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1981, le tournant qui a mené au désastre
Pour la mémoire
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 02 - 2011

Notre grand tort, nous autres Tunisiens — tout comme d'ailleurs les populations habitant cet espace qui s'étend du Moyen-Orient jusqu'au Maghreb —, c'est cette mémoire défaillante et cette espèce de nostalgie qui nous font peindre le passé comme étant l'âge d'or qu'on cherche à récupérer contre toute logique qui fait de l'évolution un processus inéluctable.
Bref, pour ne pas nous perdre dans une conjecture stérile, contentons-nous de dire que devant ce passé, on n'est pas loin de l'amnésie !
Et c'est là où réside l'essentiel de cette sorte de blocage de notre évolution historique. Notre histoire est, à bien des égards, figée au point que nos références sont souvent en déphasage avec le temps que nous vivons et les lendemains auxquels nous aspirons.
Certes, on ne peut tout balayer de notre passé ancien et récent, mais rien ne justifie qu'on en fasse un archétype pour construire notre futur. Or et au vu d'une certaine littérature que nous renvoient les médias, on constate que bien des idées présidant à des ébauches de programmes politiques pour l'avenir sont fortement puisées dans des modèles passés. C'est ainsi que des personnalités versées dans la politique et qui cherchent à avoir une place au soleil dans le nouveau paysage politique mettent l'accent sur l'expérience bourguibienne et notamment sur sa «philosophie» politique et son approche de la gestion des affaires de l'Etat dans son acception la plus large.
Libre à chacun d'avoir ses propres références, de s'inspirer d'un modèle ou de chercher à le ressusciter dans sa quête du pouvoir, mais pour le modèle de Bourguiba, nous pensons qu'il est non seulement obsolète, mais aussi et surtout, d'un point de vue éthique, incommode avec la «Révolution» que vit la Tunisie qui s'inscrit dans la logique de l'histoire qui ne peut par essence être figée.
Bourguiba et son régime ont fait leur temps. Point donc de retour en arrière d'autant que les trente années sous Bourguiba n'étaient pas toutes en rose. Et les Tunisiens ne peuvent en aucun cas se permettre d'occulter certains faits majeurs qui les avaient tant marqués — négativement cela s'étend — et qui ont donné à l'histoire un sens autre que celui qu'elle devait suivre.
La Tunisie, par le vouloir du régime bourguibien a dilapidé trente ans de son histoire (depuis 1981 jusqu'à la chute de Ben Ali en 2011).
Trente ans de perdus !
Nous sommes en droit de critiquer l'œuvre de Bourguiba que nous respectons. Sur ce sujet, point de tabous. Bourguiba a à son actif la généralisation de la scolarité, le statut de la femme tunisienne, sa volonté de mettre en place les assises d'un Etat moderne, mais un Etat qui était autocratique. Pour Bourguiba, l'Etat c'était lui, et rien d'autre. Son parti politique était le seul à avoir droit de cité.
L'opposition en son temps fut interdite, pourchassée et persécutée, ses leaders jetés dans les prisons et torturés de la pire des pratiques.
Ceci, nous n'avons pas le droit de l'oublier. C'est de notre devoir de le rappeler, au moins pour l'histoire qui ne doit en aucun cas être falsifiée. Pardonner, c'est une chose, mais ceci ne peut en aucun cas donner le droit à quiconque d'induire en erreur les générations futures en donnant de l'histoire une version qui ne correspond pas à la réalité vécue.
Ainsi nous considérons que Bourguiba, qui n'était nullement intéressé par les choses de la vie et qui, par conséquent, n'a jamais été porté sur l'argent, était, à l'opposé, un homme imbu de lui-même, et loin de tolérer la contradiction au sein même de sa famille politique (rappelez-vous le congrès du parti de Monastir d'où les libéraux de Mestiri furent expulsés). Cet exemple parmi tant d'autres illustre parfaitement la conception que se faisait Habib Bourguiba du pouvoir. Le leader c'était lui, et personne d'autre ne pouvait prétendre à un tel statut. On dit que c'était un despote éclairé, disons qu'il a été un despote tout court. Ses erreurs, pour les expier, il les faisait endosser à ses collaborateurs et ses ministres (l'expérience du collectivisme), sa vénération du pouvoir était telle qu'il n'avait trouvé aucune gêne à falsifier le scrutin de 1981. Ses proches étaient sans doute pour beaucoup dans cette affaire, mais sans son aval, rien n'aurait pu être entrepris et l'histoire de la Tunisie aurait sans doute été autre que celle des trente années consécutives à 1981 dont les vingt-trois années Ben Ali. Ce dernier, appelé pour mater les grévistes de 1978 et renvoyé après l'affaire de Gafsa, n'aurait jamais eu une deuxième occasion d'intégrer le gouvernement en 1984 pour gravir rapidement les échelons, de secrétaire d'Etat à la sûreté au poste de Premier ministre et, par là, dauphin du président.
Le détournement du verdict des urnes de 1981 au profit du PSD et au détriment du MDS a constitué le tournant qui a entraîné le pays vers le désastre des années Ben Ali. Ce dernier est la résultante directe de cette opération qui a mis fin au processus démocratique que les Tunisiens ont décidé d'engager. Le RCD honni n'était au fait que l'héritier du PSD sauvé par le hold-up de 1981. Et il n'est donc pas étonnant de voir ce même RCD suivre à la lettre la trace de son devancier.
Et il ne faut donc pas s'étonner de la conduite des affaires du pays par Ben Ali de la manière la plus autocratique qui soit, inspiré en cela par son prédécesseur. Mais à la différence de ce dernier, le successeur s'est comporté en chef de gang doublé d'un voleur insatiable, aidé en cela par une famille et des proches de la pire des souches.
Cette différence est sans doute de taille, mais elle ne dédouane nullement Bourguiba de sa grande méprise à l'endroit du peuple tunisien auquel il aurait, avec moins d'égocentrisme et de narcissisme, évité les vingt-trois années de plomb du général Ben Ali.
Dommage et grand dommage pour lui qui aurait sans doute fini ses jours aussi adulé qu'il n'avait entamé son avènement à la tête du pays. Mal conseillé ? Sans doute, mais surtout mal inspiré et en rupture avec l'époque qui n'était plus celle des années 1980 ou même celles des années 1970. Une attitude qui a coûté très cher à notre peuple qui saura donner à sa Révolution l'expression qui lui sied pour accomplir l'œuvre de son affranchissement total sur la voie d'une vraie justice sociale et d'une démocratie qui lui redonnent sa fierté et sa dignité spoliées par 55 ans de dictature.


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