Par Hichem SATTARI La saison d'été qui s'annonce déjà ne ressemblerait en aucune manière à celles des années précédentes, puisqu'elle serait la première après l'insurrection et sûrement celle d'une dignité retrouvée qui pourrait restituer au peuple la fierté d'une appartenance qu'on croyait peine perdue pour cette terre attachante et cette patrie chère à tous les Tunisiens libres. En effet, cette année, la période estivale revêt une importance à double signification majeure. Une des plus classiques où le citoyen aurait pris l'habitude de se procurer un repos mérité et se détendre après tant de fatigue, et l'autre serait très déterminante pour l'avenir du pays, s'agissant bien sûr de l'entame d'une campagne pré-électorale qu'on devrait négocier sereinement mais très vigilants. Je pense que l'occasion serait propice aux partis politiques de s'étaler sur ce sujet intensivement en essayant de motiver les citoyens et les citoyennes des enjeux de cette étape et l'effort exigé de chaque individu pour contribuer à la réussite de la phase démocratique en Tunisie. Cela étant dit, je persiste à croire que la vraie transition passerait incontestablement par une mutation sociale qui devrait d'abord remédier aux défaillances d'un héritage culturel ayant amoindri l'évolution de la société civile et la progression logique de ses composantes, ensuite combattre certains phénomènes sociaux qui avaient faussé le comportement personnel du citoyen, je cite entre autres l'égoïsme et l'insouciance. Je considère qu'il serait judicieux d'œuvrer à changer une mentalité conditionnée à travers un vécu historique par l'inconscience d'un parti unique qui avait piétiné si longtemps pour se trouver dans une mauvaise posture puisque ses orientations politiques avaient pris d'autres visions dont la montée du favoritisme et la défense d'intérêts très étroits mais aussi de l'exclusion flagrante de l'élite intellectuelle… Ces raisons avaient cruellement porté préjudice au développement social en Tunisie et de quelle manière‑! Le Tunisien ne sentait plus un attachement à sa patrie, il se trouvait marginalisé,dépaysé même, on le regardait sans réaction, il ne pouvait plus broncher, il était prêt à avaler toutes les pilules prescrites par le pouvoir. La peur allait accabler une société prise par une contagion anti-sociale qui cachait des vérités honteuses et une situation catastrophique. Hélas, le malaise s'était propagé pour détruire les institutions économiques et les organismes publics. Le pays s'est embourbé dans une mondialisation imposante et impitoyable, le régime avait tout entrepris pour mettre en évidence une société civile corrompue et dégradante puisque les associations de bénévolat et les caisses de solidarité étaient bien loties mais très mal gérées. Le gros lot allait enrichir encore ceux qui n'ont jamais été rassasiés ! Aujourd'hui, on relève avec satisfaction que les associations et les organisations commencent à intervenir pour consolider l'esprit de citoyenneté et concrétiser les objectifs de la révolution du 14 janvier. D'ailleurs, on doit apprendre de l'expérience de pays déjà rodés à la démocratie et au civisme. Il serait beau de voir le citoyen assumer pleinement une tâche civile et indépendante d'une activité politique pour qu'il soit sincère et honnête. Je pense que la transition aura un besoin urgent de ces qualités au lieu d'autres actes plutôt secondaires et parfois inutiles, à savoir une vague de revendications sociales qui continue à ternir le passage à cette démocratie. Je considère indiscutable une prise de conscience citoyenne digne d'une société enfin libérée des maux chroniques où seront sauvegardés les acquis d'une expression libre et des droits de l'Homme. Ce message devrait retenir toutes les attentions d'un peuple averti et qu'on ne pourra plus tromper. Je cite en particulier la contribution de cette jeune génération. Pourvu qu'elle s'y mette dès maintenant.