Par Foued ALLANI L'acte d'allégeance au sionisme mondial et à sa plus visible expression, l'Etat d'Israël, fait par Obama à travers son discours rédempteur dimanche, n'a surpris aucun observateur. Mieux encore, l'acte d'allégeance du président des Etats-Unis devant l'Aipac, le puissant lobby pro-israélien était attendu. Tout le monde s'attendait à cet engagement déclamé et fort que tout président des Etats-Unis est tenu de prendre pour la sécurité d'Israël et son hégémonie au Moyen-Orient. Même si le Premier ministre de l'Etat sioniste n'avait pas opposé un net refus aux propositions d'Obama, jeudi dernier, sur la future solution du conflit israélo-palestinien. Propositions qui, tout en apportant un nouvel élément, celui de la référence aux frontières de 1967 (d'avant le 5 juin bien sûr) ont rendu ce principe, par ailleurs consigné noir sur blanc dans la fameuse résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU, impossible sinon difficile à concrétiser. Cela à cause d'une condition qui est capable, à elle seule, d'avorter toute tentative d'arrangement, les échanges de territoires. Feinte ô combien précieuse qui, non seulement a permis à Obama de se racheter trois jours plus tard mais a fourni à Israël un alibi en or pour continuer à exercer son diktat sur le dossier déjà infect. Pour être plus clair, rien de nouveau sous le ciel de Palestine. Pire. Le discours de dimanche a été une occasion supplémentaire pour Obama de réaffirmer le ferme engagement de son administration pour la sacro-sainte sécurité d'Israël avec en pourboire la mise en garde des Palestiniens contre toute tentative de saisie de l'ONU pour la reconnaissance de leur futur Etat. Cela n'a qu'un seul nom, soutenir un colonisateur et lui permettre la violation en toute impunité de la légalité internationale et empêcher un peuple d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination. Triomphal, le Premier ministre israélien a, en s'adressant à son tour, lundi aux congressistes de l'Aipac, repris la même chanson usée jusqu'à la corde des frontières impossible à défendre. Autre alibi que tout le monde connaît pour contraindre les Palestiniens d'accepter que leur futur Etat soit démilitarisé. Véritable attrape-nigaud, car chacun sait qu'il n'existe plus depuis belle lurette de frontières dès qu'il s'agit de conflits armés à cause des missiles et des systèmes de télécommunication satellitaires. Bref, le discours d'Obama est une tentative vaine pour réanimer un cadavre. Celui de la paix en terre de Palestine. Un discours plus menaçant que conciliant avec un alignement sans faille sur les thèses sionistes. Que veut dire menacer le Hamas et le sommer de ne plus recourir à la «violence», alors que ce mouvement de résistance n'a fait que défendre des populations démunies et affamées contre une colonisation sauvage; une politique planifiée d'élimination de ses dirigeants et une guerre destructrice en 2008-2009 à Gaza ? Que veut dire ne pas associer le Hamas aux démarches pour gérer le devenir du peuple palestinien alors que les partis ultra-orthodoxes niant le droit des Palestiniens à la vie font partie de la coalition qui gouverne Israël ? Trêve de plaisanteries ! Tout le monde est convaincu qu'Israël ne cherche jamais la paix et qu'il tire sa longévité de son jeu où il se représente toujours comme étant la victime et l'entité non grata que l'on veut éliminer de la carte. Après avoir perdu la face en octobre dernier suite à l'échec des négociations israélo-palestinienne à cause de la politique de colonisation conduite impunément par Israël, voilà qu'Obama, tout en quémandant un second mandat, vend son âme au sionisme mondial et se jette dans les bras du lobby qui le représente et l'entité qui l'exprime sur le terrain. Et pour confirmer son statut de bon élève du sionisme mondial, le voilà menacer la Syrie, l'épine qui reste dans le pied d'Israël. Sont-ce les victimes de la répression du régime despotique et corrompu de Bachar qui ont interpellé sa conscience ? Que nenni ! La position de Washington n'est guère dictée ici par les élans d'humanisme, avouons-le, mais par le désir d'en découdre une fois pour toutes avec Damas. Pièce maîtresse de l'échiquier du Proche-Orient, la Syrie est en effet pour Israël l'ennemi à abattre. En la déstabilisant et surtout en favorisant la chute du régime, l'Etat sioniste fera d'une pierre plusieurs coups. Priver l'Iran, le Hezbollah et le Hamas d'un allié stratégique irremplaçable, donner une gifle à Ankara devenue nettement moins complaisante avec Tel-Aviv, sécuriser encore mieux la frontière irakienne avec la Syrie (l'Irak étant devenu une terre de prédilection pour le sionisme) et enfin garder le Golan, terre syrienne annexée, vrai rempart pour protéger la frontière nord et immense réserve d'eau. En contrepartie de tout cela qu'offre le locataire de la Maison-Blanche aux peuples arabes, longtemps sous la botte de régimes pourris soutenus par Washington? Une soi-disant nouvelle politique et des miettes. Le printemps des peuples arabes, qui a fleuri il y a de cela cinq mois en Tunisie, tout le monde le sait, a sans doute pesé de tout son poids sur certains volets tactiques de la politique étrangère de l'oncle Sam pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. L'échec des visites des responsables de la diplomatie américaine (Feltman puis Clinton) et de Congressmen en Tunisie, du point de vue de l'hostilité qu'elles ont suscitée auprès de l'opinion publique locale malgré les messages de soutien qu'elles avaient véhiculés a sans doute convaincu l'administration Obama de revoir ses méthodes. Traduire : essayer de faire oublier aux peuples libérés et ceux en cours de l'être que Washington soutenait leurs bourreaux respectifs. Il s'agissait alors pour Washington de composer avec la nouvelle donne et courir créer des liens solides avec les nouvelles classes politiques parmi lesquelles sortiront les nouveaux dirigeants des pays de la région. L'objectif étant toujours les intérêts stratégiques des Etats-Unis, qui sont sa sécurité et celle de ses intérêts vitaux dont l'énergie. Sans trop de risques de se tromper disons que les Américains s'emploieront à ce que les révolutions arabes conduisent dans les pays respectifs à un pluralisme politique tel qu'il favorisera la mise en place des pouvoirs moins centralisés avec pour arrière-plan des divergences ethnico-religieuses pouvant évoluer vers des mouvements séparatistes. Cela a été rendu possible en Irak par la force mais avec un coût exorbitant. Cela a eu lieu aussi en Somalie, au Soudan, et risque d'avoir lieu en Egypte (minorité copte). La pseudo-nouvelle politique américaine au Moyen-Orient n'a donc de nouveau que l'approche. Au lieu de continuer à appliquer la doctrine du chaos créateur chère aux néocons (le grand Moyen-Orient puis le nouveau Moyen-Orient), Obama qui a promis le changement a opté il est clair pour la version soft, pour l'instauration du nouveau Moyen-Orient, celle de la transition démocratique et du développement humain, nettement plus efficace et de loin moins coûteuse que la première. Objectif, couper l'herbe sous les pieds des djihadistes, permettre au pétrole de couler à flots, assurer la sécurité et l'intégration d'Israël, etc. Beau programme, n'est-ce pas ?