Le plus meurtrier des cancers va-t-il prochainement succomber? En réussissant une greffe de bronche artificielle sur un homme de 78 ans, les équipes du Pr Emmanuel Martinod, de l'hôpital Avicenne de Bobigny, ont remporté une bataille contre le cancer du poumon. Cette première mondiale, réalisée le 28 octobre 2009, a permis «non seulement d'ôter la lésion cancéreuse avec des marges de sécurité plus importantes, rapportent les services hospitaliers, mais aussi d'éviter l'ablation complète du poumon». Cette opération était auparavant la seule solution lorsque la tumeur était placée à proximité du médiastin, véritable carrefour entre les poumons gauche et droit. Or, cette intervention était la plus risquée avec un taux de mortalité atteignant 26% à quatre-vingt-dix jours. «Le poumon, c'est un peu comme un arbre, explique le pneumologue Dominique Valeyre. On pouvait intervenir au niveau des feuilles ou au niveau du tronc, mais remplacer une branche était impossible.» A Bobigny, le Pr Martinod a travaillé durant dix années pour élaborer cette technique et cette greffe artificielle, constituée d'une sorte de ressort métallique recouvert d'un tissu biologique prélevé sur l'aorte d'un donneur. Cette «bioprothèse», réalisée dans les laboratoires du Pr Alain Carpentier, mondialement connu pour ses créations de valves cardiaques artificielles, présente l'avantage de ne pas nécessiter de médicaments antirejet, contre-indiqués dans les cancers. Plus d'un an après, le patient opéré «va très bien». Il marche et s'est même rendu dans sa maison de campagne. Souhaitant tout de même rester «très prudent», le chirurgien a attendu très longtemps avant de rendre publique cette prouesse, qui donnera lieu à une publication scientifique. Une étude va être lancée auprès de vingt à trente patients pour valider cette nouvelle intervention et permettre d'étendre cette solution à d'autres malades. Pour des milliers de familles de malades, cette nouvelle a déjà créé une vague d'espoir sans précédent.