A propos de la prise en charge des victimes par le Service de médecine légale de l'hôpital universitaire Fattouma-Bourguiba de Monastir. Des rumeurs, voire quelques informations, ont circulé au sujet du Service de médecine légale de l'hôpital Fattouma-Bourguiba de Monastir et sa gestion de décès survenus à Ouerdanine. Contacté, le ministère de la Santé publique apporte les précisions suivantes : Dans la matinée du 16 janvier 2011, le service de médecine légale de l'hôpital Fattouma-Bourguiba de Monastir a été confronté à l'examen de plusieurs dizaines de corps (près de quarante) de personnes décédées dans l'incendie de la prison civile de la ville et au cours des événements (fusillade) de la ville de Ouerdanine ayant entraîné des morts par tirs d'armes à feu. Comme les médecins légistes ne disposaient d'aucune réquisition judiciaire pour pratiquer des autopsies, ils n'ont pu pratiquer, à l'instar de ce qui s'est passé dans d'autres régions du pays, qu'un examen extérieur de ces corps, précipités par la fureur des familles qui ont envahi, par dizaines, la morgue et la salle d'autopsie (des chaînes de télévisions tunisiennes et étrangères ayant transmis des images de ces scènes) et qui exigeaient d'emporter les corps rapidement. Le nombre très élevé de personnes et leur agressivité conjugués à l'impossibilité de recours au dispositif de sécurité compliquaient la tâche des médecins légistes. Toutefois, ils ont pris le soin d'informer toutes les familles qu'ils n'avaient pratiqué que des examens extérieurs des corps et que, dans bon nombre de cas, une autopsie médico-légale pourra être effectuée ultérieurement après ouverture de l'action judiciaire, comme c'est souvent le cas, et dans tous les pays du monde, dans les événements d'exception (partout dans le monde) comportant des morts collectives. Cependant, pour sauvegarder des indices d'examens extérieurs des corps, les médecins légistes du service ont pu, quoique difficilement, prendre des photos des corps et réaliser des schémas résumant les lésions observées. Cela a permis d'adresser au juge d'instruction chargé de l'affaire les rapports préliminaires des examens médico-légaux suivis de rapports complémentaires explicatifs (synthèse médico-légale) apportant des éléments de réponse de base aux causes de décès comme la notion de mort traumatique suite à un tir d'arme à feu, tir effectué par derrière par rapport à la victime, cause principale du décès… En même temps, les familles des victimes ont été informées que la réponse aux autres questions (description précise des lésions, nombre de projectiles d'armes à feu, orientation exacte et distance des tirs, organes atteints, trajet des projectiles dans le corps…) ne pourra être apportée qu'après autorisation judiciaire ultérieure pour exhumation et autopsie aux fins de récupérer les projectiles présents dans les corps et de les remettre sous-scellé aux autorités judiciaires.