" El Fenemuno (le phénomène) " ; le sorcier blanc; le magicien; l'artiste: les qualificatifs louangeurs fusent de partout dans le Sahel pour parler de Danilo Petrolli Bueno, le régisseur brésilien de l'équipe étoilée.En peu de temps, ce joueur natif de 1983, venu du pays de la"Samba" à l'allure frêle (73 kg pour 1,75 m ) est devenu la nouvelle coqueluche et l'idole des fans étoilistes. Décrié à ses débuts sous les ordres du coach marocain M'hammed Fakher, il est en passe de devenir l'une des pièces maîtresses de l'échiquier de Mondher Kbaier, le nouvel entraîneur des "Diables Rouges". Si ce n'est déjà fait. Avec sa technique hors pair, sa visita et surtout son intelligence dans l'exécution des balles arrêtées, Danilo peut être considéré actuellement comme l'un des meilleurs joueurs étrangers évoluant dans le championnat de la L.P 1 tunisienne. Dans cette interview qu' il nous accorde, il revient sur les circonstances qui l'ont conduit à signer au profit de l'Etoile, sur sa vie à Sousse, sur ses ambitions sportives avec son nouveau club tunisien sans oublier les sentiments éprouvés lors de cette Révolution du 14 Janvier en Tunisie qu'il a vécue avec autant de passion et d'émotion que nous autres tunisiens. Ecoutons-le. Comment avez-vous atterri à l'Etoile ? DP:Je jouais sous les couleurs de Bragatinio, un club de seconde division brésilienne.Un concours de circonstances avait conduit notre entraîneur adjoint actuel Mohamed Mkacher à se déplacer au Brésil et à me superviser lors d'un match officiel de notre championnat. Aussitôt après, des contacts ont été noués entre les dirigeants étoilés et mon agent. De longs pourparlers ont suivi pour la conclusion du transfert. Pour moi, c'était un saut dans l'inconnu et une nouvelle aventure à vivre dans un pays qui se trouvait à des milliers de kilomètres du Brésil. Au début, je nourrissais quelques appréhensions et ressentais de la nostalgie pour mon pays. La fameuse "Saudade". Je me suis engagé la peur au ventre.Mais à présent, je ne regrette pas d'avoir fait ce choix. Vous paraissez satisfait de votre séjour en Tunisie ? DP: Je ne peux pas dire le contraire.Le courant passe avec tout le monde.Mon intégration dans le groupe s'est faite beaucoup plus facilement que prévue, et ce, en dépit des petits problèmes de communication tout à fait prévisibles au début.Je parlais peu et mal le français. Heureusement qu' il y a mon compatriote Santos Silva qui m'a beaucoup aidé et encouragé à m'adapter à ma nouvelle vie. En dehors du sport, je sympathise beaucoup avec les supporters et les habitants de Sousse qui me témoignent amitié et respect. Au passage, je dois les remercier car ils m'ont chaleureusement soutenu et ont "supporté" mes débuts chancelants sous la conduite de l'ex-coach M'hammed Fakher.Grâce à leurs encouragements et à leur compréhension, j'ai repris confiance en mes moyens et j'ai retrouvé le plaisir de jouer.J'espère être à la hauteur de leur attente et contribuer à les rendre heureux à travers les bons résultats de l'Etoile dans toutes les compétitions. Vous découvrez le football tunisien... DP: A vrai dire, je dois reconnaître que j'ai été agréablement surpris par les structures professionnelles dont dispose l'Etoile du Sahel : infrastructure sportive, c'est un club bien organisé, bien géré qui n' a rien à envier aux grandes équipes européennes et d'Amérique latine.Son palmarès continental et national est d'ailleurs là pour en témoigner. Pour ce qui est du championnat, je suis impressionné par l'engouement et la passion des Tunisiens pour le football.L'ambiance des stades me rappelle la même ferveur au Brésil, en Argentine et au Mexique.C'est un public chaud et connaisseur qui pousse ses favoris au surpassement. Par ailleurs, la compétition est relevée et très disputée.Mis à part les grandes équipes qui ont l'habitude de disputer les trophées, j'ai remarqué que les clubs communément dits "petits" sont difficiles à manier, surtout lorsqu'ils évoluent dans leur fief. Ce sont des équipes accrocheuses et tactiquement très disciplinées.Ce qui fait que le niveau est sensiblement proche. Tant que l'émulation est vive et la rivalité saine, cela ne fera que du bien au football tunisien. Que pensez-vous de cette longue trêve dictée par les circonstances que vous connaissez ? DP: Personnellement, je vis très mal cette longue rupture de la compétition.Je ne suis jamais resté plus de deux mois sans jouer de match officiel.Je pense que c'est pénible et douloureux.Tout le monde en pâtit.Les joueurs finissent par s'ennuyer et par se décourager, faute de motivation.Le coach a du mal à mobiliser ses troupes et à leur faire garder la concentration.Les matches amicaux, si disputés soient - ils, ne peuvent remplacer ceux officiels, cela sans parler des employeurs qui ont des obligations financières à honorer et trouvent d'énormes difficultés à gérer la situation.Le public s'impatiente pour retrouver l'ambiance et la chaleur des stades.En un mot, nous sommes tous perdants.Je comprends les raisons d'Etat qui ont dicté ces mesures sécuritaires et je souhaite que tout rentre dans l'ordre le plus tôt possible.Croyez -moi, je suis triste lorsque je vois des Tunisiens chagrinés et malheureux.J'ai hâte des les voir souriants, gais et chaleureux comme d'habitude.Cela me réconforte et me rassure. Justement, comment avez-vous vécu les péripéties de la Révolution du 14 Janvier ? DP: Tout au long de cette période, je me sentais beaucoup plus tunisien que brésilien.Je ne pouvais qu'être du côté de ceux qui m'ont accueilli et adopté comme un des leurs.J'étais comme eux inquiet et attentif à tout et à tous.Je ne cessais de demander des nouvelles de mes coéquipiers et de la suite des évènements.Ce qu'ont fait les jeunes Tunisiens est vraiment fantastique. Ils ont donné au monde entier un exemple de bravoure, de conscience et d'attachement aux valeurs nobles de liberté et de démocratie.J'espère que la Tunisie libre retrouvera sa sérénité et je souhaite que le peuple tunisien soit plus que jamais uni et solidaire.