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«Dégagement» et laïcité (2e partie)
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 04 - 2011


Par Samir Mestiri
Au fait, entendons-nous bien, qu'est ce qu'un état laïque ? Voilà une autre notion très controversée qui devient en cette période post-révolutionnaire source de tous les malentendus, voire de conflits. Ce n'est pas —comme on a tendance à le croire— un état areligieux ou athée, cela n'a aucun sens, mais plutôt l'expression d'un souci d'indépendance totale, au sein d'une société quelle qu'elle soit, entre l'organisation politique de l'Etat et toute option religieuse ou politique particulière et à un degré plus poussé (le niveau philosophique), c'est la reconnaissance du pluralisme culturel, donc le refus de toute référence à une vérité révélée, le refus des certitudes et des évidences «meurtrières»…
Ainsi, la laïcité n'est pas seulement la coexistence des communautés religieuses, mais un espace politique qui permet à cette tolérance de s'exprimer sans courir le risque de «l'inquisition» ou des «fetwas assassines». Sans tolérance, sans démocratie, point de laïcité, point de paix sociale…Et les rapports conceptuels entre la tolérance et la laïcité peuvent s'établir à partir d'un système de trois propositions que je résumerai ainsi :
1-Personne n'est tenu d'avoir une religion plutôt qu'une autre : le choix de la religion demeure libre pour chacun, on peut même choisir deux religions ou plus comme les Japonais (à la fois boudhistes et shintoistes) ou les bahaïs qui, à l'unicité religieuse, ont préféré la pluralité et l'éclectisme ; (le bahaïsme qui est actuellement une religion interdite en Iran, est une sorte de synthèse de toutes les religions qu'elles soient monothéistes ou polythéistes).
2-Personne n'est tenu d'avoir une religion plutôt qu'aucune. Le choix de la religion ne doit pas être perçu comme une contrainte. Choisir n'est pas s'exclure ni exclure l'autre. Ceci présuppose donc non seulement la liberté du choix mais aussi le respect des autres croyances religieuses ou athées (la croyance n'est pas que religieuse). Ce que je crois être «ma» vérité n'est pas forcément la vérité pour les autres. Elle l'est seulement pour moi. Toute vérité, toute conviction, loin d'être une certitude absolue, est relative, donc limitée.
3- Personne n'est tenu de n'avoir aucune religion. La laïcité ne veut nullement dire suppression de la croyance comme c'est le cas dans l'idéologie communiste où la religion est associée à «l'opium du peuple». La laïcité devient alors synonyme d'areligion. Chacun est libre de croire ce qu'il veut, tout en respectant les autres croyances, on ne peut imposer l'athéisme comme un substitut de croyance…
La liberté de culte, un principe majeur
Il en résulte donc que la croyance demeure dans tous les cas une affaire privée, ce qui veut dire non obligatoire. On ne peut imposer à quiconque de pratiquer par exemple la prière s'il juge que ce rituel n'a rien d'éthique puisqu'on peut être un parfait pratiquant – musulman, chrétien, boudhiste…tout en trichant avec les préceptes religieux, comme boire de l'alcool entre deux prières. A quoi nous servirait dans ce cas la religion si elle n'est pas relationnelle et si elle conduit à l'hypocrisie la plus abjecte, à l'intolérance, à l'exclusion, pire au meurtre (le jihad) et si elle ne «relie» pas l'homme à son prochain ? La prière peut tuer la foi si celle-ci se réduit à un réflexe quotidien dénué de sens. Elle peut même tuer le dieu-amour que chaque religion met en avant comme une essence éternelle et non comme une existence temporelle. Dieu n'existe pas —comme un «étant pour»— mais «est» pour toujours et pour tous.
La liberté de culte doit être le principe majeur non seulement de la laïcité mais aussi de l'éthique philosophique. Car si le premier sens de ce mot renvoie à la dimension morale de nos actions, ce qui est permis et ce qui est défendu (haram), le second, le sens philosophique qui renforce la laïcité, lui, renvoie à une dimension plus personnelle : c'est la manière dont nous nous éprouvons et nous nous assumons comme subjectivités vivantes et agissantes ; c'est, en d'autres termes, la dimension subjective et réfléchie des valeurs religieuses ou autres ; la façon dont chacun se conduit et se définit comme sujet libre par rapport aux normes…
«Dégage» récupéré ainsi par les forces contre-révolutionnaires se mue en substantif pur exprimant la haine et toute l'intolérance de ces « frères » qui se montrent offensés voire scandalisés par la laïcité qui serait d'après eux une voie d'entrée pour le sionisme et la dépravation...
