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L'IPEST : le tort et les raisons d'une élite
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 05 - 2011


Par Ferid BEN ABDELHAMID*
Les étudiants de l'Ipest, Institut préparatoire aux études scientifiques et techniques, ont écrit récemment sur les murs de leurs Facebook :
"Notre avenir est un brouillard, notre présent est un enfer. Tout cela parce que notre passé fut un succès. On nous demande de tout sacrifier, de tout donner et nous y sommes prêts. Mais on n'arrête pas de nous décourager".
Est-ce un cri de détresse ou une exagération de jeunes irresponsables ?
Tout le monde sait que ceux qui entrent à l'Ipest sont les premiers lauréats du Baccalauréat. Mais la question est pourquoi cette élite se bouscule-t-elle pour intégrer ce prestigieux institut ?
La réponse est claire : ils viennent à l'Ipest en ne pensant qu'à une chose : pouvoir, après deux années d'études, partir pour les grandes écoles d'ingénieurs françaises. C'est leur grand rêve qu'ils veulent réaliser à tout prix. Ils sont conscients de leurs capacités scientifiques, intellectuelles et morales lesquelles leur permettent d'arriver au bout de leurs légitimes ambitions. Et alors on se pose la question : quel est le problème et, enfin, ont-ils tort ou raison ?
Revenons un peu à l'histoire. L'Ipest a été crée en 1991 pour préparer une élite de bacheliers afin d'alimenter la future Ecole polytechnique de Tunisie (EPT), créée deux années plus tard, et aussi de pouvoir passer les concours des grandes écoles d'ingénieurs françaises. L'Etat octroie des bourses d'étude aux candidats qui réussissent à intégrer l'une des écoles prestigieuses des concours X, Mines-Ponts, Centrales-SupElec. Jusqu'à 1996, l'Ipest remplissait sa mission dans cette optique là. Quelques candidats réussissent à intégrer des écoles prestigieuses françaises et la majorité intègre l'EPT et d'autres écoles tunisiennes. Après cette date, une dérive s'est produite avec l'ouverture du concours commun polytechniques, le fameux "CCP", connu pour être moins difficile que les concours cités plus haut. Au cours des années qui ont suivi, un nombre de plus en plus massif d'élèves de l'Ipest, ont bénéficié de bourses d'études pour entrer dans des écoles du concours CCP. A partir de 2003, le ministère a voulu se ressaisir et remettre les pendules à l'heure. Il faut dire que tout le monde est d'accord pour réduire le flux d'élèves qui partent vers la France. Mais de quelle manière ? Je pense que le ministère a agi d'une manière un peu entachée de flou qui a provoqué un bras de fer entre le ministère et les étudiants. La direction de l'Ipest se trouve alors entre le marteau et l'enclume. D'une part un ministère de tutelle intransigeant dans sa position, mais qui aurait pu faire une analyse plus objective du problème en concertation avec l'équipe pédagogique de l'Ipest. D'autre part, une jeune élite d'étudiants dynamiques, compétents et ambitieux et qui se heurtent à une réalité dure et amère. Ces élèves sentent, à tort, que leurs rêves sont brisés et que leurs espoirs sont partis en fumée. Ils sont suivis par un lobby de parents furieux, à tort aussi, de voir l'avenir de leurs enfants soudain transformé en cauchemar. Certainement ces parents ont beaucoup sacrifié de leur temps et de leur argent pour accompagner leurs enfants et les voir exceller et se hisser parmi les meilleurs. Eux aussi, se sentent profondément frustrés de voir leurs brillantes progénitures trébucher en si bon chemin après tant de lourd labeur et de longues soirées de dur travail.
