M.Jalloul Ayed, ministre des finances, a appelé, samedi, à l'émergence d'une nouvelle génération d'entrepreneurs en Tunisie, à même d'accompagner le pays dans la phase de consolidation démocratique. S'adressant à de jeunes promoteurs, dans le cadre d'un petit dejeuner-débat, organisé par le centre de jeunes dirigeants d'entreprises (CJD), le ministre a affirmé que cette génération est appelée à « voir grand » et à combattre le « syndrome de nain » qui a régné dans le pays pendant 23 ans au cours desquels la réussite n'était pas bien vue. Il a noté que la consolidation de la démocratie passe par la réalisation de la prospérité, laquelle prospérité constitue l'objectif du programme de développement économique et social adopté par le gouvernement de transition pour des investissements de 125 milliards de dollars (environ 172,5 milliards de dinars). Il s'agit, a-t-il dit, de favoriser l'émergence d'un cercle vertueux à la lumière duquel, la démocratie favorisera la prospérité, qui à son tour encouragera la consolidation démocratique. Cependant, a indiqué le ministre, le programme de développement économique et social étant incapable de donner des résultats rapides, il est nécessaire de gérer la phase expectative et d'attente actuelle, tout en rendant confiance aux jeunes. Et d'ajouter que durant la période précédant la stabilisation de la croissance économique, qui doit durer entre 5 et 7 ans, des signaux tangibles de développement doivent être envoyés à ces jeunes de manière à leur montrer que ce pays leur appartient bel et bien et ce, à travers différents types de projets, notamment ceux d'infrastructure et autoroutiers. Anticipant une question sur la légitimité du gouvernement actuel à concevoir un tel programme, M. Ayed, a noté qu'il y a urgence, estimant que quelque soit l'orientation politique du prochain gouvernement élu, les priorités demeurent les mêmes que celles du gouvernement actuel en l'occurrence la croissance et l'emploi. S'agissant des réformes prévues dans le cadre du programme de développement économique et social, qui fera l'objet prochainement d'une concertation, le ministre des finances a précisé qu'elles concernent notamment le système financier et bancaire, le système de l'éducation et l'administration publique, essentiellement, la justice. Il a ajouté qu'un cadre réglementaire relatif à toute la chaîne de création de valeurs est en cours de préparation par le gouvernement, précisant que l'investissement, principal moteur de la création d'emplois n'a jamais bénéficié, en Tunisie, de structures à même de lui servir de locomotive notamment un système financier fort. Il s'agit surtout, a-t-il dit, de professionnaliser l'acte d'investir afin de lui donner les meilleures chances de réussite. Pour M. Ayed, l'absorption du nombre élevé de chômeurs dans le pays nécessite de gros projets d'investissement d'une valeur variant entre 35 et 45 milliards de dinars, d'où la nécessité de confier le financement de ces projets à un « fonds d'investissement pour les générations ». Il a évoqué, également, le projet de création de la caisse des dépots et des consignations et plusieurs autres produits financiers, tel que le Fond Mezzanine (fonds investis dans la dette mezzanine ou junior, remboursable après la dette principale) et les « Business angels» (investisseurs individuels apportant en plus de leurs capitaux, leurs compétences techniques).