Maintenant, au plan pragmatique, ce slogan («dégage») est à la fois phatique (vous n'avez pas le droit de parler) et métalinguistique (vous n'avez pas le droit de parler ainsi). Deux slogans qui ont la même structure de surface (Chomsky) mais qui ont deux structures profondes très différentes. Dans un cas, «dégage» est démocratique, dans l'autre, il est anti-démocratique. Cette ambigüité sémantique montre aussi toute la fragilité de cette révolution qui risque d'être un mort-né, étouffée dans l'oeuf.
Le «Dégage» initial, fortuit, foudroyant et quasi instinctif des manifestants en colère est un contre-discours foncièrement corrosif et décapant. Quasi nietszchéen. Il n'a pas de justification ni de pièces à fournir. C'est une sommation massive et immédiate. Elle ne souffre aucune rémission, aucun compromis. C'est la négation exacerbée de l'autocratie et de la mystification. C'est «la lumière de demain» par opposition aux «passions» qui sont tristes. «La haine est triste», écrit Alain dans Propos sur le bonheur.
Ce condensé elliptique, non redondant et aussi bref qu'un jaillissement fulgurant refuse de nommer le sujet. Intransitif, il se limite à l'action. Il crache sa haine brute. Sans objet précis. Imparable comme la mort. Une pragma absolue. Autrement dit : «il faut partir illico presto»; une obligation à souscrire à une volonté générale ferme comme le béton. Incendiaire et acide.
Ce mot magique eut l'effet d'une catapulte lancée sur le palais présidentiel puisque c'est Zaba —et non le martyre— qui fut obligé de dégager et en vitesse. Le martyre a succédé à son bourreau. Partout, Le 7 novembre pitoyable de l'ancien régime est remplacé par le 14 janvier victorieux de Bouazizi. L'histoire lexicale se réécrit aussi sur les murs et les petites pancartes. L'éjection de Zaba par les airs fut fulgurante. Personne ne s'y attendait, pas même son chef de sécurité, le tristement célèbre Seriati…
Dégage, un cri d'enfant
A sa sortie, le ciel se dégagea d'un gros nuage noir qui a pesé comme une chape de plomb et de béton sur le pays durant deux interminables décennies. Et ce fut le commencement de la délivrance et du nettoyage des déjections de l'ancien régime au karcher...Zaba n'est plus qu'un mauvais souvenir, la fin d'un cauchemar mauve. Mais le rêve a fait long feu, aussitôt, il fait place à une crise indescriptible puisque les hommes de main de Leila continuent toujours de semer le chaos en saccageant, en brûlant et en tuant... Le spectre de la première dame continue à planer sur le pays comme un dieu malfaisant.
«Dégage» est enfin un cri d'enfant multiplié à l'infini qui dit tout le mépris et toute la haine qu'on peut avoir pour des larbins ministériels ayant perdu tout crédit auprès de leur peuple. «Dégage» se veut surtout une coupure du cordon ombilical. Une rupture totale avec les années noires de l'injustice. Emanant de la masse, il fait fonction d'un décret-loi, c'est la voix de la rue libérée du joug despotique, c'est la voix du parlement du peuple qui, pendant ces derniers jours de février, a élu domicile à la Kasba (ce haut lieu de la contestation politique et du sit-in organisé essentiellement par des gens issus de régions défavorisées. Celui d'el Kobba, par contre, réunit tous ceux qui appartiennent à la masse silencieuse, ceux qui seraient pour le travail et le progrès). Il traduit aussi l'ironie interrogeante et inquiète qui fustige, qui déconstruit ; une ironie comme le taon de Socrate aiguillonne et interroge. «Dégage» relativise l'absolu, sacralise ce qui est la marge et annonce un branle-bas de combat politique qui risque de durer longtemps tant que ce mot n'aura pas épuisé toute son énergie et tant que le peuple n'aura pas été convaincu du contraire…


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