Les artisans de Nabeul, capitale de la poterie et de la céramique, ont tiré la sonnette d'alarme pour sauver le secteur et sauvegarder les emplois. «L'artisanat est en danger», «des milliers d'emplois vont disparaître» ont-ils lancé, relevant que l'absence de touristes aggrave la situation. Les artisans des diverses filières ont insisté sur la nécessité d'assurer le salut de ce secteur qui, actuellement, emploie directement, entre 20 et 25 mille personnes dans la région et y fait vivre des milliers de familles. Fawzi Karkni, propriétaire d'une société de céramique, a indiqué qu'en dépit de l'enchantement né de la révolution du 14 janvier, l'activité artisanale est toujours en stagnation et des jours difficiles attendent les artisans. La plupart des usines sont, aujourd'hui, fermées, en raison de l'absence de commandes, a-t-il dit, ajoutant que les entreprises les plus optimistes ont choisi de travailler à mi-temps pour sauver leurs emplois. Certains artisans estiment que le secteur passe par une «passe difficile», mais surmontable à condition que le climat de sécurité et de stabilité se rétablisse. Option qualité Mounir Ben Amor, artisan spécialiste dans l'art de la décoration, affirme que «la reprise progressive de la sécurité donne des lueurs d'espoir aux artisans », ajoutant que «l'artisanat a toujours dépendu du tourisme» et que le client tunisien, inquiet face à une conjoncture économique difficile, préfère ne pas faire d'achats «superflus» ou de luxe. Avec un air serein, M.Ben Amor estime que malgré la difficulté de cette situation, le secteur ne sera pas condamné. La sagesse serait, d'après lui, de prendre des mesures urgentes pour sauvegarder les emplois et préparer les prochaines saisons. «Il est également préconisé, a-t-il dit, de tirer le meilleur profit de l'image de la Tunisie nouvelle dans le monde entier», relevant que la Tunisie gagnerait à attirer davantage de touristes aisés en vue de compenser les pertes enregistrées dans le secteur. Pour Abdelaziz Ben Abda, nattier, le secteur est appelé, plus que jamais, à s'investir dans la qualité en vue de garantir la commercialisation de la production. Dans sa filière d'activité, le problème réside dans le manque en main-d'œuvre spécialisée. Le commissaire régional à l'artisanat, M. Afif Jrad, confirme, pour sa part, les difficultés auxquelles fait face l'artisanat tunisien. Le responsable préconise, pour sauver les milliers d'emplois du secteur, l'organisation d'une grande campagne de promotion et la multiplication du nombre des salons et d'expositions régionales et nationales. Certains intervenants recommandent la réduction des taxes sur la valeur ajoutée (TVA) pour tous les composantes des produits de l'artisanat, outre le rééchelonnement des dettes auprès des caisses sociales et la réduction des impôts sur les revenus. Des artisans insistent sur la nécessité d'arrêter «l'hémorragie des importations» de marchandises étrangères qui «asphyxient » le produit artisanal tunisien, appelant à tunisifier les produits artisanaux exposés dans les locaux et les points de vente. Les artisans se sont déclarés pour le maintien de la date d'organisation du salon national de l'artisanat, prévue pour le 16 mars 2011, appelant à l'aménagement de stands à des prix abordables pour les participants. Ils ont appelé, également, à l'organisation d'une campagne de solidarité au profit du produit artisanal.