Depuis le 14 janvier 2011, les multiples accusations et reproches verbaux, écrits et autres, alimentent les sujets des discussions tant au sein des foyers que dans les lieux publics; de la sorte, l'opinion publique est diabolisée. Les approches adoptées à ce jour pour appréhender, recenser, apprécier toutes les malversations et les affaires de corruption signalées et relevées, ainsi que celles retenues pour faire évoluer notre vie politique, semblent être en disproportion avec les enjeux de la réussite d'un vrai changement de notre pays. On a créé par décret présidentiel une commission pour élucider toutes les opérations frauduleuses depuis la prise du pouvoir par le président déchu, et une autre pour sauvegarder les acquis de l'éveil populaire de notre nation. La commission d'enquête sur les malversations et les corruptions a entamé ses travaux dans une transparence affichée uniquement par ses membres non nominés. Normalement, la constitution d'une telle commission, qui va décider du sort de milliers de plaintes et de dossiers de sa compétence pouvant se rapporter à plus d'un millier de milliards de dinars, requiert, d'abord, avant d'enclencher ses actions : - L'étude, la conception et la mise en place d'une organisation administrative et opérationnelle et la rédaction des procédures requises pour chaque groupe de personnes et chaque catégorie d'opérations. Cette organisation et ces procédures, pour qu'elles soient adoptées par cette commission, doivent être validées par le niveau d'autorité qui l'a créée. - La désignation de ses membres doit émaner de la règle générale et universelle qui dicte la nécessité de nominer lesdits membres sur la base de multicritères retenus pour garantir la transparence et la traçabilité exigées pour une crédibilité sans reproches significatives. - La formation et l'information de ses membres sur les objectifs, les responsabilités et l'opération de ses travaux sur lesdites organisations et procédures. Ensuite, pour lui permettre de se mouvoir à l'aise dans des conditions idéales pour la réussite de sa mission, il y a lieu: - De désigner des auditeurs externes ou administratifs pour s'assurer et certifier que le sort de toutes les opérations traitées a été dument déterminé par cette commission et ont bien obéi aux contraintes et obligations qui lui sont assignées; l'absence d'un tel contrôle prive les plaignants de leur droit de recours, car devant la justice, leurs avocats auront la possibilité de vérifier la véracité, l'exactitude et le fondement du sort réservé à sa plainte. - De fixer leurs rémunérations et leurs débours par décret en fonction du tarif journalier correspondant à cette nature de leur haute activité professionnelle et ponctuelle. «Nous travaillons jour et nuit bénévolement» disent les membres de cette commission sur les plateaux de télévision. Pourtant, c'est l'occasion idéale pour restituer la dignité de la justice, lui permettant de se mobiliser dans un environnement parfaitement favorable à accomplir sa mission et remplir son rôle de garant de la légalité et de la transparence avec le concours d'experts et de spécialistes dont l'honorabilité et le parcours sont reconnus sans failles. Pour les optimistes, le résultat final «des sacrifices des bénévoles» sera à la base de dossiers transmis à la justice, pour un traitement judiciaire adéquat, partant du plaignant à la désignation d'experts indépendants, pour les pessimistes, ils vont ironiser : «Je l'ai appelé pour m'aider à creuser le tombeau de mon père, il a pris la fuite avec la pioche». L'autre commission s'érigeant, sans scrupules, en sauveur de la nation, en occupant indument et violant le siège réservé à une assemblée des élus de la même nation et conditionnant le fonctionnement d'un gouvernement parfaitement légitime, est composé de membres, n'étant légitimes que par la délivrance de reçus par ledit gouvernement, leur permettant d'apparaître comme «professionnels politiques», et d'autres personnes ayant pris indument les devants de la scène des manifestants en état d'explosion. Enfin, les archives de la présidence, sous l'ère de Ben Ali ou autres, appartiennent à la souveraineté de la nation, et par conséquent, ils ne peuvent être consultés, publiés ou étalés dans une chaîne de télévision, que par décision de la justice ou d'une commission composée d'élus de la Nation. On les a livrés en bloc à un journaliste qui les a commentés en fonction de sa propre