• Plus de 40% des produits commercialisés sont contrefaits Le commerce parallèle, que l'administration refuse d'appeler sous ce vocable et lui préfère la dénomination soft de commerce non réglementé, est toujours aussi florissant que pendant les années Ben Ali. Sous Ben Ali, le gouvernement a longtemps fermé les yeux sur ce type d'activité qui était pilotée par la mafia familiale, avec la complicité active du ministère du Commerce et du Tourisme et de la douane. Après la chute de Ben Ali, le commerce illicite n'a pas tari du fait de l'arrestation ou de la fuite de la plupart de ses acteurs parmi le clan de l'ex-président. Les réseaux se sont-ils reconstitués? Qui a remplacé les Ben Ali et les Trabelsi sur le circuit? Le commerce parallèle a explosé après le 14 janvier 2011, boosté par les centaines de containers, importés par la «Famille» et libérés par la douane pour décongestionner les ports de Radès, Sousse et autres. La preuve : ces grandes quantités de produits qui envahissent les artères de la capitale et des autres villes. L'assainissement du secteur n'est donc pas encore à l'ordre du jour, car le système très ancré ne partira pas du jour au lendemain. Le système, c'est toute une économie souterraine structurée avec ses réseaux et ses circuits clandestins, une hiérarchie opaque avec son sourcing, ses grossistes, ses détaillants, des moyens de transport et de financement. Ce sont des sociétés délocalisées qui opèrent sur la Chine. Des sources informées indiquent qu'elles sont toujours en relation avec le clan Trabelsi qui continue à «tirer les ficelles». Deux discours Dimanche, l'Utica publié un communiqué appelant à «éradiquer» le commerce parallèle. L'Utica, qui s'est toujours plainte de cette activité informelle sans jamais être entendue, renouvelle son engagement à «proposer des solutions, assister et encourager les acteurs dans ce secteur à intégrer progressivement le circuit officiel et organisé». La nouvelle équipe arrivée à la tête de l'organisme patronal veut donc attaquer un circuit complexe et bien ancré dans le tissu commercial. Mais est-ce bien la bonne méthode? Ces commerçants informels n'achètent-ils pas leurs produits de riches commerçants importateurs qui font venir leurs marchandises de Chine ou d'ailleurs et qui les écoulent parfois à 300% du prix d'achat?... Si l'Utica cherche à imposer la solution radicale, le ministère du Commerce et du Tourisme n'y voit pas une urgence et appelle plutôt à «caser» ce «commerce non réglementé» en créant, par exemple, des "zones franches" dans différentes régions. La position du gouvernement est, à vrai dire, inconfortable. Va-t-il laisser faire, comme avant, alors que les entreprises sont sous pression? Va-t-il, au contraire, prendre des mesures pour mettre fin à une activité, certes, illégale et anarchique, mais qui fait vivre 20.000 personnes? Il y a apparemment deux discours, mais le problème est réel et il faudra bien une solution d'autant que le commerce parallèle est également synonyme de produits contrefaits, voire non commercialisables. L'esprit d'entreprendre Aujourd'hui, avec l'ouverture des frontières et la libre circulation des produits et services, le fléau de la contrefaçon gagne de plus en plus du terrain. La Tunisie fait partie des pays où se développe la contrefaçon comme au Portugal, l'Espagne, l'Italie ou le Maroc. Or, l'envahissement des produits contrefaits sur le marché local et, notamment, ceux d'origine asiatique menace plusieurs secteurs de la production et l'emploi. La Tunisie demeure l'un des principaux pays victimes de la contrefaçon. Plus de 40% des produits commercialisés sur le marché sont contrefaits. En quatre ans, 5 millions de produits contrefaits ont été saisis. Les produits contrefaits localement et les produits «contrefaits importés» inondent les marchés. Cela va du tabac ( bas de gamme), de l'habillement parfois nocif à la peau, des bombes aéorsols asphyxiants, à l'électro-ménager, aux produits cosmétiques, et même aux médicaments. Il va sans dire que de nouveaux venus reprennent le relais après le 14 janvier. Ils sont arrivés pour la plupart des régions défavorisées qui ont perdu leur point d'attache, en l'occurrence la Libye, pour le moment en situation de guerre. En attendant, l'Utica devrait plutôt inciter les industriels à se mettre à niveau (présenter un produit à un prix abordable) et à penser, non seulement au profit, mais aussi au développement durable, à la recherche - développement, à l'innovation et à la saine compétition. Le secteur informel regorge de personnes qui ont l'esprit d'entreprendre, mais il leur manque le conseil, la formation, l'assistance, l'encadrement et le fonds de roulement. L'Utica a toutes les compétences pour encadrer ce secteur, en collaboration avec les autorités nationales, régionales et locales ! Elle peut innover et montrer qu'elle adhère aux objectifs de la révolution qui sont la lutte contre la pauvreté et l'aide à la création d'emplois durables, en offrant des micro-crédits pour pouvoir financer de petites entreprises et, surtout, ceux qui acceptent de jouer le jeu de l'intégration dans le commerce organisé et transparent !