• Agriculteurs, promoteurs et entrepreneurs ont du mal à trouver de la main-d'œuvre pour la mise en route de nombreux projets. Les chantiers ouverts par le gouvernement ont absorbé tout le potentiel humain, paralysant de ce fait plusieurs secteurs. Incroyable dans un pays qui dit compter près de 700.000 chômeurs ! La main-d'œuvre se fait de plus en plus rare et chère, ces jours-ci, dans le gouvernorat du Kef, (malgré la pleine activité agricole) paralysant, ainsi, bien des secteurs dont, notamment, ceux des travaux publics, de la collecte des céréales et de l'activité agricole estivale (maraichage, fourrage, etc.) Les céréaliculteurs sont, en effet, les premiers à en souffrir, n'arrivant point à trouver des employés pour la levée des sacs, le ramassage du foin ou de la paille. Et même si le prix de la main-d'œuvre non qualifié s'est envolé, il est difficile, nous dit-on, dans les milieux agricoles, de trouver des travailleurs à plein temps en cette période de moisson. Les agriculteurs proposent jusqu'à 20d la journée, assortis de la collation, de l'eau minérale et du transport. Toutefois, on ne répond pas favorablement à une telle offre. Certains expliquent ce manque cruel en main-d'œuvre par les mesures du gouvernement de transition d'ouvrir complètement les vannes des chantiers régionaux devant les demandeurs d'emploi et de doubler les salaires accordés à ce titre. Du coup, c'est la planque couche-tard, d'autant plus que ces chantiers ne servent pratiquement à rien et que leurs rendements sont, preuve à l'appui, nuls, à tous les points de vue. «On ne fait rien», raconte un employé de la zone de Abida. A part quelques petites bricolages, le matin, entrecoupés d'une longue pause de thé et de cassecroute, tous les travailleurs ne se creusent nullement le citron car advienne que pourra, ils sont certains de toucher la paie à la fin du mois. Une vraie aubaine. Les mesures prises par le gouvernement auraient dû prendre fin à la mi-juin, le temps qu'il faut pour réussir la campagne des moissons et assurer le démarrage des projets agricoles d'été, surtout qu'à cette période, la demande se fait de plus en plus pressante sur la main-d'œuvre dans le secteur du bâtiment et même ailleurs. L'inquiétude exprimée par les agriculteurs et autres promoteurs ou entrepreneurs est réellement grande et il y a lieu de remédier à cette situation le plus rapidement possible. «Et même si les solutions clés en main ne sont pas disponibles, il va falloir peut -être recourir à l'importation de la main-d'œuvre étrangère», ironise un céréaliculteur d'El Houdh, non loin de Tajerouine qui s'inquiète pour son troupeau d'une quarantaine de moutons et pour son projet de cultures maraîchères d'été. Il se trouve, cette année, seul et confronté à une pénurie de main-d'œuvre sans précédent ! Paradoxe ou ironie du sort, on ne parle dans le pays que du chômage de 700.000 personnes. Mais voilà qu'une réalité, celle du manque flagrant en main-d'œuvre, rend renversant toute explication de ce phénomène.