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Lorsqu'un prix Nobel s'intéresse à la Tunisie
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 04 - 2011


Par Badis BOUHADIBA
Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie et ancien-vice président de la Banque Mondiale, était l'invité de marque du Standard Chartered Bank Forum qui a eu lieu à Dubaï au mois de mars. Si la conférence a essentiellement porté sur les pays émergents (en tête desquels la Chine et l'Inde, l'éminent économiste a, néanmoins, à maintes reprises, parlé de la situation économique en Tunisie «pays auquel je porte un intérêt particulier ces derniers mois» disait-il. Il a rappeler que la reprise économique était tout aussi, si ce n'est plus importante que la réforme politique elle-même, dans la mesure où une transition démocratique dans n'importe quel pays ne peut réussir que si elle s'accompagne d'une relance stable de la croissance et ce, à très court terme.
«A la différence de gouvernements élus et qui ont un mandat clair, les gouvernements transitoires (ndlr - de Tunisie et d'Egypte) se doivent de ramener la confiance et ce, dans les plus brefs délais» martelait-il lors de sa conférence. «Et les solutions sont, à mon avis, simples: il faut que les gouvernements investissent massivement et très rapidement». Ce qui semblait être, au départ, un véritable plaidoyer pour un retour au Keynésianisme, devenait une analyse plus fine sur les défis auxquels devront faire face certains pays arabes en pleine période de transition politique et économique.
M. Stiglitz a déclaré que, face à l'urgence, les gouvernements transitoires devaient relancer les grands projets en préconisant l'investissement sur des infrastructures à haute valeur ajoutée et en se posant, selon lui, la seule véritable question «Pour un dollar investi, combien de points de croissance pourrais-je obtenir?». Dans cette logique des choses, il rappelle que les hausses de salaires (même si elles sont justes et nécessaires) ainsi que l'embauche de nouveaux fonctionnaires ne doivent pas être de la responsabilité d'un gouvernement de transition et donc devront être reportées pour privilégier la relance de grands projets d'infrastructure. Il rappelle qu' «une autoroute crée davantage de richesse, plus rapidement et à long terme qu'une hausse généralisée des salaires même si cette question devra se poser pour les futurs gouvernements élus». M. Stiglitz pousse aussi l'analyse à son paroxysme, en rappelant que même la construction de projets d'infrastructure devrait répondre à une analyse rationnelle et ainsi se poser des questions sur quel type d'aménagement du territoire est le plus efficace en termes d'emplois et donc de croissance. M. Stiglitz a ainsi illustré ses propos en reprenant l'exemple de la ville de Canton, en Chine, qui a été reliée par un chemain de fer, non pas à Shanghai ou Pékin (pourtant poumons économiques du pays) mais à une ville portuaire secondaire, plus proche géographiquement que les deux mégalopoles mais moins bien lotie en infrastructures. Résultat, la construction du chemin de fer à coûté moins cher et a permis le développement rapide des deux villes tout en embauchant les compétences locales et en développemant les structures existantes. «C'est cette approche qu'un gouvernement doit privilégier (…) il faut toujours penser à l'optimisation des dépenses publiques», disait-il.
M. Stiglitz rappelle aussi que le développement des nouvelles technologies était un impératif car ces dernières ramenaient de la croissance plus rapidement et à moindre frais. Le développement de centres informatiques de «Silicone Valley» encourage la création rapide de métiers, et ce, à moindres coûts. Les énergies renouvelables sont également à encourager, selon lui, car elles sont à haute valeur ajoutée et peuvent même guider la stratégie énergétique des futurs gouvernements élus. Il a alors illustré ses propos par l'exemple du projet Masdar City (la nouvelle ville écologique près de l'Emirat d'Abu Dhabi) qui, en très peu de temps a ramené un centre de recherche sur les technologies environnementales du MIT, un organe onusien (le seul en dehors de l'Europe et de l'Amérique du Nord) sur les problèmes écologiques et des entreprises spécialisées dans les technologies environnementales, et ce, avant même que le projet ne soit achevé.
Néanmoins, nous avions rétorqué que ces projets creusaient les déficits, risquant même de fragiliser les économies, voire l'emploi et donc la croissance; or ni la Tunisie, ni l'Egypte ne pouvaient se permettre une hausse de leurs dettes. M. Stiglitz avait admis que ces projets d'infrastructures devraient inévitablement être financés par des déficits mais il a tout de même avancé deux arguments: Le premier était que creuser légèrement le déficit de 2 à 3% de plus ne risquait en aucune façon de faire couler ces pays, en particulier la Tunisie qui, depuis l'indépendance, a toujours su maîtriser ses dépenses. Le deuxième argument avancé est, qu'en relançant la machine économique et donc la croissance, le déficit se réduirait plus facilement et beaucoup plus rapidement que si on imposait de la rigueur.
Néanmoins, il est à rappeler que les recommandations avancées par M. Stiglitz ne s'appliquaient qu'aux gouvernements transitoires égyptien et tunisien qui font face à une situation précaire de leurs économies s'agissant, ainsi, davantage d'un Keynésianisme d'urgence que d'une véritable doctrine à long terme. Le prix Nobel 2001 n'hésita pas à rappeler que les futurs gouvernements élus devront relever d'autres types de défis, en premier lieu la réforme de la Fonction publique dans la mesure où il faudra réduire la part des frais de fonctionnement en tête desquels la part consacrée aux salaires des fonctionnaires (il est à rappeler que les frais de fonctionnement de l'Etat en Tunisie représentent plus de 55% du budget de l'Etat avec plus de 40% de ses frais de fonctionnement qui va au payement des fonctionnaires). «Il est inconvenable, rappelle-t-il, qu'à l'heure d'Internet et des nouvelles technologies de l'information, on ait besoin d'autant de fonctionnaires (…) la Fonction publique dans les pays arabes (comme la Tunisie et l'Egypte) coûte trop cher et ne profite pas à la croissance du pays (…) il vaudrait mieux réinvestir ses parts ailleurs dans des projets à forte valeur ajoutée pour l'économie». En tant qu'enseignant à l'Université de Columbia, il s'est également permis d'insister ausi sur la réforme de l'enseignement en avançant que «les universités (tunisiennes et égyptiennes) manquent de visibilité, de moyens et de projets (…) ce qui a tiré la qualité de l'enseignement vers le bas et a altéré l'esprit d'innovation malgré la présence de professeurs et intellectuels de haute qualité, mais qui ont continuellement été empêchés d'agir à tel point que bon nombre d'entre eux ont dû exporter leurs compétences». Enfin, il admet que tous les pays arabes, en particulier la Tunisie et l'Egypte, devraient accélérer la diversification de leurs économies et surtout de leurs partenaires commerciaux car selon lui «les échanges commerciaux vers le Sud rapportent aujourd'hui plus de croissance économique que les échanges commerciaux avec le Nord». M. Stiglitz semblait, à notre avis, assez optimiste sur l'avenir de la Tunisie en rappelant qu'un pays (i.e. Tunisie) qui avait autant investi dans l'éducation et qui avait entrepris des réformes audacieuses pour un pays musulman (en parlant sûrement du Code du statut personnel) «ne pouvait échouer», ou plutôt dirons-nous, n'aurait pas le droit d'échouer.


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