Quelle culture aujourd'hui, alors que le pays brûle encore sous les flammes des revendications et du mécontentement. La question se pose vivement en ces temps difficiles, où le processus démocratique a du mal à prendre place. Pourtant, certains de nos artistes ne manquent pas de bonnes volontés et certains espaces ouvrent même leurs portes pour des débats, des échanges d'idées, des représentations de théâtre, des spectacles de danse… La création semble essayer tant bien que mal de maintenir une présence, malgré les voix qui s'élèvent remettant en question l'utilité de la culture et l'art en ce moment, oubliant que nos artistes étaient eux aussi dans la rue le 14 janvier et même bien avant et que c'est bien maintenant que chacun d'entre eux doit assumer son rôle de citoyen- artiste et s'exprimer par les outils qu'il connaît le mieux : l' art… Raja Ben Ammar poursuit tant bien que mal son festival de danse «Danser à Tunis» à Mad'Art, El Teatro ne cesse de programmer des cycles de théâtre. Chaque semaine, le ciné-club du CinémafricArt se bat pour assurer ses séances et ses débats de films, vendredi soir, Salah El Faleh Ben Youssef a tenu a présenter la première de sa pièce Rissala ila ommi au 4e Art, alors que Fadhel Jaibi et Jalila Baccar reprenaient Yahia Yaiîch au Mondial. Il est vrai que les arts vivants essayent de trouver une place et un rôle dans la révolution tunisienne, même si des flics ont trouvé le moyen de faire l'amalgame entre casseurs et spectateurs, à la sortie des pièces de théâtre et procéder même à des arrestations, heureusement pas pour longtemps, les artistes persistent à assumer leur responsabilité et donnent même l'exemple en continuant à travailler et à produire. Mais cela est –il suffisant ? Certainement pas. En effet, à part les quelques noms que nous connaissons déjà et qui se sont toujours présentés en première ligne, où sont passés les autres qu'on voyait parfois, se "lyncher" les uns et les autres pour un espace, une représentation…? Où est l'action culturelle régionale ? Il va sans dire qu'aujourd'hui, la question culturelle n'est pas à l'ordre du jour pour ce gouvernement de transition, mais elle est des plus primordiales à notre sens. La question culturelle qui fut, pendant longtemps, considérée dans son simple et strict rôle de divertissement, est urgemment à reconsidérer. Le développement des régions oubliées se fait avec des investissements, certes, de l'emploi bien entendu, mais de la culture aussi. De la culture pour tous, c'est aussi une réalité...une nécessité.