Roger Federer n'a toujours pas perdu un set. Il inflige une nouvelle leçon (6-3, 6-2, 7-5) à Stanislas Wawrinka pour atteindre son 28e quart d'affilée en Grand Chelem. Dans le même temps, Richard Gasquet n'a pas réussi à stopper Novak Djokovic, qui a remporté son huitième de finale (6-4, 6-4, 6-2) et signé sa 41e victoire d'affilée cette année. Comment Stanislas Wawrinka peut-il battre Roger Federer ? Le seul moyen: le mariage de son illustre aîné. En dix confrontations, le 14e mondial n'a battu qu'une fois son compatriote. C'était en 2009 à Monte-Carlo et le 3e mondial était en voyage de noces. Quand il enlève le smoking et se concentre sur le jeu, Roger Federer est intouchable pour Stanislas Wawrinka. Depuis 2009, il n'a perdu qu'un set en sept rencontres et, dimanche, il délivre une nouvelle leçon avec une victoire (6-3, 6-2, 7-5 en 1h46) sur le central de Roland-Garros. «J'ai très bien joué lors des deux premiers sets, puis c'est devenu plus serré, pour finir un peu à l'arraché», résume sobrement le vainqueur 2009 de l'épreuve. Pourquoi une telle impuissance ? Dans le jeu, l'ancien numéro 1 mondial fait tout mieux que son cadet. Dans la tête, il possède surtout un ascendant psychologique immense. Ils ont beau être copains, pour le protégé de Peter Lundgren, Roger Federer fait partie de la caste des intouchables. Face à son modèle, le miroir est déformant. L'élève n'arrive pas à "tuer" le maître et ce huitième de finale en donne la parfaite illustration avec une nouvelle démonstration (32 points gagnants, 25 fautes directes). Stanislas Wawrinka met sur un tel piédestal son compatriote qu'il force, multiplie les fautes directes (22 au total) et subit en permanence. En grand champion, Roger Federer le sait. En totale maîtrise, il déroule, varie à merveille et breake en début de set pour se mettre à l'abri. C'est presque trop facile. Alors il se relâche. Une micro-sieste en début de troisième manche, ponctuée par quatre fautes directes, lui fait perdre son service. Mais il ne s'affole pas, anticipe chaque coup adverse et réalise quelques frappes de martien. Le réveil sonne, les jambes tricotent plus vite, la concentration se densifie et le débreak arrive à 4-2 sur un bon retour de coup droit. Il peut conclure sur un huitième ace. Tranquille et inéluctable. Dans l'ombre du duel à distance entre Rafael Nadal et Novak Djokovic, Roger Federer fait son petit bonhomme de chemin sans perdre un set en quatre matches. Pour son 28e quart de finale consécutif en Grand Chelem, il attend David Ferrer ou Gaël Monfils. «Un 28e quart de finale d'affilée, c'est magnifique, mais ça ne fait pas encore gagner le tournoi. Néanmoins, ça donne 28 fois plus de chances d'aller plus loin! Je suis très fier de l'avoir accompli, sourit le Suisse. J'espère pouvoir aller plus loin que l'année dernière, mais après on verra la suite.» A 29 ans, il ne perd pas ses bonnes habitudes. Le 8e de finale entre Novak Djokovic et Richard Gasquet était déséquilibré sur le papier, et il l'a été aussi sur le terrain. Malgré le soutien du public du Philippe-Chatrier, le Français n'a jamais menacé le Serbe, vainqueur en 1h47'. Djokovic l'invincible, vainqueur de son 41e match d'affilée cette année, égalera le record de John McEnroe (42 succès de rang en 1984) s'il bat Fognini aujourd'hui. Une victoire de plus lui assurerait la première place mondiale, et une première finale à Roland-Garros. Djokovic s'est, déjà, comporté en véritable patron face à Gasquet, dimanche. Un break d'entrée, histoire d'empêcher les spectateurs de s'enflammer. Puis un autre à 3-3 dans le deuxième set sur un jeu blanc, quand il le fallait, alors que le Biterrois servait avec des balles neuves ; et enfin une dernière manche en roue-libre avec deux nouveaux breaks rapides. Le Serbe n'a de son côté été menacé qu'une fois sur son engagement, mais il a effacé en champion ces trois balles de break en poussant son adversaire à la faute. Surfant sur ses derniers matches réussis à Rome et à Roland-Garros, Gasquet a pourtant joué crânement sa chance pendant deux sets. Le Biterrois a tenté de ne pas jouer trop de coups neutres, et a placé quelques missiles gagnants du fond du court, en coup droit comme en revers. Mais ces prises de risques l'ont obligé à faire des fautes pour forcer la muraille serbe. «Il joue vite, tape à plat, te met sous pression avec ses retours. Je n'avais pas le temps de m'organiser, même en revers, a commenté Gasquet, encore sous le choc. Le court est très rapide, avec des balles qui giclent beaucoup. Il a un retour monstrueux, sert très bien, joue tôt. Aujourd'hui, il n'a aucun point faible. En plus, j'avais un peu moins de jus qu'il y a deux jours. J'avais laissé un peu d'énergie sur mes deux derniers matches (contre Granollers puis Bellucci). Il te laisse très peu de temps pour t'organiser.» Le Français ne s'est pas non plus encouragé autant que lors des matches précédents, en raison de «la fatigue, un peu de crispation, et Djokovic en face aussi». Gasquet quitte quand même le tournoi avec son lot de satisfactions : «Je suis en 8e de finale (pour la première fois), je bats trois bons joueurs, je me suis régalé à chaque fois, notamment avec le public, et tennistiquement je n'ai fait que des trucs intéressants. C'est bien pour la suite.» Peu de joueurs peuvent se targuer d'avoir laissé Djokovic à 3 mètres de la balle en frappant du fond, même si ce n'est que sur quelques coups. Et le Biterrois (16e) continue de grappiller des points qui doivent lui permettre de réintégrer le top 10. Un objectif qui pourrait être encore plus accessible à l'issue de la saison sur gazon.