La situation économique et financière en Tunisie suscite des inquiétudes, appelant à une vigilance soutenue, mais demeure gérable, estime M. Jalloul Ayed, ministre des Finances, qui ajoute que les solutions doivent être rapides et s'inscrire aussi dans la cohérence pour le moyen terme. Réitérant l'impératif de reprendre le travail et de réduire les pressions actuelles et à venir qui s'exercent sur le budget de l'Etat, il estime que la réforme du système bancaire et financier dans sa globalité est indispensable, tout comme, à court terme, la mise en place de facilités de décaissements rapides, la prise de mesures fiscales incitatives, le déploiement de la Bfpme en pôle bancaire dans les régions, le renforcement du micro-crédit et de la micro-assurance, et la restructuration des Sicars régionales. Dans une interview accordée à Leaders (www.leader.com.tn), le ministre des Finances a indiqué que l'impact financier, valeur ce jour (mercredi 9 mars), serait de l'ordre de 2,5 milliards de dinars, de besoins nouveaux, en combinant l'impact des ajustements et nouvelles rémunérations, ainsi que celui relatif à la Caisse de compensation, la dette publique, les indemnisations et réparation des dégâts. Le détail s'établirait de l'ordre de : ajustements et rémunérations (400 MD), Caisse de compensation (920MD), dette publique (50MD), réparation des dégâts (400 à 600 MD), et indemnisations (100 à 200 MD). Indemnisation des entreprises sinistrées : M. Ayed a déclaré que tout un programme, à plusieurs facettes, a été mis au point, couvrant les différentes catégories, avec une priorité pour les toutes petites entreprises, non couvertes par l'assurance, puis les PME et PMI et les grands groupes, en prévoyant un système assez généreux devant permettre une reprise rapide de l'activité. Pour les toutes petites entreprises, l'indemnisation sera de 100% et ira jusqu'à 10.000 D. Pour les PME assurées, à l'indemnisation de 25% par les compagnies d'assurances, s'ajoutera un autre quart, pour couvrir 50% des sinistres, et pour les non-assurées, nous irons à 50%. Au total, nous mobiliserons entre 100 et 200 MD pour les petites entreprises et entre 400 et 600MD pour les PME, le tout sur les ressources de l'Etat et des lignes de garantie. Au plan macro-économique: le ministre des Finances a souligné qu'il y a encore beaucoup d'inquiétudes et la situation appelle à une vigilance soutenue. La croissance de 5%, voire de 4% annoncée, n'est pas réaliste et on serait heureux si on ne tomberait qu'à 1.5% ou 2%, mais tout dépend de notre capacité à nous remettre sur pied. Cela commande de réitérer l'appel pressant lancé par le gouvernement, et que je tiens à souligner, pour la reprise du travail. Nous nous employons à sauver les emplois et à rattraper la saison touristique et avons, d'ailleurs, mobilisé une enveloppe budgétaire conséquente en faveur du ministère du Commerce et du Tourisme, afin de contribuer à une campagne promotionnelle massive. «Nos réserves en devises, a ajouté le ministre, sont tombées actuellement à 138 jours, restant à un niveau acceptable, mais la vigilance est de rigueur, la situation n'est pas anormale ou ingérable, et nous nous préparons au mieux pour assurer les sources de financement disponibles. Avec le ministère de la Planification et de la Coopération internationale, nous travaillons à la mise en place de facilités de décaissements rapides auprès de certaines institutions financières qui, d'ailleurs, ont toutes fait montre de bonnes dispositions, durant ce passage historique de notre pays. Il ne s'agit pas d'un financement structurel auprès du FMI, mais des facilités pour faire face rapidement à des besoins immédiats, et ce, auprès de nos bailleurs de fonds habituels, tels que la BAD, Banque mondiale, BEI, ADF, etc.» Nouvelles mesures Pour accélérer la reprise économique, le ministre des Finances a indiqué que de nouvelles mesures seront bientôt annoncées. Elles portent sur des incitations fiscales substantielles, notamment en faveur de l'emploi et du développement régional, et en attendant la refonte du système bancaire, la décentralisation de la Bfpme, en tant que nouveau pôle bancaire, pour étendre sa couverture à l'ensemble du pays, dans un souci de proximité et de célérité, le renforcement de la micro-finance et de la micro-assurance avec une révision de leur cadre d'action, la restructuration des Sicars régionales avec une meilleure définition de leur rôle et l'amélioration du cadre légal dans lequel elles opérent. Les PME et PMI ne peuvent prospérer que dans le cadre de plans ambitieux d'investissement dans les infrastructures et les grands projets, capables de créer des emplois et générer des commandes. C'est pourquoi nous travaillons sur de vrais plans de relance de grands projets. Dans ce cadre, nous prévoyons des véhicules appropriés de financement, dont notamment: • Le fonds générationnel, devant profiter à des demandes rapides, mais aussi étalées dans le temps, pour mobiliser sur les 5 à 10 prochaines années des montants allant de l'ordre de 30 à 50 milliards de dinars, notamment en faveur des projets d'infrastructure. • La Caisse de dépôt et de consignations dont le montage est quasi-finalisé. • Le Fonds du peuple qui sera alimenté par les actifs des biens mal acquis et devrait bénéficier aux besoins de la population. Par ailleurs, le ministre a indiqué que les contacts se poursuivent avec les partenaires de la Tunisie et qu'il compte se rendre, dans ce cadre, la semaine prochaine dans les pays du Golfe.