• Une conférence juridique intitulée «Pour une relecture des résolutions du Conseil de sécurité» organisée récemment à Tripoli La Presse — Unanimes à dénoncer «l'agression internationale contre la Libye et le peuple libyen», les représentants de l'Association des juristes et avocats de la Méditerranée (Ajam), qui ont récemment participé à Tripoli à une conférence juridique, ont été on ne peut plus catégoriques. «Des failles et des dépassements graves ont été commis par les organisations internationales impliquées et la communauté internationale d'une façon générale et ont conduit à cette agression généralisée contre un pays souverain avec pour, entre autres conséquences de nombreuses victimes, dont des civils, et des dégâts matériels importants». Une délégation de l'Ajam vient, en effet, de participer, à Tripoli à une conférence sur la question organisée par l'Union des juristes libyens (UJL), intitulée «Pour une relecture des résolutions du Conseil de sécurité» relatives à la Libye (1970 et 1973) (Voir La Presse du 28 mai 2011). Réunion à laquelle ont également pris part des représentants du syndicat des avocats libyens ainsi que ceux d'ONG locales. Des membres de l'Ajam venus du Portugal, de France, du Maroc et de Tunisie, ainsi que certains de leurs confrères du Cameroun ont pris part à cette rencontre au cours de laquelle des communications techniques, des témoignages vivants et des documents audiovisuels ont été présentés. Cela en plus des visites sur le terrain pour constater les décès et les dégâts dus aux bombardements de l'Otan. Nous montrant plusieurs photos de ces événements ainsi que des DVD, le Dr Mohamed Baccar (de Tunisie), président de l'Ajam, fondée en 1976 à Alicante en Espagne, que nous avons rencontré dès son retour de Tripoli, avait insisté sur le caractère aveugle des bombardements de l'Otan et surtout l'absence de légitimité de leur fondement. Accompagné de Me Adel Ben Hassine (Tunisien exerçant depuis plus de vingt ans au Maroc), président du comité des droits de l'Homme à ladite association et membre de l'Union des avocats du Cin-Sad, et du Dr Mohieddine Jomaâ (Tunisien exerçant à Paris) et membre de l'Internationale socialiste, le Dr Baccar nous a remis une copie des actes de la conférence (communications, documents de travail, rapport final, communiqués, etc.). Cela en plus d'un rapport établi par l'Union libyenne des associations (400 membres) et de celui de la conférence nationale des cheikhs et notables des tribus libyennes tenue récemment à Tripoli et qui traitent tous les deux de la situation dans ce pays frère. Des allégations à la base des décisions D'événements on ne peut plus communs consistant en l'organisation par des citoyens de manifestations pacifiques, les choses ont rapidement évolué en une rébellion armée dirigée contre l'Etat et ses institutions avec attaques contre des postes de police et des casernes militaires à cause de l'infiltration d'éléments terroristes dont des membres d'Al Qaïda — c'est ce qu'on peut lire dans le rapport final de la conférence qui insiste sur le fait que ces événements ont été rapidement amplifiés par les médias occidentaux en mettant en avant une action répressive de la part des forces de sécurité. Allégations, dit le rapport, qui ont été à la base de toute l'action internationale qui s'en est suivie. Prenant ces allégations pour de l'argent comptant, les organisations régionales (Ligue des Etats arabes, Union africaine et Organisation de la conférence islamique) ont rapidement et sans vérification aucune cautionné la thèse occidentale ce qui a facilité la tâche du Conseil de sécurité de l'ONU. Ce dernier a voté des sanctions contre la Libye en se référant au chapitre 7 de la Charte des Nations unies qui traite du conflit entre deux pays membres de l'ONU ou plus, explique le rapport. Quant à la cour pénale internationale (CPI), elle a rapidement pris des décisions contre les dirigeants libyens alors que l'un des acteurs du mouvement anti-libyen, en l'occurrence les Etats-Unis, n'a même pas reconnu son existence, idem pour Tripoli qui n'a pas encore reconnu le CPI, toujours selon le rapport. Que vient faire l'Otan dans tout ça ? Quant aux résolutions du Conseil de sécurité considérées par les participants comme nulles et non avenues, elle ont été interprétées d'une manière on ne peut plus fantaisiste par l'Otan. Celle-ci n'a aucun droit à se substituer aux pays mandatés pour l'application d'une partie des sanctions, l'exclusion aérienne militaire. Conséquence, l'Otan est en train de commettre des crimes à l'encontre de la Libye et de son peuple. Bref, au lieu d'examiner objectivement la crise qui a éclaté en Libye et d'aider les autorités publiques à rétablir l'ordre et la sécurité en tant que gouvernement légitime et reconnu comme tel par la communauté internationale, les organisations internationales, y compris l'ONU, se sont rapidement alignées sur les allégations des rebelles et des puissances qui les soutiennent pour isoler et punir les autorités légitimes et par la même occasion le peuple libyen, ont conclu les participants. Avant cela, ils ont soulevé deux autres points entrant dans le cadre de l'action internationale citée : le gel des avoirs libyens à l'étranger et la pression exercée par certains chefs d'Etat occidentaux sur le leader libyen pour l'obliger à partir. Deux points que les participants n'ont pas manqué de condamner. Le premier car les fonds en question sont la propriété du peuple libyen et non ceux de ses dirigeants et le second car il s'agit d'une ingérence grave et une insulte au peuple libyen qui est seul habilité à décider du sort de ses dirigeants. Commentant les résolutions du Conseil de sécurité, ainsi que les décisions de la Ligue arabe, Me Ben Hassine nous a expliqué comment à toutes les étapes de ces processus aucune enquête n'a été entreprise afin de délimiter les responsabilités de chacun dans les événements survenus à partir du 17 février dernier en Libye (voir entretien). Ce qui rend ces résolutions et ces décisions dénuées de tout fondement. Le Dr Jomaâ a pour sa part attiré l'attention sur le fait que les agissements des puissances occidentales relatifs à ce conflit interne laissent deviner sans équivoque un agenda à caractère hégémonique mû par la volonté de ces puissances de contrôler la région et les énormes ressources qu'elle recèle à l'image de ce qui a été fait en Irak. «Pourquoi faut-il toujours que l'Occident adopte le deux-poids deux-mesures dès qu'il s'agit de sanctionner les pays arabes ? Pourquoi les Palestiniens bloqués à Gaza ont-ils été massacrés par l'aviation israélienne sans que l'ONU ne prenne aucune décision sérieuse pour arrêter le massacre ?», a conclu pour sa part le Dr Baccar.