analyse et mise en scène. Cette incursion brusque et brutale dans cet aspect de l'actualité de notre pays est volontaire, et de surcroît opportune, pour exprimer la sensation profonde de déception, d'amertume et de désolation envers le comportement d'une in vitro élite qui ne s'avère compétente que pour taper sur les tambours, alors que l'ancienne utilisait «Bendir, Tar et Darbouka». Des musiciens sont partis avec leur unique chanson, d'autres arrivent, mais, avec plusieurs chansons mais ceux-ci sont animées par des «Zakkaras», comme si notre Patrie ne peut être que la scène de la chanson d'ensorcellement, et non un sol destiné à la construction, à l'excellence et au développement. Plus grave que la perte de la raison, personne ne parle de la pègre qui opère dans notre pays, surtout ceux, les plus virulents opposants au régime du président déchu, certainement pour assurer la continuité de la gestion des affaires de l'Etat par le même système de copinage sournois et de futur partage des fruits et des gâteaux. Les vrais artisans et les professionnels du mal, de la déstabilisation permanente, de toutes les malversations et corruptions significatives et détournements initiés et simulés de plus de 30 % du budget de notre Etat, s'identifient principalement aux : - Hauts fonctionnaires administratifs et financiers des tous les ministères. - Différents organes de contrôle et de validation administratifs et indépendants. - Sectes de l'argent sale et des cercles de copinage et d'influence. - Personnes ayant violé leur serment. - De l'indépendance financière des hommes du quatrième pouvoir. La voracité de cette espèce humaine et l'occultation de ses effets pervers émanent des ambitions personnelles excessives, de l'abondance et de la rareté des ressources, des moyens hétérogènes d'existence en rapport aux désirs, aux caprices individuels et familiaux, et de la négation de la réalité. L'appréhension de nos réels problèmes passe en priorité par une culture de base de la future génération, et la maîtrise d'une grande proportionnalité de l'élite de la génération actuelle pour atténuer leurs illusions et même leurs espoirs à faire des fortunes illicites et abuser du pouvoir, leur cible de satisfaction. La promulgation d'une nouvelle constitution est ordinaire et souhaitable, mais reste secondaire par rapport aux besoins urgents d'une mise à niveau de notre Etat, dans tous ses détails fonctionnels. Les potentiels et vrais garants de la République sont les hauts fonctionnaires permanents et d'autres pouvant être «éternels», des différents niveaux de l'Administration, dont la sélection, la formation et le train de vie doivent assurer une vigilance nationale à tous les stades de la sécurité de notre Nation, et pas forcément les élus, le président de la République ou les membres du gouvernement. Les autres potentiels et vrais garants permanents de la République sont les journalistes exerçant avec un professionnalisme conséquent, une haute compétence nourrie de responsabilité et une indépendance sans ambiguïté, et, ayant un train de vie et des conditions et cadres de travail en rapport avec leurs missions ; et enfin, les organes de contrôle indépendants qui doivent respecter l'éthique professionnelle et porter à la connaissance de la justice les méfaits de leurs clients, et pourquoi pas alerter l'Administration au moment opportun. Trois ministères doivent, selon la logique républicaine, faire l'objet d'une vaste et urgente mise à niveau : - Le ministère de l'Intérieur, la «vigie» de la République et le capteur des appréhensions populaires. - Le ministère des Finances, trésorier de l'Etat, contrôleur de la légitimité du train de vie des citoyens. - Le ministère de la Justice, le régulateur de la vie de la Nation. Le dessein actuel de l'élite qui a pris le pouvoir après avoir foulé le cadavre de l'ancien pouvoir consiste apparemment à mettre en exergue le résultat des commissions susmentionnées, à donner un éclat particulier à l'élection d'une Assemblée constituante, etc., sans soulever l'attention de l'opinion publique sur la continuité des activités de la pègre telle qu'elle est structurée et qui sera appelée à présenter des «offres», d'étaler ses «charmes» pour les prochains promus du pouvoir. «Mon Dieu, mon Dieu, préserve-moi de l'élite irraisonnée de la génération actuelle de ma Patrie, et aide notre nation à produire une élite sensée issue des petits-enfants de ses citoyens».