• «Dans cette version de la geste hilalienne, se trouvent réunies en Jézia, l'ascendance noble, la position prééminente, la beauté parfaite, la filiation accomplie, la perfection des vertus et la sagesse dans la conduite des affaires publiques. En fait, elle est de la race de Zénobie de Palmyre, de Didon de Tyr, de Sophonisbe de Carthage et de Balquis du royaume de Saba» (Pr Riadh Marzouki) Jazia l'hilalienne ou «Un récit du patrimoine populaire» est une œuvre publiée pour la première fois par la MTE (Maison tunisienne de l'édition) en novembre 1978 par M'hamed Marzouki (Douz 1956 - Tunis 1981), célèbre écrivain, poète, journaliste, historien et chroniqueur radiophonique. Son récit consacré à l'épopée hilalienne tient autant de la tradition orale recueillie par ses soins qu'à son propre talent d'écrivain. Il a laissé à la postérité trente-deux ouvrages publiés et de nombreux manuscrits en instance de l'être. Une traduction qui rend justice à l'original Il est communément admis que les traductions, d'une langue à une autre, sont comme les femmes. Lorsqu'elles sont belles, elles ne sont pas fidèles, et lorsqu'elles sont fidèles, elles ne sont pas belles. Excepté dans le cas de Anouar Attia dont les œuvres en langue française ont été plusieurs fois primées, la traduction de Jézia l'hilalienne n'a pas été un exercice de corde raide entre les deux exigences de fidélité. De l'avis même du Pr Samir Marzouki qui écrit : «Il est rare qu'une traduction soit belle en même temps que fidèle. Celle-ci l'est à coup sûr. Anouar Attia avec la rigueur et la passion qui le caractérisent, en transposant en français l'œuvre de M'hamed Marzouki, Jézia l'hilalienne, a su conserver intactes, dans sa traduction, les beautés de l'original auxquelles on n'avait pas encore su rendre suffisamment justice». L'épopée des Béni Hilal est une passionnante saga qui se déroule sur plus de deux ou trois générations. Ecrite dans un dialecte de la Haute Egypte, sa prose rythmée dans les dialogues exprime de façon transposée l'émotion et la musicalité des tournures de cette œuvre. C'est là tout le génie de la traduction de Anouar Attia qui a su admirablement restituer l'exaltation lyrique et épique de cette geste hilalienne. L'exaltation de l'idéal du monde bédouin et d'une civilisation orientale dominée par l'esprit du clan et de l'appartenance à la tribu. La survivance d'un mythe Cette geste hilalienne dont les sources les plus lointaines remontent à l'aube de l'Islam en Terre d'Arabie, est dominée par une figure centrale: Jézia l'hilalienne. En vertu de l'ascendant moral et politique qu'elle exerça sur les siens, cette héroïne quasi mythique a nourri les fantasmes de plusieurs générations d'Arabes qui voyaient dans ses exploits un semblant de remède à leur triste présent. Elle est réputée également pour sa beauté qui était légendaire et pour son abondante chevelure qu'elle portait comme un diadème sur la tête. Dans le long combat qu'elle mena, elle s'est toujours sacrifiée au prix de son bonheur pour assurer la sécurité et la prospérité des siens. Alors que son cœur était follement épris d'Abouzeid, preux chevalier des Béni Hilal, brave et vaillant, elle épousa tour à tour le Chérif Chokr Ibn Hashem, émir de la Mecque, «L'homme aux sept tares physiques» et Madhi, émir de la tribu des Mogareb. Après l'Arabie, la Syrie et l'Egypte, les Hilaliens se retrouvèrent en Ifriqiya, l'actuelle Tunisie. Ils étaient dépêchés par le Kalife d'Egypte pour se venger et punir ainsi l'émir de Tunis, Moez Ibn Badis, coupable d'avoir rompu ses liens de vassalité avec son suzerain égyptien. Dans ces longues années de luttes intestines sanglantes pour la conquête du pouvoir, Jézia sera amenée à affronter dans un ultime combat corps à corps avec le pourfendeur et assassin de son bien-aimé, Abouzeid, le courageux Dhiab. Blessée à mort, elle ne survivra pas à ses blessures. Voilà, sommairement, les principales péripéties de cette épopée qui raconte en vers et en prose les exploits d'une femme en laquelle s'est identifiée toute une nation. Dans cette épopée où intervient dans une grande part le merveilleux, l'inspiration épique et toujours présente dans une forme critique et parodique. Et si par moments, le caractère des dialogues s'estompe ou s'altère, l'habileté de la traduction prend le pas sur l'inspiration. Jezia l'hilalienne de M'hamed Marzouki traduit de l'arabe par Anouar Attia Editions Sahar-Janvier 2011