C'est tout de même à une rencontre pleine de surprises qu'elle nous convie cette semaine, la galerie de La Medina. Redire le charme de ce lieu, et son empathie avec les artistes qui l'investissent, est toujours un plaisir. Nadia Zouari y est chez elle, elle en maîtrise parfaitement les jeux de lumière, les reculs et les angles d'accrochage car, depuis longtemps, elle y participe aux expositions de groupe. Se retrouver seule sur ces cimaises séculaires aurait pu être intimidant. Il en fallait plus pour notre amie peintre-journaliste qui y trace sa voie - «My Way» - selon l'intitulé de son exposition, à grands traits de couleurs et de lumières. Plus affirmée, plus audacieuse, elle trace sa route à grandes touches, en des lignes de haute tension, lignes ascendantes de force et de couleurs. «Sans être à proprement parler autobiographique, tout ce que je fais vient inexorablement de ma vie, de mes impressions, de l'atmosphère ambiante de cette révolution, de questionnements, de doutes, mais aussi de certitudes». Des certitudes qui, de loin, l'emportent, chez cette jeune artiste, droite dans ses bottes, sereine, solide, qui jongle non sans talent avec une vie de famille bien pleine, et une double vie professionnelle bien assumée. Et que l'on décèle très vite dans les élévations qui structurent ses tableaux, dans la matière qu'elle leur offre, dans la densité qui les sous-tend. «Mes références, aujourd'hui, sont plutôt la vie urbaine, les murs de la ville qui s'ébrèchent avec le temps, mais aussi, et peut-être paradoxalement, l'écorce des arbres qui mue avec les éléments d'architecture. Je travaille beaucoup dans la verticalité, et cette nature me rappelle les êtres humains qui vivent, grandissent et vieillissent». De la verticalité, certes, et c'est l'impression première qui se dégage de ce travail, mais aussi une matière vivante, mouvante, qui donne une troisième dimension a l'œuvre. «Mes recherches plastiques restent le lieu de rencontre entre la matière et la composition. Ma peinture est très tactile. Je joue sur le côté lisse et rugueux, ou mat et brillant, que j'aime mettre en opposition. Je recherche toujours un point de lumière quelles que soient les couleurs que j'utilise. La superposition des différentes strates crée des zones d'ombre et de lumière instaurant un dialogue entre surface et profondeur.» Mais dans ces prismes de couleur, dans ces élévations architecturales, l'humain a-t-il disparu ? Ces personnages fugaces et fugitifs qui hantaient ses toiles de leurs ombres évanescentes se sont-ils dilués dans ce nouvel univers ? «Le personnage que je peignais à mes débuts s'est délité. Je l'ai perdu sans avoir besoin de le retrouver. Peut-être réapparaîtra-t-il un jour. Tout le superflu, l'anecdote, n'est plus… Pour ne laisser place qu'à des résonances. C'est cette façon d'envisager l'œuvre que je veux montrer dans ma nouvelle exposition». Et que nous devons voir impérativement.