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La spécificité de l'Armée tunisienne * (1ère partie)
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 10 - 2011


Par le Colonel Boubaker BENKRAIEM
La Tunisie, mon pays, n'a pas fini d'étonner le monde car elle a marqué toutes les périodes de l'histoire de l'humanité, du moins celle du bassin méditerranéen:
En effet, dans l'Antiquité et il y a de cela près de 22 siècles, notre ancêtre, l'illustre stratège et grand général carthaginois Hannibal fit traverser à ses redoutables blindés, représentés par des éléphants, les hautes montagnes des Alpes pour aller en Italie battre Rome à Cannes et au Lac trasimène. Faut-il rappeler que pour la première fois de l'histoire militaire, il appliqua une stratégie utilisée encore de nos jours et qui est enseignée dans toutes les grandes Ecoles militaires : c'est celle de l'enveloppement de l'ennemi, avec les engins blindés et mécanisés représentés à cette époque par ses éléphants.
Au 14e siècle, le grand historien et sociologue, le Tunisien Abderahman Ibn Khaldoun fonda une science en ébauchant une anthropologie culturelle de la civilisation arabo-musulmane et sa célèbre Moukaddima, connue en Occident sous le vocable de Prolégomènes, est devenue une référence en la matière.
D'autre part, et en ce qui concerne les temps modernes, la Tunisie a été, en Afrique et au Moyen-Orient, le pays précurseur dans l'enrichissement culturel, social et politique : en effet, c'est bien le Tunisien Tahar el Haddad qui souleva, dès le début du 20° siècle le problème des droits de la femme ; c'est aussi l'immortel poète Aboulkacem Echabbi, le plus engagé des poètes de son temps et dont deux vers de son exceptionnel poème sur «la volonté de vivre» inclus dans l'hymne national tunisien, ont été scandés , en janvier, février et mars derniers, par les manifestants du Caire, de Sanaâ, de Benghazi, de Damas tout autant que ceux de Tunis. Par ses poèmes enflammés et inégalables, ce poète fit tomber, dès les années trente, tous les tabous .C'est aussi Mohamed Ali el Hammi qui créa, vers les années 20 , les premiers syndicats arabes pour défendre les droits des travailleurs. Quant au volet politique, notre pays a entrepris la lutte pour l'indépendance dès les premières années de l'instauration du Protectorat imposé en 1881 ; plusieurs leaders nationalistes ont brillé par leur militantisme dont le premier a été Ali Bachhamba relayé quelques décennies plus tard par Abdelaziz Thaalbi. Mais c'est bien Bourguiba qui, connaissant mieux le système, les mœurs et les subtilités de la vie politique française, a su imposer les revendications nationalistes en faisant un usage combiné de la diplomatie et de l'action armée. Faut-il aussi signaler que la Tunisie est le premier pays arabo-musulman à avoir aboli l'esclavage d'une part et d'autre part, en 1850, le Bey de Tunis promulgua le Ahd el Amen c'est-à-dire une Constitution.
Et alors que le monde arabe était devenu, depuis plus d'un siècle, un corps inerte, l'étincelle qui crépita de Tunisie le 14 janvier 2011, pour chasser la dictature, le réveilla de son profond sommeil. En fusant en gerbes, ces étincelles ont éclairé le chemin de plusieurs pays frères, et nous espérons qu'elles mettront fin à plusieurs siècles de léthargie.
En Tunisie, l'armée et les questions militaires étaient un sujet tabou : l'armée était l'affaire de responsables politiques dont le nombre ne dépassait pas les doigts d'une main.
Nous avons eu la chance, mes camarades et moi, d'avoir fait partie des premières promotions d'officiers de la Tunisie indépendante, ce qui fait que nous avons eu l'honneur d'avoir participé à la création de nos forces armées. Il y a lieu de préciser que l'apport essentiel que nous avons amené avec nous en nous engageant dans ce corps est le fait que nous avons choisi ce dur, difficile et combien noble métier des armes, par vocation et uniquement par vocation car, lors de la mise sur pied des rouages du jeune Etat tunisien, tous les secteurs d'activité étaient encore vierges et il était très facile pour nous d'opter pour une fonction moins pénible, moins dangereuse et beaucoup mieux rétribuée. C'est ce patriotisme, c'est cet amour pour notre pays qui nous a poussés à revêtir l'uniforme et nous ne le regrettons pas. Nous avons aussi eu la chance d'avoir un premier Président de la République qui, bien que ne portant pas l'armée dans son cœur pour diverses raisons, et n'accordant aux questions militaires ni importance ni priorité, il n'a pas lésiné sur la formation de ses officiers: en effet, toutes les grandes Ecoles militaires du monde occidental nous étaient ouvertes. Et c'est grâce à cette opportunité, aux échanges d'expériences, avec les officiers stagiaires étrangers, venant des quatre coins du monde, les élites de leurs armées, et au niveau exceptionnel de ces Ecoles militaires que nos cadres ont acquis la formation, l'ouverture d'esprit, les techniques et le degré de qualification et de connaissances leur permettant d'être des cadres valables et hautement performants. Ces officiers, ceux des