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La floraison des partis politiques, un signe de vitalité et de dynamisme de la vie politique Transition Démocratique - 3 questions à : M. Mustapha Baccar (universitaire)
Que pensez-vous des deux modes de scrutin proposés par l'Instance supérieure ? Comme il a été présenté par l'Instance, chaque mode de scrutin présente des avantages et des inconvénients. Pour ma part en tant qu'universitaire et observateur de la vie politique, je pense qu'il faut faire participer le maximum de partis et de tendances politiques de manière à ce que les différentes sensibilités soient présentes dans la future Assemblée constituante. Je suis convaincu que le mode de scrutin uninominal permet de créer des relations directes entre l'électeur et le candidat. Quant au scrutin aux listes proportionnelles, il favorise les grands partis politiques solidement établis sur la scène politique nationale et ayant une tradition des campagnes électorales, les secrets des alliances et les grands moyens d'influencer les choix des candidats. Ainsi, faut-il penser à l'institution d'un mode de scrutin qui concilierait les deux systèmes dominants, l'objectif principal étant de faire en sorte qu'aucune tendance politique ou sensibilité intellectuelle ne se sente écartée ou privée de son droit absolu de participer à l'édification de la Tunisie réellement démocratique et pluraliste. D'après vous, quel mode conviendrait le mieux pour l'élection de la prochaine Constituante ? A l'instar de plusieurs constitutionnalistes, intellectuels et hommes politiques dont l'ambition suprême est de faire réussir la révolution du 14 janvier 2011 et d'empêcher qu'elle soit confisquée ou récupérée par les professionnels de la politique politicienne, je suis persuadé qu'il faut pousser le débat au sein de l'Instance supérieure vers l'adoption d'un système mixte qui prendrait en compte les avantages des deux systèmes initialement proposés. Ainsi, les régions seront représentées, la présence des partis politiques, quels que soient leur poids ou leur audience sera assurée et la parité hommes-femmes sera également garantie. Que pensez-vous de la prolifération des partis politiques et quelles seraient les forces qui pourraient animer la vie publique nationale de manière à éviter les dérapages ? La floraison des partis politiques est, pour moi, un signe de vitalité et de dynamisme politiques et montre que les Tunisiens qui ont été longuement et injustement privés d'exercer leur droit fondamental à décider de leur avenir ont accédé aujourd'hui au statut de citoyens à part entière, des citoyens qui sont déterminés à façonner, eux-mêmes et loin de toute tutelle ou mainmise, la Tunisie de demain. A l'opposé de ceux qui émettent certaines craintes vis-à-vis du prochain paysage politique national qui émergera des résultats des élections de l'Assemblée constituante, ma conviction est que trois ou quatre grands courants s'imposeront sur la scène politique nationale. Il y aura sûrement les libéraux du centre, les islamistes, les partis de gauche qui finiront par revenir à la raison pour créer un front qui les rassemblera tous et les nationalistes arabes. Reste aussi que la vie politique nationale sera marquée, à l'avenir, par une présence de plus en plus accrue et active des organisations non gouvernementales et des associations qui n'interviendront pas directement dans le débat purement politique mais qui auront un rôle important à assumer en matière de conception et d'exécution des orientations et des choix de ces mêmes partis.