En fait, tout cela ne doit pas justifier le flux massif, ces dernières années, des étudiants de l'Ipest qui partent vers la France. Les statistiques montrent que la quasi-totalité réussissent le concours CCP et que seulement à peine 15 pour cent des candidats réussissent les concours X et Mines-Ponts, Centrale-Sup.Elec. Ce sont des concours de très haut niveau et le nombre de places dans les écoles correspondant est limité. On ne peut pas nier que l'Ipest fait des résultats satisfaisants. Il faut dire qu'il rivalise avec une armada de lycées préparatoires prestigieux en France (Louis-Le-Grand, Sainte-Géneviève, Henri IV et beaucoup d'autres..). L'Ipest est loin d'avoir tout l'environnement social, scientifique et logistique dont bénéficient ces préparatoires et dont certaines d'entre elles ont plus de deux cents ans d'existence. Si l'Ipest arrive à faire de bons résultats c'est grâce aux efforts conjugués des élèves et des enseignants pédagogues et expérimentés et qui n'hésitent pas à doubler d'efforts et puiser du fond d'eux-mêmes pour donner la formation nécessaire à ces difficiles concours. Ce sont ces seuls concours que le ministère veut garder. Le ministère défend cette optique en avançant les deux arguments suivants : réduire la fuite des cerveaux vers l'Occident et alimenter les écoles d'ingénieurs tunisiennes par une élite dans le but d'élever le niveau de ces écoles. Sans aller dans le sens de donner raison aux étudiants, on ne peut pas avancer de tels arguments parce que ce ne sont pas les quelques étudiants de l'Ipest qui peuvent élever ce niveau. Le problème est beaucoup plus profond que cela. La mise en place de comités scientifiques et techniques pour évaluer et proposer des projets de réformes est devenue nécessaire. Les choses ont beaucoup évolué depuis la création de l'Ipest en 1991. D'autre part, il est évident que l'apport, sous une forme ou sous une autre et à moyen et long terme, d'un cadre ou “cerveau” tunisien travaillant dans une grande entreprise européenne ou américaine est peut-être plus important que son apport s'il reste installé dans un bureau à Tunis. A l'heure où la mondialisation et la globalisation sont à la base de toutes les stratégies de développement des pays avancés et où la bataille fait rage pour la conquête de l'espace et la recherche sur les énergies renouvelables, les ordinateurs quantiques et autres, il est inconcevable de rester cloisonné dans son petit bled et de rater le train du développement et de la modernisation. La Chine n'est devenue la deuxième puissance mondiale que grâce à ses scientifiques rentrés des grands laboratoires et entreprises américaines et européennes. Le Prophète l'avait bien dit : «rechercher le savoir même en Chine». Il savait bien que la Chine n'est pas un pays musulman, mais il voyait qu'acquérir le savoir n'a pas de limites. L'avenir de la Tunisie, qui vit une métamorphose après la révolution, est tributaire de son ouverture et son partenariat avec le monde extérieur et surtout avec le monde occidental. Donc, il est très important qu'une élite tunisienne soit installée en Europe et en Amérique du nord pour établir un réseau de partenariats avec ces pays. L'image de la Tunisie de demain doit être représentée par cette élite et non pas par les chômeurs de Belleville et les clandestins de Lampedusa.
Donc l'émigration d'une partie de l'élite peut avoir un apport positif pour le pays. Reste qu'il faudrait aussi respecter les objectifs suivants : voir un nombre plus important d'étudiants intégrer les écoles tunisiennes, permettre aux étudiants méritants de garder l'espoir pour réaliser leurs ambitions, maintenir une ambiance saine et garder un haut niveau d'enseignement à l'Ipest. Il faut rappeler que les étudiants de l'Ipest étudient en même temps les programmes français et les programmes tunisiens, d'où un enseignement beaucoup plus lourd que dans les autres instituts préparatoires.
Partant de cette analyse et dans l'optique d'aider à réaliser les objectifs cités plus haut, j'estime qu'il est souhaitable de maintenir le concours CCP moyennant l'établissement de critères de sélection afin de garder la barre haute et que seuls les étudiants classés dans le premier tiers des admissibles au CCP puissent être pris en charge par l'Etat. En outre, seules des écoles (au nombre de quatre ou cinq) classées au même niveau que certaines écoles “Mines'' peuvent être proposées dans la liste des écoles boursières.
Enfin, je m'adresse aux élèves de l'Ipest en leur disant que leurs ambitions sont légitimes, mais qu'ils doivent savoir que s'ils sont à l'Ipest c'est pour qu'ils réussissent les meilleurs concours et qu'ils sont sensés ne pas tomber dans la recherche du plus facile et du banal. Ils bénéficient de l'un des meilleurs encadrements pédagogiques de notre université. A l'Ipest, le seul critère est et restera toujours l'excellence.
* (Ex-Directeur des Etudes à l'Ipest)


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