premières promotions, ont créé, grâce aux connaissances acquises ici et là ainsi qu'a leur propre expérience, les Ecoles dont chacune de nos trois armées avait besoin. Et c'est bien cela le miracle tunisien : ces Ecoles qu'elles soient d'officiers ou de sous-officiers, de base ou de spécialités, de niveau subalterne ou supérieur nous ont fourni et continuent à former des cadres de grande valeur et cela est dû au fait que leurs anciens, les chefs de l'armée, qui ont choisi et accepté d'être apolitiques, ont transmis à leurs jeunes officiers cette culture de «dévouement à la patrie et de fidélité au régime républicain». C'est en fait la raison pour laquelle notre pays n'a pas connu ces complots, ces coups d'Etat qui avaient marqué les esprits, un peu partout en Afrique et au Moyen-Orient, dans les années 60 et 70. Faut-il rappeler que nos écoles militaires sont ouvertes à tous les Tunisiens sans exception, sans distinction de classe sociale ou d'origine. Ce sont essentiellement le niveau intellectuel et les qualités morales qui conditionnent l'admission au concours d'entrée à ces écoles. Cela est très positif quant aux relations troupe et cadres. Ce dont nous sommes fiers, c'est l'excellent niveau de nos officiers issus de nos académies et le jeune S/Lt que vous pouvez rencontrer par hasard a un cursus de Bac+ 5. Comme le métier d'officier est l'une des rares fonctions où la formation continue est de rigueur, son cursus peut atteindre le niveau de Bac+10 ou +11 ( 4 ans d'Académie, 1an de spécialité, 1 an de cours de capitaine, 1an de stage d'état major, 2 ans de cours de l'Ecole supérieure de guerre et 1 an comme auditeur à l'Institut de Défense) en plus des études universitaires que beaucoup d'officiers entreprennent parallèlement.
D'autre part, notre institution militaire est composée de cadres officiers et sous-officiers dont l'écrasante majorité est de carrière, alors que la troupe est essentiellement composée de jeunes conscrits, c-à-d d'appelés du contingent. Nous tenons beaucoup à ce mixage et nous souhaitons qu'il soit maintenu car il permet à notre armée de demeurer éternellement jeune et sa composante essentielle, formée de jeunes recrues, la pousseront vers la modernité, au moins socialement. Cependant, le problème qui se pose et qui nécessite une réflexion sérieuse, est celui des jeunes qui n'effectuent pas le service militaire et ils sont nombreux surtout parmi ceux ayant un bon niveau d'instruction, ceux dont nous avons grandement besoin. Nous considérons cela comme une grosse perte et pour le pays et pour l'armée. Nous avons le ferme espoir que la 2° République trouvera, à cette question, la solution adéquate et notre Association fera tout pour l'aider et lui faire des recommandations à ce sujet. Notre Armée, issue du peuple et pour le peuple, s'est trouvée, en de nombreuses occasions, obligée d'intervenir, malgré elle, pour le maintien de l'ordre, lorsque les forces de sécurité intérieures étaient débordées. La dernière eut lieu en décembre 2010, lors de la Révolution de la liberté et de la dignité.
A chaque fois, et dès que sa mission était terminée, elle regagnait, tranquillement, ses casernes. Nous l'avons fait parce que nous, ses cadres, nous étions et nous sommes toujours des officiers républicains : nous avons fait le serment d'être dévoués à la patrie et fidèles au régime républicain et nous l'avons toujours respecté. Et c'est là où réside le particularisme tunisien. Et bien que cela étonne beaucoup de monde, nous n'avons jamais été tentés par le pouvoir malgré les nombreuses fois que nous nous sommes trouvés dans la rue.
Nos rapports avec le peuple tunisien ? Nous le respectons et nous l'aimons et il nous le rend bien. A chaque fois qu'il a eu besoin de nous, nous avons répondu présent : que ce soit lors des catastrophes naturelles ( inondations, incendies, criquets, etc..) , ou pour le développement économique des zones difficiles ou sahariennes tels que le projet de Rjim Maatoug qui nous a permis de gagner sur le sahara plusieurs centaines d'hectares devenus aujourd'hui des oasis verdoyantes, productrices de dattes, de fruits et de légumes et améliorant considérablement les conditions de vie de leurs propriétaires ou pour le projet du siècle représenté par la construction de la route Tozeur -Kebili, d'environ 100 km à travers le Chott el jerid, l'armée était et sera toujours là. C'est pourquoi face à lui, et même quand il sortait manifester et qu'il démontrait parfois son mécontentement avec une certaine violence, nous n'avons jamais eu, et nous n'aurons jamais, face à lui, la gâchette facile. Personne ne peut ignorer que ce peuple, ce merveilleux peuple tunisien est formé de nos parents, nos amis, notre famille et que nous lui appartenons. Et vous comprenez bien qu'il n'y a rien d'étonnant à voir notre vaillante Armée nationale et ses valeureux officiers dont nous sommes très fiers, protéger, le 14 janvier 2011, la Révolution du peuple et de sa jeunesse, la Révolution de la Liberté et de la Dignité, et la soutenir.


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