Il n'y a pas qu'en politique que la cohabitation est difficile… Réveillées subitement à l'exercice démocratique et aux vertus de la seule loi des urnes, les associations sportives en font, aujourd'hui, l'expérience. Au bout d'un scrutin en forme d'exemple et de modèle de la voie à suivre, MM. Mehdi Ben Gharbia et Mohamed Ridha Chérif ont été élus respectivement président et vice-président, prenant le relais de M. Saïd Lassoued, démissionnaire depuis voilà deux mois. Sur le coup, on aurait pu croire que, après le Club Africain, le club nordiste était bien parti pour emprunter de nouveaux sentiers et épouser l'air du temps. Sauf que la démission du vice-président, deux jours après son élection, était venue brouiller les cartes et tirer la famille cabiste de l'euphorie générale. Une démission, aujourd'hui, en suspens dans la mesure où M. Chérif a pris le temps de réfléchir, de cogiter et de consulter son colistier, M. Khaled Tarrès, et le président élu, M. Ben Gharbia. Il faut rappeler que M. Chérif s'était présenté au scrutin en tant que colistier de M. Tarrès pour finalement se retrouver à seconder M. Ben Gharbia. Ne nourrissant pas beaucoup d'affinités avec le nouveau patron du club sur le projet de construction du CAB de demain (M. Ben Gharbia parle d'en faire une société privée, une sorte d'entreprise autonome, ce qui n'est pas du goût du tandem Tarrès-Chérif), il en résulte des dissonances cacophoniques. Bref, M. Chérif juge maintenant qu'il faudrait peut-être arrêter les frais à partir du moment où le président et le vice-président ne se trouvent pas sur la même longueur d'onde. Pour la cohérence de la stratégie à mettre en place, pour l'efficacité du travail à entreprendre, il aurait pourtant procédé d'une logique éclatante que le vice-président sorti des urnes appartienne aux mouvances du président. Ce que, en fait, les textes actuels des statuts des clubs ne spécifient pas. D'où les situations burlesques qui peuvent survenir, à l'instar de celle à laquelle le Tout-Bizerte assiste, présentement, médusé. Dure, dure la cohabitation ! Faudrait-il, dès lors, pour parer à ces travers et aux blocages qu'elle produit, amender les statuts des clubs dans le sens d'une mise à niveau répondant aux nouvelles normes post-révolution? Le sport, un vecteur d'employabilité «Une saison blanche représente une issue catastrophique quand on pense que le football fait bosser du joli monde. Rien qu'à l'Etoile Sportive du Sahel, elles sont ainsi près de 300 familles à vivre directement de sport au sein du club». Le témoignage appartient au président de l'ESS, M.Hamed Kamoun lequel invitait il y a un mois à une reprise rapide de la compétition afin de faire redémarrer la mécanique économique du sport en corollaire avec la reprise de la compétition. En ce temps-là, considérant que la priorité était ailleurs, c'est-à-dire à la sécurité dans le pays, plusieurs voix s'élevaient pour appeler tout simplement au gel des activités sportives jusqu'à la fin de la saison. On oubliait du reste que dans chaque association, des joueurs, des entraîneurs, des agents administratifs, des médecins et des kinés… tiraient tous leurs revenus, sinon une partie, du sport et des compétitions. Une saison blanche aurait en tout cas condamné des milliers de gens au chômage, alourdissant ainsi le cortège des sans-emploi. Beaucoup se réjouissent par conséquent de cette reprise tant espérée quand bien même intervient-elle, dans le cas de la Ligue 1, sur fond de quiproquo. Seul le public du club recevant sera ainsi admis dans les enceintes abritant la 15e journée. Quels critères vont servir à distinguer un simple supporter au sujet de son appartenance et de ses véritables couleurs? Cette situation inédite ne risque-t-elle pas de générer certaines situations confuses et embarrassantes? Espérons que non. Une véritable saignée La saignée n'a pas arrêté ! La reprise en Ligue 2 a généré son lot de remaniements techniques souvent enrobés dans le doux euphémisme de la formule accommodante de «séparation à l'amiable». Le dernier week-end s'est ainsi enrichi de deux nouvelles «victimes» sacrifiées sur l'autel du résultat immédiat : Salem Tabassi au Club Sportif de Korba et Zoubeïr Boughenia à l'Association Sportive de Djerba. Le premier a été immédiatement remplacé par Sami Chaâbane, vieille gloire du club cap-bonais. Dans les deux cas, pourtant, il n'y a pas vraiment le feu à la maison, sachant qu'aussi bien le CSK que l'ASD sont loin de flirter avec la zone de la relégation. Mais on peut imaginer qu'une terrible pression pèse sur les dirigeants. La troisième défaite consécutive du CSK a en effet fait réagir Habib Haddad, président des «Vert et Jaune». Cette même pression devient parfois insoutenable pour les présidents des clubs, lesquels préfèrent jeter l'éponge lorsque l'argent vient à manquer et que les soutiens financiers se dérobent sans crier gare. C'est le cas de M. Habib Bdiri, président du Sporting Club de Moknine, lequel a rendu dimanche dernier le tablier. En Ligue 2, également, les perspectives paraissent souvent bouchées. La saison commence même à devenir très longue…