BANGKOK, 3 avr 2011 (TAP) - La crise de confiance autour du nucléaire va avoir des répercussions sur les négociations internationales sur le climat, quidevaient reprendre ce dimanche à Bangkok sous l'égide de l'ONU, assure le négociateur en chef de l'Union européenne, Artur Runge-Metzger. "Le nucléaire est l'une des options énergétiques qui émet très, très peu de gaz à effet de serre (GES)", à l'origine du changement climatique, a déclaré dimanche M. Runge-Metzger, lors d'une conférence de presse. "Quand on regarde le mix énergétique planifié par certains pays, le nucléaire joue un rôle important", mais, depuis l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima, au Japon, "on se demande dans nombre de ces pays si c'est la bonne option énergétique", a-t-il ajouté. Pour le négociateur européen, "il va y avoir beaucoup de considérations politiques" et "très clairement, ceci va avoir des répercussions sur les négociations internationales sur le climat". Plusieurs pays émergents, dont les émissions de GES ont fortement augmenté ces dernières années en raison de leur rapide développement, ont marqué leur intérêt pour le nucléaire civil. Ceci ne doit pas, pour autant, entraîner une baisse du "niveau d'ambition" dans la lutte contre le changement climatique, a estimé le négociateur. "Il faut trouver un moyen d'avancer", a déclaré M. Runge-Metzger, insistant sur la nécessité "de repenser la façon de développer" les technologies alternatives, telles que les énergies renouvelables. "Cela pourrait devenir un peu plus cher, mais à la fin, nous voulons sauver nos vies et celles de nos enfants", a-t-il ajouté. Il a indiqué que l'UE allait revoir cette automne sa feuille de route pour 2050, en prenant en compte des "scénarios où la part du nucléaire serait plus faible" pour "voir quelles en seraient les implications". Le chef économiste de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) Fatih Birol a déclaré vendredi que la catastrophe de Fukushima allait "peser lourdement" sur la lutte contre le changement climatique. Un abandon partiel du nucléaire devrait entraîner, selon lui, un recours supplémentaire aux énergies fossiles (gaz et charbon), entraînant une hausse de 0,5 gigatonne supplémentaire de CO2 en 2035, soit "cinq années de croissance des émissions mondiales". Outre le contexte énergétique, les négociations sur le climat débutent en 2011 dans un contexte "politique bien plus difficile que l'an dernier", a estimé le négociateur européen. Il a plus particulièrement fait référence à la situation aux Etats-Unis, deuxième émetteur de CO2 au monde, "où les Républicains tentent d'entraver tout mouvement dans la bonne direction de la part de l'administration Obama". Cette "impasse" aura aussi "un impact sur les négociations internationales" sur la lutte contre le changement climatique, a déclaré M. Runge-Metzger. De son côté, le négociateur en chef américain, Jonathan Pershing, a cherché à rassurer dimanche les délégations de plus de 190 pays réunies à Bangkok pour la reprise des négociations, trois mois après l'accord de Cancun (Mexique). "Je veux vous réaffirmer que nous respecterons notre engagement" de réduire d'ici 2020 les émissions de GES de 17PC par rapport à 2005, a-t-il déclaré lors d'une présentation par plusieurs pays développés des actions entreprises dans ce domaine.