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L'institution professorale malmenée avant Ben Ali (1)
Les institutions d'abord, l'Etat ensuite
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 04 - 2011

Par Khaled El Manoubi (Professeur émérite d'économie politique)
Précisons d'emblée qu'il ne faut pas raisonner à cet égard en langue arabe. En effet, dans cette langue, on dispense presque à tour de bras le titre de «ostadh» ou «ostaz» au professeur d'université mais aussi à celui d'un lycée ou d'un collège, à l'avocat même stagiaire mais aussi à l'huissier-notaire et au notaire tout court et, finalement, à un peu tout le monde. Le fameux «ostaz» Saber de la littérature orientale ne distribue-t-il pas aux gens le titre d'«ostaz» pour qu'ils «l'ostazient» ? Dans les pays de l'actuelle globalisation le titre de professeur est réservé aux professeurs de chaire : le professeur de lycée, en France, ne peut se prévaloir de ce titre même lorsqu'il est agrégé. Professeur renvoie à profession de foi et le métier de professeur consiste à dire ce que l'on pense dans la spécialité scientifique qui est celle de ce professeur . C'est le seul métier dans le monde et dans la société qui fait, par sa définition même, exception à la règle selon laquelle on doit obéissance à l'employeur formel. Pourtant, le professeur est souvent payé par l'argent public et son employeur est alors — toujours formellement — l'administration publique. Dans les pays de la globalisation actuelle, les universités non publiques, dites libres, n'échappent cependant pas, malgré l'apparence, à cette règle du caractère public du paiement du salaire professoral.
A la manière de Socrate, le professeur se sert de l'université comme jardin académique pour y rencontrer ses disciples. Cette rencontre entre professeur et étudiant est donc d'abord personnalisée : l'étudiant cherche à connaître la pensée propre du maître. Il en résulte, de par l'essence même de cette relation, d'une part, une sorte de fusion – différente du contrat – des deux personnes et, d'autre part, l'exclusion de toute tierce partie, le payeur du maître y compris. Pour que cette relation aboutisse, il faut qu'elle s'inscrive dans une certaine durée sans que l'aboutissement soit garanti : ce n'est donc pas un contrat puisque l'objet possible de ce dernier est indéfini en dépit ou plutôt à cause du caractère éminemment personnalisé de la rencontre du professeur avec chacun de ses étudiants. Cette personnalisation, institutionnalisée par Socrate et pratiquée au Moyen Age, conditionne l'accumulation du savoir théorique. Une relation monnayée et donc marchande est ainsi exclue même si les droits d'inscription demandés aux étudiants tendent à augmenter. Du reste, ces droits sont loin de suffire et l'on se trouve ramené à l'incontournable argent public dont le caractère public doit être entendu non point formellement mais réellement. Par l'argent public, il faut entendre : 1) les subventions du Trésor public proprement dit pour les universités d'Etat et les donations déductibles de l'impôt pour les universités libres. Pour que ces donations soient assimilables à l'impôt, il est essentiel que la fraude fiscale et la corruption soient exceptionnelles dans le pays; 2) le financement par les entreprises (ou d'ailleurs aussi l'Etat) de la recherche universitaire — impliquée par la fusion maître-disciple — finalisée; une partie importante de celle-ci peut être considérée comme définissable à moyen et parfois à long terme et donc peut faire l'objet d'un contrat; l'argent correspondant est tout de même assimilable à l'argent public car le savoir obtenu profite généralement à d'autres que le commanditaire et car, à long terme, la société modifie le sens originel du savoir programmé; l'administration publique et son argent eux-mêmes n'échappent pas à cette règle de conditionnement selon la société du moment, la société capitaliste étant en perpétuel changement qualitatif.
Il en découle que l'administration publique doit être la première à respecter l'indépendance du professeur lors même qu'elle le paye : la liberté de penser, fondement de son métier, est à ce prix ; en particulier, le ministre en charge de l'Université ne doit servir qu'à la payer : c'est le sens fort restrictif et en fait purement honorifique de son titre de «maître de l'Université» dans la tradition française, celle-ci fût-elle d'inspiration napoléonienne. Toute dérive de l'administratif ou du politique au détriment de cette franchise gomme l'université par une atteinte mortelle à l'institution professorale.
Dans une communication présentée par l'auteur de ce texte à la Fondation Témimi en décembre 2007 et publiée par celle-ci, il est écrit : «En 1984-85, le ministre de l'Enseignement supérieur, l'actuel chef du cabinet présidentiel, désigna lui-même une commission de six professeurs représentant chacun une famille scientifique avec pour mission d'étudier la restructuration de l'université. Il y a là un constat tacite au moins au plan moral entre le ministre et le gouvernement, d'une part, et l'université représentée par les professeurs Zghal, Friaâ, El Manoubi — l'auteur de ces lignes — Nacef, Sammoud et le regretté Zouaghi, d'autre part, pour que le pouvoir politico-administratif adopte l'esprit sinon la lettre de la restructuration proposée par cette commission. Mais que ne fut la surprise de celle-ci lorsque le ministre fit circuler, au moment de la frappe par ses soins du rapport de la commission, un rapport scélérat rédigé en sous-main. La commission dut alors faire une mise au point dans la presse pour dire que le véritable rapport n'est pas celui qui a été diffusé en premier.
Quel est le motif de cette volte-face ministérielle ? C'est que le rapport, le vrai, énonce : le modèle centralisé ( scénario1) se caractérise essentiellement par la concentration de l'autorité entre les mains du pouvoir politique (…) le modèle autonome ( scénario 2) se caractérise essentiellement par la concentration de l'autorité entre les mains d'une structure émanant du corps universitaire ( …) la commission opte pour ce dernier modèle» . Une quinzaine d'années auparavant, les universitaires authentiques n'ont pas approuvé — le doyen de la faculté de Médecine Zouhaïr Essafi en tête — la nomination intempestive par Bourguiba des chefs de service ne remplissant point le cursus adéquat comme agrégés de médecine : c'était déjà entamer de manière spectaculaire l'institution professorale léguée par la France .


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