J'ai fermé les yeux et j'ai vu des Tunisiens solidaires main dans la main, j'ai vu des tentes de détente, j'ai pu lire les différents noms des régions de notre territoire tunisien. On m'a dit qu'il fallait se réveiller mais j'ai préféré continuer mon rêve lointain. Plus je m'enfonçais dans ce monde imaginaire et plus je me sentais en sécurité, il y avait une pharmacie pour subvenir aux besoins des citoyens, une épicerie, des vendeurs de pâtisseries tunisiennes et de tabac, et même un service renseignements afin de retrouver ses objets perdus. Tous les citoyens veillaient à la propreté du pays et le nettoyaient au fur et à mesure. «Leila, tu dois te réveiller maintenant, tu as mille autres choses plus importantes à faire». J'ai cru entendre cette voix de la sagesse me chuchoter ce message préventif. Mais voyons, laisse-moi jouir des slogans de mes frères libres, je veux encore m'endormir malgré les conséquences. J'écoute le son des mélodies jouées par un groupe musical révolutionnaire, des hymnes encourageants sont interprétés, les plus jeunes chantent et les plus âgés les soutiennent. Je vois un sourire témoignant d'une lueur d'espoir. «Les mafieux seront incarcérés, l'ancien régime ne sera que du passé oubliable, et les libertés du peuple seront garanties» Des paroles que n'importe quel homme politique de ce gouvernement transitoire pourrait énoncer au moment où la flamme de la révolution serait inébranlable. Ce rêve relève de la réalité, et ce monde parfait se situe actuellement à la Kasbah. Une fraternité inégalable, un sens de civisme incomparable, et une ambiance sereine à son comble. C'est ainsi que vivent les manifestants leur quotidien, c'est ainsi qu'ils sont soudés en quête d'un lendemain meilleur. N'anticipez plus mon réveil chers militants de la stabilité, ne m'entraînez pas dans votre quotidien envahissant, je préfère rester endormie en rêvant de ma belle Tunisie luisant au sommet de la liberté.