Et s'il n'en restait qu'un, ce sera celui-là… Le président a pris la poudre d'escampette; un éternel candidat en a profité pour s'autoproclamer président par intérim et sauveur du club; quelques énergumènes ont saccagé une pelouse patiemment et amoureusement entretenue; d'autres viennent régulièrement dans l'intention de régler son compte à l'entraîneur; les joueurs sont impayés et font malgré tout de la résistance; des candidats dont on ne connaît ni les programmes, ni ce qu'ils peuvent vraiment apporter au club; des supporters depuis belle lurette aux abonnés absents; des, des, des… et des dizaines d'autres choses que nous préférons taire par pudeur, pour ne pas insulter tout à la fois l'avenir, le dernier carré des vrais supporters et l'histoire d'un club qui a donné à notre football Diwa, Braïek, Moheiddine, Moncef Chérif, Abdelwahab Lahmar, Abdallah, Ahmed Mghirbi, les frères Kerrit, les frères Limam et bien d'autres encore. Le désert des Tartares La situation de Patrick Liewig et du Stade Tunisien nous rappelle étrangement le fabuleux best-seller de Dino Buzzati «Le désert des Tartares», merveilleusement adapté au cinéma par Valerio Zurlini et magistralement interprété par Jacques Perrin. Le long métrage et le roman traitent de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort isolé à la frontière du «Royaume» et de «l'Etat du Nord» (le stade du Bardo), séparés par un désert énigmatique (le présent et l'avenir du club). Le lieutenant Drogo (Patrick Liewig) attend la gloire (la restructuration et la renaissance du Stade Tunisien) dont la maladie (ce qui se passe actuellement au club du Bardo) le privera. En effet, après une longue carrière ritualisée par les activités routinières de la garnison du vieux foot bastion : (le travail de tous les jours, les entraînements, le suivi, etc.), il voit arriver, enfin, l'attaque des Tartares (l'aboutissement du travail, les titres), qui, à force d'être attendue, est devenue mythique. Evacué pour des raisons médicales (démission, ce qui n'est pas le genre de Patrick ou encore une décision des prochains patrons du ST), Drogo (Patrick, bien sûr) ne participera pas au combat et se rendra compte, à l'heure de son dernier souffle, que son seul ennemi n'était pas les Tartares, mais plutôt la mort. Ainsi, il réalisera que les Tartares n'avaient été qu'un divertissement, une occupation lui ayant permis d'oublier cet ennemi cruel et féroce dont il avait tellement peur. Cette œuvre renvoie pour une part à l'influence (que Buzzati a toujours réfutée) par l'esprit de démission et l'expression de l'impuissance humaine face au labyrinthe d'un monde inintelligible (celui du football tunisien). Aujourd'hui, le lieutenant Drogo, pardon c'est de Patrick Liewig que nous parlons, bien évidemment, seul ou presque car on doit à la vérité de citer avec Patrick, Raouf Guiga, Lassaâd Mghirbi, Anis Ben Mime, Ridha Frafra, Jalel B. Chaâbane, Abdallah Zdiri, Zied Habri, Adel Chamakh, Hammouda Dridi, Salah Ben Ammar, Ben Gatem Ben Braïek, qui se battent contre la mort lente d'un club tombé dans l'indifférence totale de ses partisans, ou ce qu'il en reste. Savez-vous, messieurs-dames, stadistes de tous bords, que l'équipe seniors du Stade Tunisien n'a pas 110 dinars pour payer un terrain d'entraînement à Radès ? Savez-vous qu'un stadiste de bonne volonté et qui ne veut pas qu'on cite son nom a glissé mille dinars à Patrick pour que celui-ci résolve de petits problèmes au quotidien?. Savez-vous que Patrick Liewig a une femme malade (nous sommes de tout cœur avec toi Sylvie!) mais qu'il est toujours là à se battre pour le ST ?! Savez-vous enfin que Michael Richardson, fraîchement nommé directeur technique des jeunes au CSS, était le candidat de Patrick, qu'il a tout fait pour le ramener au Stade Tunisien et que l'affaire a bêtement capoté. Ceci pour rappeler que l'avenir pour le Stade Tunisien, c'est maintenant. Demain, il sera peut-être trop tard. Patrick et les siens ne peuvent faire éternellement de la résistance!