La famille du défunt Lotfi Nagdh a pris connaissance samedi, et par voie orale, d'un pré-rapport d'autopsie de l'équipe légiste concluant à la mort par suite d'usage de violences. Le cousin germain du défunt, Kamel Eddine Taliha, a déclaré hier à la presse que le premier rapport ayant conclu à la crise cardiaque avait été élaboré par l'hôpital de Tataouine qui ne dispose pas d'un service de médecine légiste. Une première autopsie avait été effectuée par l'hôpital de Gabès. La deuxième a été exécutée par trois médecins légistes sous la conduite de Dr Samir Maâtoug de l'hôpital de Sfax. Le rapport final sera remis sous 48h au plus tard. Il en ressort, d'après M. Taliha, la thèse de mort par suite de coups et blessures: «Le défunt avait été piétiné par devant et derrière. Il a reçu des coups provoqués par des objets massifs dont une barre de fer et un marteau. Plusieurs côtes avaient été cassées plus un bras. Il a reçu treize coups sur le dos provoqués par des gourdins de bois, entre autres. Un autre coup porté par un objet contondant porté derrière l'oreille, a été fatal. Beaucoup de sang a été perdu par l'oreille». Les médecins de Sfax qui ont été réquisitionnés par la justice sont tenus par la réserve. Ils remettront leur rapport au juge d'instruction. Cette deuxième autopsie complète la première qui a constaté les blessures et la mort avec arrêt cardiaque avec une relation de cause à effet. Ce qui a été confirmé, selon M. Taliha, par la deuxième autopsie, qui, elle, est plus approfondie. Les médecins auraient confirmé à la famille l'«usage excessif de la violence ayant entraîné la mort». Vendredi un prélèvement du cœur avait été transféré, nous informe notre interlocuteur, dans un laboratoire à Monastir. Comme il nous informe que des traces d'ADN humain, provenant de personnes différentes, avaient été également retrouvées sur le corps de l'autopsié. Hier soir sur le plateau de Nessma Tv, M. Khemaïs Ksila, dirigeant de Nida Tounès, a fourni des éléments complémentaires. Selon lui, le second rapport d'autopsie confirmera sans aucun doute que le décès a été provoqué par les violences infligées au défunt, lequel souffrait d'un infarctus du myocarde. Citant des témoins oculaires, il a donné une version des faits selon laquelle la victime a été lynchée puis son corps traîné et violenté. Le déroulement de la scène fatale racontée par le cousin Selon M.Taliha, feu Lotfi Nagdh recevait des menaces de mort depuis deux semaines. Il savait qu'il était la cible, et s'est dit prêt à se défendre. Il s'est barricadé dans son bureau avec quelques personnes. La marche est passée d'abord devant le lycée, après devant la délégation de l'éducation pour s'arrêter devant le local de l'Union de l'agriculture. «Ils sont venus spécialement pour Lotfi, avance notre interlocuteur. Pour les disperser et les empêcher de monter jusqu'à lui, il a commencé avec son groupe à leur verser de l'eau, ils ont réagi par des jets de pierres. C'est à ce moment là, que des cocktails Molotov avaient été jetés de l'intérieur. Mon cousin était en légitime défense, ajoute encore notre interlocuteur. Mais eux aussi, ils avaient des cocktails Molotov, après les avoir projetés, ils se sont déchaînés, ont forcé la porte et monté dans le bureau et agressé, comme l'on sait». Selon d'autres sources, c'est en bas, devant l'entrée que la victime a été lynchée alors que des policiers entreprenaient de l'exfiltrer. «Nous n'allons pas nous taire, conclut fermement M.Taliha, Il faut savoir qu'en plus de l'enquête locale qui est en cours, nous avons déposé une requête auprès des Nations unies et nous accusons les deux partis Ennahdha et le CPR d'être les instigateurs du drame». L'avis de l'expert judiciaire Joint par La Presse, Me Mansour Souilgi, expert judiciaire, nous informe que le parquet a demandé une information complémentaire. Cette information est accréditée dans un rapport d'autopsie. Sur la base de ce rapport, généralement on peut déterminer la cause de la mort et, en outre, les différentes violences qui ont été portées à la victime. A la suite de ce rapport, on pourrait éventuellement changer les chefs d'accusation d'agression en réunion ayant donné la mort sans l'intention de la donner en meurtre. Dans le meurtre, il y a préméditation, et dans les agressions ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner, ce n'est pas le cas. Au final de cette triste affaire qui promet des rebondissements, et en attendant la diffusion de l'expertise détaillée des médecins légistes, nombre d'acteurs politiques et d'observateurs s'accordent à dire que ce drame avait été balisé par un discours de la haine qui se propage, émaillé de concepts dangereux à l'instar d' « épuration ». Pour peu que l'on ait quelques connaissances d'histoire lointaine ou contemporaine, nous savons tous quelles sont les conséquences directes de ce processus qui commence par les mots et finit dans le sang.