Ils ont fait preuve d'un courage considérable et, au prix de grands sacrifices, ont ouvert le chapitre d'une nouvelle Tunisie. À ce titre, nous leur devons tout notre respect. En Allemagne, eu égard à notre propre histoire, nous avons suivi la Révolution de jasmin avec une grande admiration. Tout comme la chute du Mur de Berlin et la fin de la RDA, les événements tunisiens démontrent une chose : ce n'est pas l'octroi de la liberté et des droits civiques qui déstabilise un pays, mais bien leur privation. La voie de la stabilité passe par la démocratie, et par la démocratie seulement. Les hommes et les femmes de Tunisie sont descendus dans la rue pour défendre des valeurs qui sont universelles : la liberté, la démocratie, l'Etat de droit. Tel est le message qui est parti de Tunisie et qui se répand aujourd'hui également en Egypte : la liberté de réunion, la liberté d'expression, la liberté de la presse sont des droits dus aux citoyennes et aux citoyens. Ceux qui revendiquent ces droits bénéficient de notre entière solidarité. Nous sommes sans aucune réserve du côté de la démocratie et des démocrates. C'est pourquoi, nous soutenons les Tunisiens afin que le changement démocratique soit irréversible. Ce changement, on ne saurait l'ordonner de l'extérieur, il doit venir de l'intérieur. Aussi éprouvons-nous une grande sympathie pour la Tunisie et sa volonté de poursuivre systématiquement sa transition vers la démocratie par de vastes réformes. Il s'agit là d'un processus tunisien qui ne peut pas être remplacé par une aide extérieure. Dans la mesure où les Tunisiens le souhaitent, l'Allemagne et l'Europe sont prêtes à les accompagner dans un esprit d'amitié et de partenariat dans leur marche vers la démocratie. Nous n'avons pas à notre disposition de schémas tout prêts ou de recettes miracles pour mettre en œuvre de tels processus de transformation mais nous pouvons apporter notre expérience dans de nombreux domaines, que ce soit en fournissant une assistance dans la mise en place d'une justice indépendante ou en matière de coopération économique. Cela vaut notamment pour l'étape décisive qu'aura à franchir la nouvelle Tunisie, à savoir la préparation d'élections libres et équitables. Si les prochaines élections répondent aux critères démocratiques, la Tunisie jouera un rôle phare pour l'ensemble de la région. L'histoire nous enseigne qu'à long terme, on ne peut pas étouffer la liberté. Les Tunisiens ont osé se lancer à la conquête de la démocratie et de l'Etat de droit. D'autres veulent les suivre. Nous sommes prêts à soutenir ce nouveau départ. * Ministre des Affaires étrangères de la République Fédérale d'Allemagne