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Réapprendre la politique aux jeunes
M. Mehdi Mabrouk, sociologue
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 06 - 2011

Excédés par la précarité d'une situation qui n'a que trop duré, révoltés par l'injustice et l'oppression, les jeunes ont fini par descendre dans la rue par milliers pour crier haut et fort leur désir de liberté et de dignité et chasser un dictateur qui s'est déployé pendant des années à étouffer toute velléité protestataire. Le 14 janvier, la révolution portée à bout de bras par une jeunesse bouillonnante est une révolution avant tout sociale avec pour emblème la mort d'un jeune marchand ambulant qui a fini par s'immoler, poussé par le désespoir d'un avenir sans issue. Aucune idéologie politique n'a servi de litière au ras-le-bol éprouvé pendant longtemps par des jeunes dont les revendications ont toujours été claires, à savoir trouver un emploi et pouvoir s'exprimer en toute liberté. Mais la chute de l'ancien régime s'est accompagnée par une profonde métamorphose du paysage politique qui, avec sa nouvelle configuration, prend de court une jeunesse qui a toujours entretenu des rapports complexes avec la politique. Pratique davantage perçue dans la suspicion et le manque de confiance que comme un élan de participation à la vie publique.
Le rapport de la jeunesse à la politique a, toujours, revêtu différentes formes épousant le contexte historique de l'époque. Dans les années soixante et soixante-dix, malgré l'absence d'un processus de socialisation politique et la restriction de l'espace public consacré aux débats politiques, les grandes idéologies à l'instar du communisme et du marxisme ou du panarabisme ont bien fait des émules parmi la population estudiantine. Inspiré des mouvements syrien et irakien, le mouvement baâthiste tunisien, constitué d'étudiants de retour au pays après avoir vécu en Syrie et en Irak, était déjà très actif à la fin des années 50 et cherchait à propager l'idéologie baâthiste auprès de la population tunisienne, avec pour point d'orgue le rejet du sionisme et le soutien des mouvements de libération nationale dans le monde arabe.
Bourguiba, imperméable à toute contradiction, a vidé le mouvement de sa substance politique et ce dernier finit par limiter son action à des discussions dans des cercles culturels et à la publication de livres sur l'idéologie baâthiste sans qu'il puisse s'imposer sur la scène politique et donner une teneur politique profonde à son activité. Le bras de fer est aggravé par le fameux jeudi noir du 26 janvier 1978 à l'occasion de la grève générale décrétée par l'Ugtt et les événements du 27 janvier à Gafsa. Début des années 80, le communisme a la cote avec le jeune étudiant Hamma El Hammami qui créera le Parti ouvrier communiste, un parti d'extrême gauche qui prône la justice sociale et la lutte contre la précarité et la marginalisation des catégories démunies et organise meetings et manifestations sur le campus universitaire.
Du bunker à la chape de plomb
Craignant l'influence croissante de la gauche estudiantine marxiste nassérienne et baâthiste, Bourguiba décide de museler la voix de cette jeunesse politique. Les arrestations se multiplient et les procès se succèdent.
L'accession de Ben Ali au pouvoir ne va rien changer aux choses. Ce dernier voit d'un mauvais oeil l'activisme politique de la jeunesse estudiantine et la montée de l'islamisme. Il adopte les mêmes méthodes répressives que son prédécesseur, musèle les mouvements politiques et met en place la machine de la dépolitisation, en instaurant une culture de la peur. Les activistes du mouvement islamiste sont jetés en prison, humiliés et torturés jusqu'à ce que, parfois, mort s'ensuive. Toute voix contestataire est baillonnée et durement réprimée. L'activité politique est interdite à l'intérieur des établissements universitaires. Au-delà des grandes orientations idéologiques qui présidaient aux mouvements de contestation et qui ont été totalement brouillées sous Ben Ali, la mondialisation a, par ailleurs, bouleversé l'échelle des valeurs, en plaçant la question sociale (pouvoir d'achat, chômage.....) au-dessus des débats.
Par ailleurs, la stratégie de dépolitisation mise en place par le président déchu s'est appuyée sur la réforme des programmes éducatifs en supprimant des matières et des thèmes qui pourraient contribuer à l'éveil politique des étudiants, relève M. Mehdi Mabrouk, sociologue universitaire et membre de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. L'idée «étant de vider certains programmes enseignés dans les établissements secondaires et supérieurs de leur substance politique». Certaines thématiques comme la violence, le contrat social et l'Etat ont été supprimés du programme de philosophie de l'année du baccalauréat. A l'université, la sociologie politique a également été supprimée, observe M. Mabrouk. L'exclusion de la jeunesse de la scène politique a opéré un verrouillage, par l'appareil sécuritaire,de l'espace politique ainsi qu'une marginalisation des institutions syndicales comme l'Union générale des étudiants tunisiens et l'instauration d'un système de sanctions qui pénalise les jeunes opposants et activistes politiques, en les privant de travail. «A titre d'exemple, le gouvernement faisait automatiquement échouer les jeunes étudiants opposants aux concours professionnels. Ces derniers n'étaient pas recrutés et se retrouvaient sans emploi».
Culture politique : l'affaire des partis…
Après 23 ans de musèlement politique, le président déchu a laissé derrière lui une jeunesse désenchantée, désintéressée de la politique et à la conscience politique faible.
Non encore habitués au nouveau paysage de pluralisme démocratique qui s'offre à eux, les jeunes attendent des partis politiques qu'ils présentent des programmes pouvant répondre à leurs attentes sociales, pour de nouveau retrouver confiance. «On voit bien qu'il y a une volonté affichée des jeunes de prendre connaissance des programmes des partis. Il y a également un engagement affectif par rapport à la révolution du 14 janvier. Tous les jeunes se sentent impliqués affectivement. Il reste que le paysage politique semble brouillé pour les jeunes dans la mesure où il y a un très grand nombre de partis qui présentent les mêmes programmes. Par conséquent il est difficile pour la plupart d'entre eux de s'identifier par rapport à un parti politique donné ou d'y adhérer. On ne peut demander à un jeune d'adhérer à un parti politique si le programme de ce dernier ne répond pas à ses attentes relatives à l'emploi, au pouvoir d'achat, à la formation… Il faut que les partis politiques prennent en considération les besoins des jeunes, qu'ils utilisent les mêmes moyens de communication , adaptés, pour gagner leur confiance, les amener à adhérer et pour développer chez eux une culture politique. Sinon, la crise de confiance se poursuivra», conclut le sociologue


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