Dans les années 60, il y avait tout un souk entièrement occupé par une bonne vingtaine de tamisiers, vu la forte demande, car chaque ménagère possédait chez elle au moins six tamis. Puis, avec l'évolution de la vie dans tous les domaines et l'invasion des produits de consommation prêts à l'emploi, la plupart des ménages ont délaissé le tamis. De nos jours, on constate avec regret qu'il n'existe plus qu'un seul tamisier, les autres étant décédés, ou ayant abandonné un métier qui n'est plus lucratif. Ainsi, M. Slah Ben Othman Ghribi, qui continue d'exercer ce métier qu'il a appris grâce à son père, est plutôt pessimiste : «Aujourd'hui, seules 8% des familles kairouanaises continuent de préparer chez elles la oula pour l'hiver. Et c'est pour elles que nous continuons de travailler et de fournir des tamis en tous genres, le sakkat, le hakkaâk, ou le talaâ. Avant, le tamis coûtait 1D, maintenant son prix varie entre 7 et 11D. Pour la promotion de notre métier, il faudrait sensibiliser les consommateurs au fait que le couscous qu'on prépare chez soi est nettement meilleur que celui qu'on achète dans les magasins. De plus, il ne contient pas de produits de conservation et il est bénéfique pour la santé. Il faudrait aussi qu'on apprenne à nos filles les différentes opérations de préparation de la semoule roulée en grains, car les femmes expérimentées dans ce domaine se font de plus en plus rares…»