La bonne gestion financière et sa bonne marche reposent toutefois sur la création d'une société financière dont le statut est assimilé à une société de capital risque conformément aux dispositions de la loi tunisienne. L'objectif primordial est la gestion de portefeuilles d'actions, de participations et des avoirs liquides qui existent et peuvent éventuellement exister. Sa principale mission est de gérer le portefeuille de participations dans les différentes sociétés qui appartenaient aux innombrables membres des familles de l'ex-président ainsi que les avoirs liquides laissés par les deux familles qui, a priori, sont actuellement listés et non encore arrêtés. Sa deuxième mission est de suivre la liquidation des autres propriétés foncières immobilières, terrains, maisons, voitures, etc. qui vont être cernés et recensés. Au fur et à mesure de la liquidation de ces biens, la société renforcera ses positions par les produits des ventes. Elle constituera la partie civile dans toutes les affaires de ce genre pour récupérer ce qui peut être récupérable des avoirs dérobés vers l'étranger. M.Baazaoui précise dans ce même contexte que «le capital risque sera constitué par au moins les sommes liquides saisies dans le domicile de l'ex-président et qui s'élèvent selon le président de la commission d'investigation des affaires de corruption à 40 millions de dinars. Ce capital est en mesure de créer une telle société capable d'être à la mesure de réaliser les objectifs les plus optimistes en matière d'investissement. Certainement, l'administration a procédé à d'autres saisies et blocages que la majorité des gens en ignorent l'ampleur et l'importance. Ces montants liquides cumulés constituent le capital social de la société. A croire les estimations diffusées par la presse, même internationale, la fortune de Ben Ali seul s'élève à 5 milliards de $ ce qui équivaut à peu près au 1/3 du budget de l'Etat tunisien. Cette fortune ajoutée aux autres constituera peut -être l'assise financière de cette société». Une telle société se substituera, dans le capital des différentes sociétés, les anciens membres de la famille simplement en remplaçant ceux-ci à hauteur de leurs participations. A titre d'exemple, si la participation de Sakhr el Matri ou de Belhassen Trabelsi ou de Mabrouk dans une quelconque société est à hauteur de 30 %, cette nouvelle société va tout simplement prendre sa place et ses droits sur la base d'une expropriation autorisée par une loi globale et générale. Monsieur le ministre des Finances peut être à l'origine de cette loi ou décret pour ne pas solliciter l'intervention de l'Etat à chaque opération concernant les milliers d'opérations de ce genre. De cette manière, les anciennes sociétés, dans lesquelles ces déchus étaient actionnaires, vont continuer leurs activités normales et jouer leurs rôles dans l'économie sans qu'elles soient chambardées ou gênées par une quelconque expropriation de l'Etat. Cette substitution légale se fera sur la base d'une loi souveraine qui remplacera celle de l'expropriation de l'Etat et évitera les mille et un problèmes qui résulteront de la mainmise de l'Etat sur ces avoirs. Evidemment, le cadre juridique doit être clair et légal pour que cette opération se réalise dans un cadre de transparence et de clarté. D'autant plus que l'avantage de cette procédure est de garantir le regroupement et la centralisation de toutes ces participations à travers la promulgation d'une seule loi et pour le compte d'une seule société. Le patrimoine immobilier non encore cerné Cette société aura aussi à intégrer les liquidités provenant de toutes les propriétés foncières appartenant à tous les suspects ainsi que toutes autres propriétés mobilières susceptibles d'être liquidées et vendues. Ce patrimoine prendra certainement du temps pour être répertorié, arrêté et liquidé. Toutefois, le produit des ventes de ses valeurs servira en premier lieu, ou exclusivement, à acquérir de nouvelles participations dans les groupes des sociétés auxquels elle est déjà associée pour renforcer ses positions et garantir des revenus, des rentes et des dividendes croissants et élevés capables d'assurer l'alimentation durable des besoins de financement des investissements dans les régions. Par ailleurs, retient le directeur du projet, «après classement des zones ou gouvernorats par ordre de nécessité et de priorité d'intervention, des conseils de développement régionaux «CDR» devront être créés et seront les membres associés de cette société. Leurs statuts dans cette société sont ceux d'actionnaires prioritaires dont les droits sont déjà définis par la loi en vigueur. Ces CDR peuvent être soit sous l'autorité de la tutelle, gouverneur, soit autonomes. Dans le cas de CDR autonomes, ils peuvent se regrouper sous forme d'une association de développement régionale dont les membres sont choisis au niveau régional parmi les diplômés de la zone. Leur participation doit être rémunérée à plein temps et au fur et à mesure des investissements, chacun peut être désigné chef de projet en assurant la coordination entre les différents intervenants pour la bonne marche et l'achèvement dudit projet». Le conseil de développement régional de chaque gouvernorat «se chargera de veiller à définir les investissements par ordre de priorité, d'assurer le financement, le suivi et d'assister ces projets durant leur durée de vie. A la fin de chaque exercice, ce conseil arrêtera les nouveaux besoins d'investissement sur la base des rentrées prévisionnelles de la société financière et donnera un compte rendu des actions réalisées ou en cours de réalisation à la fois à la société financière et à une assemblée générale qui réunit tous les CDR». On note à ce niveau «que cette liste n'est pas limitative, elle peut s'allonger et couvrir tous les gouvernorats mais, au départ, la priorité est aux zones défavorisées que tout le monde semble d'accord sur leurs identifications». Avec le statut d'actionnaires prioritaires, ces associés n'ont pas un droit de gestion sur la société financière. Leurs droits se limitent uniquement à jouir des dividendes et revenus des portefeuilles de la société financière, voter pourquoi pas la répartition des revenus mis à leurs dispositions par la société à chaque fin d'exercice au prorata de leurs participations. Et pourquoi pas un rôle de consultant sans que leurs propositions soient contraignantes. De la même manière, la société financière n'a pas de droits de regard sur les projets décidés ni sur la nature de l'utilisation des fonds, c'est du ressort exclusif de ce conseil d'arrêter ses priorités de développement. Elle doit veiller à la bonne gestion du portefeuille en sa possession avec toutes les obligations professionnelles qu'elle doit assumer et assurer, comme toute société financière de la place. Elle doit être gérée par des professionnels de la finance et de la gestion des portefeuilles. Toutefois, pour les projets des jeunes promoteurs qui feront l'objet de cautions, c'est à la société de décider de leurs sorts. En d'autres termes, cette société jouera le rôle de gestionnaire de fortune pour les différents conseils de développement régional et d'assistance pour les nouveaux jeunes promoteurs. Elle les accompagnera dans l'étude, l'encadrement, le montage et le financement auprès des institutions de crédit.