Par le colonel Boubaker BenKRaiem* Je suis colonel de l'Armé nationale, du corps de réserve et mis, pour mes idées, prématurément à la retraite en 1986. J'appartiens à la 1ère promotion d'officiers qui, quelques mois après l'indépendance de notre pays, en mars 1956, a été envoyée en France pour être formée dans la prestigieuse Ecole spéciale militaire de St. Cyr. C'est la promotion «Bourguiba» et elle complait 104 élèves officiers. La Tunisie, mon pays, auquel j'ai donné, sans regret, les plus belles années de ma vie (dont 3 ans à la frontière tuniso-algérienne durant la guerre d'indépendance de l'Algérie, 1 an et demi au Congo et au Katanga avec les Casques bleus de l'ONU, 3 ans à la frontière ouest, 4 ans à Remada au Sahara comme commandant des Unités sahariennes), m'a permis, ces derniers jours, d'être fier d'elle, de son peuple et de sa jeunesse. L'ancien président Zine El Abdine Ben Ali, qui s'est enfui le 14 janvier, est un camarade de promotion. Nous avons, ses camarades de promo, comme tous les Tunisiens, applaudi de toutes nos forces aux promesses contenues dans sa déclaration prononcée le samedi 7 novembre 1987 tant le peuple tunisien aspirait à la liberté et à la démocratie. Après tout ce qu'il a fait et permis de faire en 23 ans de pouvoir sans partage, je veux dire à nos concitoyens que certains de ses camarades ont essayé, dès les premiers mois de sa présidence, de lui prodiguer les conseils que nous dictaient l'esprit de corps, de camaraderie et celui de compagnons d'armes pour le mettre en garde contre tout genre de dérapages, et l'avertir du jugement de l'Histoire et de son verdict. Non seulement il a fait, à nos appels, la sourde oreille, mais encore il nous a ignorés, n'assistant même pas au cinquantenaire de la promotion organisé, avec sa permission, au Palais de la Rose, le 25 septembre 2006. D'ailleurs, il y a lieu de signaler que contrairement à nos attentes et à ce que beaucoup de nos amis et de nos proches pensent, il n'a jamais, durant sa présidence , reçu ses camarades de promotion, que ce soit par petits groupes ou à titre individuel. S'il avait eu l'intelligence, la délicatesse ou la sagesse de le faire, nous aurions pu, conformément à la tradition st-cyrienne, le mettre en garde, attirer son attention et l'informer des abus commis par sa famille et sa belle-famille. * Ancien sous-chef d'état-major de l'Armée de terre