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La tragédie des cercueils
Emigration clandestine
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 06 - 2011

• De jeunes harragas du même quartier portés disparus… parmi 20.000 aventuriers de la mer !
Alors que la vague de l'émigration clandestine vers «l'Eldorado européen», via l'île de Lampedusa, semble faiblir, les parents des «harragas», inconsolables et déprimés, sont les premiers à en payer les frais. L'attente de nouvelles de leur progéniture frise le désespoir et le cauchemar. Les mères en sont les plus touchées. Reportage.
«Depuis qu'il est parti, fin mars, pour Lampedusa, je n'ai aucune nouvelle de lui», confie Khédija. Et d'ajouter, les larmes aux yeux : «Ce qui me fait encore de la peine, c'est que, le jour de son départ, je n'étais pas à la maison pour lui souhaiter au moins bonne chance». Sa voisine Soufia regrette, elle, d'avoir cautionné le départ de son fils dont elle assure ignorer encore le sort. «Je savais, poursuit-elle, que l'oisiveté et le chômage lui rendaient la vie difficile et qu'il rêvait vivement d'aller en Italie. J'ai dû accéder à son vœu, en lui finançant cette malheureuse traversée dont seul Dieu connaît l'épilogue». Ainsi, a-t-elle grignoté quelque trois mille dinars de ses économies pour espérer sauver son fils de la détresse. Un argent pour un saut dans l'inconnu ! La même mésaventure a été vécue par Zohra qui pleure encore le sort mystérieux de son fils Salah.
«Je l'ai incité, avoue-t-elle, à aller tenter sa chance en Europe. Et j'ai mis le paquet. Malheureusement, il ne m'a plus téléphoné depuis le mois d'avril. Alors, de grâce, au nom de Dieu, aidez-moi à le récupérer, car je le veux, mort ou vivant».
Cauchemar quotidien
A la cité Ezzouhour, connue pour être l'un des quartiers les plus «exportateurs» d'émigrants clandestins vers l'Europe, le cauchemar est quotidien. En effet, on ne compte plus les tristes nouvelles, celles notamment de ces cercueils ramenant les cadavres de jeunes Tunisiens qui ont péri soit en mer, soit à Lampedusa, soit dans d'autres villes de la péninsule. Tel le cas de feu Riadh (21 ans) dont l'embarcation a fait naufrage, avec à son bord quelque 150 personnes. «Deux mois sont passés depuis sa disparition tragique, mais je continue à le pleurer tous les jours», lance sa mère Essia (59 ans). Sa voisine Fethia (46 ans) a eu, elle aussi, sa part de tragédie, son fils Ali (19 ans à peine) ayant été abattu d'une balle à la tête suite à une bagarre dans un bar italien, un mois seulement après son arrivée dans la ville de Como, via Lampedusa. «J'ai dû, déplore-t-elle, souffrir le martyre pour rapatrier le corps de mon fils et l'enterrer dans le cimetière de la famille». Elle l'a dit, en écrasant péniblement une larme, tellement le souvenir est cauchemardesque. «SVP, intervient son mari, inutile de continuer à remuer le couteau dans la plaie».
Fuite collective
A la cité Borj Louzir, près de la ville de l'Ariana, l'heure est aussi à la souffrance. Là où, chose rarissime, pas moins de 20 habitants parmi les jeunes du quartier ont péri ensemble dans un naufrage aux larges de Lampedusa. Voici les péripéties dramatiques de cette odyssée telles que rapportées par la mère de l'une de ces 20 victimes. «Tout a commencé au mois d'avril dernier, lorsque nos enfants ont pris le large à partir de Zarzis. Deux semaines après, on a appris, par l'intermédiaire d'un rescapé du naufrage qui habite l'Ariana, que nos 20 enfants n'ont pas survécu au mauvais temps après que l'embarcation eût coulé. Des 95 “harragas” seuls 15 ont pu être sauvés».
«J'ai perdu espoir»
Mais ceux qui ont atterri enfin à Lampedusa ne sont pas au bout de leurs peines. Outre les rafles de plus en plus musclées des «carabinieri», il va falloir compter avec un autre calvaire non moins pénible, à savoir la recherche d'un toit et d'un job. En effet, selon les révélations sensationnelles de certaines familles interrogées sur le sort de leurs enfants arrivés en Italie, les aventures que vivent ces derniers sont de tous les jours, et parfois même, de tous les instants. Tel le cas du jeune Ali qui a dû parcourir quelque 15 km à pied, sous la pluie, pour rejoindre une ville où un ami tunisien lui a promis de lui trouver un travail. Tel aussi le cas de Mohamed Ali, contraint, selon sa mère, à passer ses nuits soit sur les bancs publics, soit dans des garçonnières en ruine. L'histoire de Béchir (20 ans) et autrement plus affligeante. «Certes, raconte son père Wahid, il nous téléphone régulièrement d'Italie. Mais, chacune de ses communications nous rend plus malheureux, quand on sait qu'il a attrapé une maladie vasculaire, et qu'il avait passé trois jours sans manger.
Et comme si cela ne suffisait pas, il a été un jour tabassé par une bande de voyous italiens au sortir d'un café. SDF, sans papiers, mon fils, bien qu'exposé à une mort lente, refuse hélas de rentrer au bercail. Sa mère malade et très inquiète est obligée aujourd'hui de faire la navette entre l'hôpital et la maison. Quant à moi, j'ai franchement perdu espoir de le récupérer».
Quid des évadés des prisons?
Toujours selon les témoignages recueillis, il s'est avéré qu'une bonne partie de nos émigrants clandestins qui ont rallié l'île de Lampedusa se sont évadés des prisons tunisiennes au lendemain de la révolution. Si certains d'entre eux, repentis malgré eux, ont capitulé en rentrant au pays, le reste — c'est-à-dire la majorité — hésite encore à le faire, préférant l'aventure et les tentations à un «come-back». A ce sujet, des parents de ces fugitifs ont lancé un appel émouvant aux autorités pénitentiaires du pays «afin de laisser la porte ouverte à une régularisation clémente des cas des évadés errant encore en Europe, particulièrement en Italie», affirmant au passage que «nos progénitures sont prêtes à s'assagir et à faire table rase de leur passé judiciaire pour redevenir d'honnêtes citoyens…»
En attendant que cette «énigme» soit élucidée, il est réconfortant d'apprendre la baisse progressive de la vague de l'émigration clandestine vers Lampedusa. En effet, nous sommes loin, très loin du pic atteint aux mois de janvier, février et mars et qui a été d'une ampleur sans précédent (20.000). Cette baisse est due à l'amélioration de la situation sécuritaire dans le pays d'une part, et au verrouillage de nos frontières maritimes où les descentes de la garde côtière ont redoublé d'efficacité et de vigilance, d'autre part. Chiffres à l'appui, on a dernièrement enregistré en l'espace de trois semaines seulement, l'arrestation de quelque 650 clandestins en instance de départ, particulièrement sur les côtes de Sfax, Zarzis, Djerba, Mahdia, Nabeul, Bizerte et La Goulette.


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