• 80.000 emplois menacés et des pertes estimées à 140 MD supportées par nombre d'entreprises opérant dans divers secteurs Un comité national de transition, présidé par Mme Wided Bouchamaoui, est aux commandes de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), jusqu'au prochain congrès. Ce comité qui se compose de 5 membres de l'ancien bureau exécutif, de 5 représentants des fédérations sectorielles, de 5 présidents des Unions régionales, de 5 représentants des jeunes dirigeants et d'une représentante de la Chambre nationale des Femmes chefs d'entreprises est désormais le représentant de la centrale syndicale patronale et c'est lui qui est chargé d'assurer les futures négociations sociales. Quant au bureau exécutif, il est chargé de la gestion des affaires administratives et financières et de préparer les rapports moral et financier à présenter au prochain congrès, dont la date n'a pas encore été déterminée. Selon Mme Bouchamaoui, qui a tenu hier une conférence de presse avec les membres du comité national de transition au siège de l'Utica, «le congrès aura lieu avant la fin de cette année». Auparavant, il est prévu l'organisation d'élections dans l'ensemble des 24 unions régionales de cette organisation dont le statut et le règlement intérieur feront l'objet d'une refonte pour l'adapter à la nouvelle donne. Une commission a été chargée de cette tâche. En fait, ce comité national travaille en étroite collaboration avec des commissions constituées sous sa tutelle et qui abordent plusieurs thèmes comme les affaires sociales, les entreprises sinistrées, les investissements extérieurs et les entreprises étrangères établies en Tunisie... Selon l'oratrice, «il n'y a pas d'exclusion dans notre organisation. La porte est ouverte à tous les chefs d'entreprises de petite ou de grande taille, qui veulent prend part à nos activités». Le risque d'investir dans toutes les régions Beaucoup de travail attend le comité en question dont, en premier lieu, la participation à l'objectif du gouvernement provisoire de créer 60.000 emplois dont 20.000 dans le secteur public, 20.000 autres dans le secteur privé et le reste dans la Fonction publique. Déjà, les représentants du comité en question estiment qu'il est possible de créer des postes d'emploi dans les secteurs de l'informatique, des communications, de l'électricité et de la mécanique. Les chefs d'entreprise tunisiens imbus de patriotisme sont en mesure de courir le risque et d'investir dans toutes les régions alors que le climat sécuritaire est instable. C'est un rôle citoyen qu'ils comptent assumer. Or, les investisseurs étrangers ne sont pas prêts à courir ce risque et certains préfèrent investir dans d'autres pays alors que d'autres attendent les élections pour y voir plus clair. En fait, d'après le comité national de transition, la première chose à faire c'est d'instaurer la sécurité et la paix sociale et tout le monde doit y contribuer même les médias. Déjà, de nombreux postes d'emploi ont été perdus suite à l'endommagement et la destruction de plusieurs unités de production. Les pertes sont estimées à 140 MD! D'où les mesures prises par le gouvernement provisoire pour aider ces entreprises à reprendre leurs activités et à intégrer de nouveau les employés mis au chômage technique. «L'objectif est d'abord de préserver les postes d'emploi existants», indique la présidente du comité. On compte aussi nombre d'emplois (estimés à 80.000) menacés dans la mesure où certains chefs d'entreprise ne sont pas sûrs de pouvoir payer les salaires au cours des prochains mois. Malgré cette conjoncture difficile, des investissements sont programmés comme celui qui concerne la création d'une unité de production à Kasserine pouvant faire travailler jusqu'à mille personnes. Parmi les commissions constituées, celle qui concerne les investissements internationaux chargée, notamment, de rendre la confiance aux investisseurs étrangers afin de les convaincre de revenir en Tunisie et de créer leurs projets en toute sécurité. Il s'agit aussi de trouver des solutions adéquates aux entreprises étrangères – en majorité totalement exportatrices – qui sont déjà installées sur notre territoire et qui rencontrent des problèmes. Des efforts sont en tout cas déployés, notamment avec le Medef (patronat français), en vue de sensibiliser les investisseurs à venir en Tunisie pour créer leurs projets. Pression exercée par les travailleurs Le climat d'investissement doit être amélioré, pensent à juste titre les membres du comité national de transition, pour investir et créer des emplois surtout que la Tunisie avait conclu dès 1995 un Accord de partenariat avec l'Union européenne qui a toujours exigé d'atteindre trois objectifs, en l'occurrence l'instauration de la démocratie, de la transparence et l'ouverture du marché maghrébin. Si la Tunisie a réussi à réaliser les deux premiers objectifs, elle n'a pas encore concrétisé le troisième pour des raisons exogènes qui ne dépendent pas de sa seule volonté. Reste que le rythme des investissements européens depuis 1996 n'a pas répondu à l'ambition de la Tunisie. Les membres du comité qui ont salué la révolution tunisienne estiment que son coût est élevé et que les chefs d'entreprise l'ont payé cher. Certains promoteurs ont été amenés à quitter leurs entreprises sous la pression exercée par les travailleurs. C'est le cas aussi de responsables dans certaines entreprises et institutions publiques qui ont été chassés de leur poste par les employés. «Parfois, on ne trouve pas d'interlocuteur dans certaines institutions publiques pour traiter nos dossiers!»,déclare un membre du comité. L'administration ne doit plus être bloquée sinon on ne peut plus avancer. Il est grand temps de commencer à normaliser la situation et le climat des affaires. Les commissions créées qui ont déjà commencé leur travail vont se pencher sur les problèmes rencontrés par certaines entreprises en vue de trouver les solutions nécessaires. Les membres du comité veulent tourner définitivement la page du passé et ouvrir une autre sans exclure personne parmi les hommes d'affaires. Les préparatifs des négociations sociales sont également en cours même si de nombreuses entreprises en difficulté ne sont pas en mesure de consentir des augmentations salariales parmi les quarante secteurs en activité. «Les négociations sociales exigent au préalable la paix sociale», rappelle un membre du comité. Or, des sit-in et des revendications massives sont constatés dans plus d'une entreprise. Au sujet de la suppression de la sous-traitance qui a concerné aussi bien le secteur public que privé, le comité pense qu'un délai raisonnable devrait être appliqué pour ne plus recourir à cette méthode de travail car plusieurs entreprises sont encore liées à des sous-traitants.