Par Habib SAIDI * En feuilletant votre journal, me forçant à lire les articles qui y sont publiés, car c'est hélas une habitude perdue que de lire des nouvelles de son pays dans la presse écrite, quelques clics sur Facebook suffisaient avant, pour avoir des informations fiables loin de la désinformation véhiculée par des journalistes bâillonnés, nous intoxiquant par des messages de propagande, répétant, en chœur, les manipulations ridicules que dictaient des instances, hyperpuissantes, filtraient scrupuleusement les articles, tribunes et autres scoops auxquels avec le temps plus personne n'y croyait que leurs auteurs et leurs inspirateurs. Revenons-en à mon journal, que je redécouvrais, non sans mal, vu que ces derniers jours, mes fils, les vôtres, leurs amis et d'autres jeunes nous ont offert au fruit de leur sang une merveille de liberté pour que respirent, enfin, nos esprits étouffés. D'article en article, je m'émerveillais, me révoltais, m'étonnais... tant d'émotions oubliées, des décennies durant, comme le plaisir de lire. Voilà que, tout d'un coup, je me retrouve à lire votre page 9 en haut et à gauche un article nous incitant à retenir ce qui est bien dans notre passé, ne pas jeter, en vrac, les gens du passé. J'avoue que cet article m'a retenu jusqu'au moment où je me décidai à lire son auteur, et là je découvre qu'il s'agit de Mezri Haddad, notre fameux philosophe, ambassadeur à l'Unesco, démissionnaire certes, mais nous savons tous: qui quitte le navire juste avant le naufrage. Celui-là qui, pas plus tard que le 12 janvier 2011, la veille de sa miraculeuse prise de conscience, participait à une émission sur RMC, BMC TV où il a traité les jeunes en quête de liberté, bravant les forces de l'ordre et la milice armée, tombant, par dizaines, sous le feu et les balles d'un régime moribond qu'il défendait encore toutes griffes dehors, lançant «des déferlantes hordes...hordes fanatisées... hordes de sauvages qui assaillissent le pouvoir en place...». Ce fervent opposant au régime de Ben Ali, avant de le rallier, s'était auparavant étonné de la nécessité de changer ce pouvoir légitime démocratiquement élu, il a même proféré des menaces à peine masquées à M. Nejib Chebbi, il a diffamé en passant sur M. Hamma Hammami. Pour finir, il a loué l'ancien dictateur et son prédécesseur pour leur construction de la démocratie tunisienne. Sauf votre respect, je vous en veux de m'avoir gâché ma joie de lire, comment ces gens, qui sont passés maîtres dans l'art de la désinformation, ces samouraïs qui arrivaient à défendre l'image indéfendable de dictateurs sanguinaires, qui arrivaient à justifier, par magie, les pires crimes de l'ancien régime, peuvent-ils, si rapidement, se transformer en héros de la révolte. Comment arrivent-ils, en si peu de temps, à retourner leurs vestes et amadouer, tels les plus grands surfeurs, les vagues médiatiques? Jusque-là, ils avaient pour leur défense le fait qu'ils croyaient en ce qu'ils disaient, bien que indignes de leur niveau intellectuel, mais là, ces gens débordent de dégoût, ils nous prennent pour des dupes ou ils pensent que nous aurions la mémoire d'un poisson rouge. Mezri Haddad, n'insultez pas notre intelligence, nous nous rappelons encore de vos discours, tout ce que vous diriez est pris d'une manière négative, cela ne sert à rien de nous gaver de votre déferlante démagogie, on ne vous supporte plus. Attendez que l'on fasse le deuil de ceux qui ont été abattus par les vôtres, parmi des déferlantes hordes de sauvages fanatisées qui, à force d'assaillir le pouvoir que vous avez si fermement légitimé, en sont venus à bout. Je finirai par conseiller ceux que défendent ces mercenaires: choisissez d'autres avocats, être défendus par ces énergumènes relève du suicide politique, pas comme le suicide de Bouazizi.