Les établissements éducatifs doivent être consacrés exclusivement à l'éducation et non aux activités politiques. "Il n'est pas normal que l'un des partis politiques investisse par la force l'enceinte d'un établissement éducatif pour organiser une activité politique", s'exclame M. Taïeb Baccouche, ministre de l'Education qui a tenu hier une conférence de presse au siège de son département. En même temps, des manifestants en sit-in sous les fenêtres du ministère demandent du travail et scandent des slogans peu élogieux. Le ministre estime qu'il a consacré un temps important et utile pour rencontrer des centaines de ces manifestants afin de connaître leurs doléances. Il a même rencontré leur avocat qui était mal informé. "Il croyait que le ministère ne voulait pas discuter avec les manifestants, ce qui n'était pas le cas", insiste le ministre. Et d'ajouter "Nous ne pouvons pas recruter ces demandeurs d'emploi par nomination et laisser les autres, sinon, nous risquons de refaire les mêmes erreurs que l'ancien régime. Aujourd'hui, c'est l'équité et la transparence qui doit primer selon des critères bien clairs pour permettre à tous les intéressés de participer au concours". Elections libres et transparentes Par ailleurs, des conseils d'établissements éducatifs seront constitués. Ils regrouperont les représentants de l'administration, des enseignants, des élèves et des parents. Pas question, cependant, que des partis politiques y participent. Les membres chargés de la gestion de ces établissements seront donc élus. Le conseil est chargé avec le directeur de l'école de certaines activités internes dont la protection de l'établissement. Le ministre a lancé à tous les partis politiques : "il faut que les établissements éducatifs demeurent un lieu pour le savoir et nous ne préférons pas la solution sécuritaire pour résoudre ce problème". L'orateur a indiqué en outre que certaines commissions de protection de la révolution sont constituées à l'insu de tout le monde pour refuser la nomination d'un tel ou tel directeur, ce qui n'est pas acceptable. "S'il y a un désaccord dans la nomination d'un directeur, il faut envoyer une requête et le ministère ne ménage aucun effort pour mener son enquête et décider de le remplacer si les accusations s'avèrent fondées". "La légalité ne peut être obtenue que par des élections libres et transparentes et une centaine de personnes qui manifestent dans la rue ne peuvent pas dire qu'ils représentent le peuple tunisien", indique l'orateur. C'est qu'un remou a été constaté lors de la nomination de directeurs dans les écoles préparatoires et les lycées dans la mesure où il n' y avait pas de critères pour cette tâche. Le ministère compte mettre en place des critères clairs et annoncés pour permettre à toutes les compétences de présenter leurs candidatures. C'est ainsi que le ministère compte rompre avec les méthodes utilisées sous l'ancien régime. Le ministre a fait remarquer, par ailleurs, qu'un certain laisser-aller a été constaté aussi bien au niveau des élèves qu'à celui des enseignants. Les élèves ne peuvent pas se soulever contre leur enseignant mais doivent le cas échéant présenter une requête à qui de droit et l'administration prendra les dispositions qui s'imposent. L'administration et les enseignants doivent, eux aussi, respecter les élèves, estime M. Baccouche. Le respect doit être mutuel. En outre, la perturbation des études ne justifie en aucun cas la tricherie dans les examens. Les injustices seront réparées Répondant aux élèves qui demandent une salle de prière dans l'école, le ministre a indiqué que les salles déjà en nombre limité sont destinées à l'étude. Les lieux de culte sont ouverts pour la prière. Le ministre a en outre indiqué que la liberté d'habillement est consacrée, mais il n'est pas question que la fille s'habille de voile total à la manière afghane à l'école. Par ailleurs, plusieurs écoles ont été endommagées lors des récents évènements. C'est pourquoi un fonds peut être alimenté par les personnes aisées dans les régions pour restaurer les établissements qui en ont besoin. Le budget de ce fonds sera géré de façon transparente et rationnelle. Le ministère compte établir de bons rapports avec les médias et être présent sur Facebook tout en relookant son portail. Répondant aux questions des journalistes, le ministre a été rassurant : les injustices seront réparées dans la mesure du possible en respectant, cependant, "la justice transitoire" précisant que la corruption avait gagné toutes les institutions de l'Etat. L'examen du Baccalauréat se déroulera dans les meilleures conditions avec renforcement de la sécurité dans les centres d'examen et de correction. Le ministère va coordonner ses actions avec le ministère de l'Intérieur et celui de la Défense nationale. Pour ce qui est de l'avenir du système éducatif, une étude approfondie sera élaborée et des recommandations seront fournies au prochain gouvernement. Pour ce qui est des directeurs, par exemple, le choix sera fait sur la base des élections conformément à des critères clairs et précis (compétence, discipline, comportement…) et ce, pour assurer la direction adéquate de l'école. Le ministre estime, d'autre part, que la décision d'enseigner l'Anglais depuis la troisième année était précipitée sous l'ancien régime. Une commission va réfléchir à ce sujet pour intégrer cette langue progressivement en commençant par la cinquième année, puis la quatrième… Pour la langue française, elle est enseignée à partir de la troisième année, puis de la deuxième année. La commission va se pencher également sur le bac sport et proposer son maintien ou son élimination. Concernant le Capes, la réforme n'est que provisoire pour satisfaire de demandes objectives, mais des recommandations seront formulées au prochain gouvernement en vue d'introduire des changements en profondeur. Après la session de 2011, une autre session pourrait être ouverte en 2012 pour le recrutement des enseignants conformément à une nouvelle version du Capes. Les personnes qui ont dépassé l'âge légal, pourraient bénéficier d'aides en vue de créer leur propre projet dans un secteur donné. Le ministre estime que l'enseignant a le droit d'améliorer ses connaissances en bénéficiant des sessions de formation continue et de recyclage en vue d'ouvrir de nouveaux horizons scientifiques et pas uniquement professionnelles.